Chapitre 20

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« Tu sais quoi, disparais de ma vie »

Ces mots, cette phrase, n'avait jamais quitté son esprit. Jour après jour elle ne cessait de revenir en écho dans son esprit, lui rappelant la ligne rouge qu'il avait franchis, le pas de trop qu'il avait fait. Ce jour là, il avait tout perdu. Ce jour là, il avait réduit à néant le faible lien qu'il avait tissé et les efforts dont il avait fait preuve pendant tant d'années. Il avait connu Erine très jeune, grâce à un programme entre les Kibo et son père adoptif. Quand il l'avait vu pour la première fois, il l'avait trouvé mignonne, avec ses longs cheveux blancs et purs comme la neige, ses yeux violets et sa peau blanche et douce. Il s'était dit qu'une fois grand il l'épouserait. Bien sur, il n'avait que six ans à cette époque, et tout lui avait semblé si simple. La réalité l'avait durement frappé quand le programme avait prit fin, qu'il était retourné chez lui et n'avait plus eu aucunes nouvelles. Mais Erine n'avait jamais quitté son esprit et son cœur. Alors, le jour où elle était subitement apparue, il avait cru s'envoler. Pourtant il était vite revenue sur terre en voyant qu'elle n'avait aucun souvenir de lui, cela lui avait fait horriblement mal, mais il avait prit sur lui. Tout ce temps il avait fait des efforts, pour se rapprocher d'elle, essayer de faire revenir leurs souvenirs de quand ils étaient petits, mais elle n'avait jamais eu l'éclat de génie qu'il avait attendu. Alors, quand Jiyu l'avait appelé pour lui résumer la situation, il n'avait pas pu se retenir de cracher le morceau. Il avait espéré que le déclic se déclencherait, mais il avait agis trop vite et son orgueil et sa colère d'adolescent avaient pris le dessus, le poussant à commettre un acte stupide et égoïste. Il avait séché les classes, pour voir si elle tenait à lui, pour voir si elle s'inquiéterait. Jamais il n'aurait pu imaginer un seul instant que ce geste signerait la fin de tout.

Il n'avait pas voulu la faire pleurer. Il n'avait pas voulu forcer le destin et la faire s'éloigner de lui pour toujours. Pourtant, c'était ce qu'il avait fait.

Quand Erine avait prononcé ces mots, elle s'était redressée, pour partir, et ne jamais revenir. Il avait tenté de la rattraper, de la joindre, d'aller chez elle, en vain. Le visage de l'héritière Kibo en pleurs était le dernier souvenir qu'il avait d'elle. Il s'en voulait terriblement. Et même encore aujourd'hui, la culpabilité continuait de serrer son cœur.

- Claude, tu es là ou pas ?

- Pardon ?

Il sortit de ses songes, se tournant vers un de ses camarades. Il était désormais en dernière année de master informatique et devait travailler sur un projet important. Ce n'était donc clairement pas le moment de rêvasser.

- Désolé, j'étais ailleurs.

- Ne t'en fais pas, on a un peu trop forcé, ça vous dirait une petite glace pour nous détendre ?

- Bonne idée ! firent les deux autres présents dans le groupe de travail.

Ils rangèrent leurs affaires et quittèrent l'université pour aller dans le centre. Claude marchait à côté d'eux et se souvint de la fois où il avait réussi à trainer Erine pour manger une glace, elle s'en était mis partout. Ce souvenir le fit sourire.

- Claude, tu rigoles comme un benêt là, ça va ?

- Mais oui ! Je pensais juste à quelque chose de drôle.

- Ah ouais ? Bah raconte-nous alors !

- Nan, pas envie.

Il voulait garder tout cela pour lui, c'était des souvenirs précieux, qu'il conservait dans son petit jardin secret.

- Eh les gars, matez moi cette bombe là bas !

Le groupe de quatre se stoppa et Claude suivit le regard de ses amis. Ils étaient en train de désigner une femme, sûrement dans leurs âges, en train de commander une glace. Il se figea alors, tout comme son sang qui cessa de circuler dans son corps.

- C'est pas possible.

- De quoi Claude ?

Il ne répondit pas et se mit à courir, oubliant totalement le reste.

- Erine ! hurla-t-il sans se préoccuper le moins du monde de son entourage.

La femme se tourna vers lui, et il su qu'il ne s'était pas trompé. Ces cheveux, ce regard, cette manière provocante de s'habiller, la limousine noire juste à côté, ça ne pouvait être qu'elle.

Il se remit à marcher et s'arrêta devant elle, se rendant compte que désormais il la surplombait de plusieurs centimètres.

- Erine, c'est bien toi ?

La femme prit sa glace et se tourna vers lui, relevant le menton et le toisant du regard.

- Claude, je-

- Je sais que tu ne voulais sûrement pas me revoir ! coupa-t-il, mais j'aimerais te parler s'il te plait !

Elle soupira en venant lécher un peu de sa glace.

- Je te prierais de ne pas me couper la parole, fit-elle avec ce ton piquant qui la caractérisait, et pour ta gouverne j'allais dire que justement je te cherchais.

- Hein ? Quoi ?

Il tombait des nues. Est-ce qu'il avait bien entendu ou ses sens lui jouaient un mauvais tour ?

- Tu voulais me voir ? Vraiment ?

- En effet, nous avons des choses à nous dire. Que dirais tu d'en discuter dans un endroit plus calme et approprié.

Claude était tellement surpris par cette nouvelle qu'il fut incapable de répondre, laissant Erine interpréter comme bon lui semblait.

- Bien, je vais prendre cela pour un oui. Dans ce cas, nous n'avons qu'à nous donner rendez vous à ce petit café demain vers dix huit heures.

- Euh oui, d'accord.

- Très bien. A demain dans ce cas.

Elle se détourna de lui et, avant qu'il ne puisse dire quoi que ce soit, rejoignit sa limousine avec toujours sa glace en main. Claude était incapable de réfléchir normalement. Il venait vraiment de la revoir, en chair et en os. Et elle voulait lui parler, elle le cherchait même. Pourquoi ? Tant de questions tournaient dans sa tête.

- Eh dit donc Claude ! D'où tu connais une bombasse comme ça toi ??

La réalité le rattrapa quand son groupe lui sauta dessus, le recouvrant de questions auxquelles il n'avait pas envie de répondre.

- C'est une amie de lycée, rien de plus, marmonna-t-il.

- Ah ouais ? Une amie de lycée simplement ? Tu es sur qu'il n'y a rien d'autre derrière ?

- Fichez-moi la paix, c'est tout ce que je demande.

Il n'était pas d'humeur à fournir des explications, et à son grand soulagement ils ne vinrent pas insister plus que ça. Maintenant, il ne lui restait plus qu'à attendre le lendemain. Il avait attendu cinq ans, une journée de plus ce n'était pas grand-chose. 

Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant