Chapitre 18

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La surprise et la stupeur, tels furent les émotions que ressentit Erine en ouvrant les yeux, sortant de son rêve qui avait ramené à son esprit un lointain souvenir. Elle avait connu Claude bien avant d'arriver au Japon, bien avant que sn esprit ne décide de masquer ses souvenirs d'enfants pour la protéger. Et lui n'avait jamais oublié. C'était donc pour cela qu'il parlait français et qu'il était venu la voir. Depuis tout ce temps il avait attendu qu'elle se souvienne, sans succès. Et pourtant il avait suffit d'une simple phrase pour faire voler en éclat la barrière qui les avait maintenus cachés, dissimulés au fond de son être. Mais pourquoi avoir oublié cela ? Est-ce que le passage de Claude dans sa période d'enfance l'avait blessé d'une quelconque manière ? Actuellement Erine n'avait pas de réponses, car mis à part le rêve qu'elle venait de faire, elle ne se souvenait de rien d'autre. Pourtant elle cherchait dans son esprit, elle faisait un réel effort pour tenter de ramener Claude en avant et voir ce qu'ils avaient vécus ensemble petit. En vain.

Fatiguée de n'aboutir à aucun résultat concret, Erine abandonna et fixa le plafond de sa chambre. Mais même si elle voulait vider sa tête elle n'y parvenait pas, car une autre pensée venait de se frayer un chemin jusqu'à elle. Si c'était Jiyu qui les avait fait se rencontrer, ça ne serait pas étonnant qu'ils eurent gardés le contact. Dans ce cas, peut être que Claude était déjà au courant de la situation actuelle via Jiyu. Mais si c'était le cas, pourquoi avait-il pris la peine de s'acharner à la questionner ?

- Fait chier, ça ne me ressemble pas de réfléchir autant.

Essayant de retrouver le sommeil, Erine fit tout son possible pour chasser Claude de son esprit. Pourtant, même les paupières closes, elle pouvait le voir, l'imaginer, avec son rictus moqueur, ses yeux malicieux et ses cheveux en tulipe dont il était si fier. Quelle tête faisait-i maintenant ? Etait-il triste suite à leur dispute ? Elle aurait voulu. C'était profondément égoïste de désire une telle chose, mais s'il était triste cela signifiait qu'il tenait à elle. Et pourtant elle s'entêtait à s'éloigner alors qu'il lui tendait les mains. Qu'est ce qui n'allait pas chez elle ?

Le lendemain, en salle de classe, Erine resta plusieurs secondes devant la porte d'entrée. Résultat, elle n'avait quasiment pas fermé l'œil de la nuit, préoccupée au possible par cette histoire de souvenir et de rencontre. Au vu de son comportement la veille, Claude ne serait pas enclin à répondre à ses questions, ou tout du moins pas directement. Si elle se confrontait à lui sans plan c'était certain qu'elle se heurterait à un mur de refus. Alors, elle devait la jouer plus fine et le faire venir à elle, pour qu'il dise de lui-même tout ce qui restait encore caché. Décidée à arracher la vérité Erine entra en classe et s'assit à sa place, cherchant Claude discrètement du regard. A sa grande déception il ne semblait pas être arrivé, elle prit donc son mal en patience, laissant son cerveau échafauder des approches diverses pour qu'il morde à l'hameçon. Mais tout cela fut inutile, comme se battre contre le vent, car Claude ne se présenta pas en classe de la journée. Erine en fut surprise, il avait beau être nonchalant et peu sérieux, il n'avait jamais manqué de cours jusqu'à aujourd'hui. Enfin, pas à sa connaissance en tout cas.

- J'attendrais demain, peu importe.

Mais le cycle se répéta, encore et encore, durant ainsi deux longues semaines. Erine rongeait son frein, il disparaissait pile au moment où elle avait des questions, à croire qu'il l'avait fait exprès !

- Quoique, il en serait capable le bougre.

Mais mis à part la frustration de ne pas avoir de réponses à ses nombreuses questions, il y avait un autre sentiment prédominant chez Erine, et qu'elle ne connaissait que très peu, surtout pour d'autres personnes qu'elle-même.

L'inquiétude.

En effet elle ignorait les raisons poussant Claude à ne pas venir en classe depuis deux semaines, cela pouvait être pour des raisons parfaitement futiles ou alors pour quelque chose de bien plus grave. Une maladie ne bloquait pas pendant deux semaines, peut être une hospitalisation ? Il aurait eu un accident ? Inconsciemment elle commença à se faire des scénarios de plus en plus épouvantables, arrivant même à imaginer sa mort et ses funérailles faites dans le plus grand secret.

- Rah ça suffit je me fais des idées !

Elle était en train de se rendre malade pour rien, et pour se détendre elle s'empara de son oreiller et le balança sur sa porte. Porte qui s'ouvrit parfaitement à ce moment, laissant voir la tête de Kokuchu, qui disparu bien vite quand le coussin le percuta. Oups, petit imprévu, mais c'était bien fait pour lui.

- Vous n'avez pas appris à frapper avant d'entrer ?

- Je constate que vous avez un système de défense fort sophistiqué, se moqua-t-il en prenant le coussin entre ses mains, était ce moi la véritable cible de ce menaçant et redoutable coussin ?

- Si vous êtes là pour vous foutre de moi la porte peut encore se refermer sur votre nez.

- N'ayez crainte, sourit-il, je venais simplement prendre quelques nouvelles, j'ai cru vous entendre prononcer des paroles peu raffinées et optimiste en passant devant votre chambre.

- Je ne vois pas de quoi vous parlez, nia Erine en croisant ses bras avec dédain sur son torse.

- Bien entendu.

Il entra et déposa le coussin à sa place initiale, donc sur le lit.

- Vous savez, si vous êtes inquiète pour quelqu'un, il y a un moyen magique de savoir son état de santé.

Erine arqua les sourcils, sentant venir gros comme un éléphant qu'il allait se moquer d'elle ou déballer une solution abracadabrante.

- Je vous écoute.

Ce n'est pas comme si elle avait quelque chose à perdre. Et Jiyu lui avait promis qu'elle pouvait se fier à Kokuchu, donc pourquoi ne pas lui laisser une chance après tout.

- Je vais vous le dire.

Il s'approcha, prenant un air énigmatique et très sérieux –ce qui ne lui allait pas du tout soit-dit en passant.

- Il s'agit du téléphone portable.

Un ange passa et, très vite, Erine eu une forte envie de frapper cet homme, d'écraser son adorable sourire au sol pour le faire disparaitre.

- Merci pour votre aide, vous n'auriez pas encore des conseils pour moins de cinq ans à me dire ?

- Eh bien puisque vous demandez !

- Dehors !

Elle lui botta les fesses et l'expulsa hors de sa chambre, claquant la porte derrière lui.

- Quel idiot, n'y a-t-il donc pas une personne de mature dans mon entourage ? Bien sur que je sais que je peux me servir du téléphone !

Elle le savait mais n'y avait absolument pas pensé, mais elle aurait préféré mourir plutôt que de le reconnaitre face à Kokuchu. Ca serait simple, rapide et facile. Mais il y avait plusieurs obstacles et réticences qui faisaient qu'elle n'avait pas le courage de composer son numéro.

Déjà, rien n'assurait qu'il allait répondre.

Deuxième point, le contacter revenait à faire le premier pas vers lui et à perdre.

Troisième point, elle se faisait peut être des scénarios pour rien et il ne voulait tout simplement plus la voir.

Quatrième point, il n'attendait que ça et se moquerait bien d'elle en disant qu'il lui manquait, qu'elle avait besoin de lui ou des conneries dans le même genre.

Tout cela faisait qu'elle ne pouvait pas appeler, ou bien qu'elle ne voulait pas. Pourtant, son regard se posa sur son portable et nerveusement elle se mordit la lèvre. Que devait-elle faire ? Impossible qu'elle tienne encore une semaine sans nouvelle, elle finirait par devenir folle.

- Tu me gaves Claude ! Même quand tu n'es pas là tu es méga chiant !

Elle attrapa son mobile et cliqua sur le contact du jeune homme. 

Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant