Chapitre 8

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Une bonne dose de crayon noir et d'eye liner lui permit de cacher ses yeux fatigués, un peu de fond de teint en plus permit de redonner quelques couleurs à son visage horriblement pâle.

- Tsss, il va falloir que je fasse quelque chose, peut être que des somnifères pourraient m'aider.

Ces horribles cauchemars sans queue ni tête ne la quittait pas depuis quelques temps. Elle ignorait totalement leur signification, pourtant son cœur semblait savoir quelque chose. En effet, à chaque fois, elle avait peur et une forte angoisse lui prenait la gorge. Cette femme aussi lui était familière...mais elle ne voyait jamais son visage, uniquement des cheveux blancs et une voix froide, cassante, qui rabaissait sans cesse cette petite fille.

- Ca suffit, n'y pense plus.

Elle termina de se préparer et enfila son horrible uniforme de classe, avant de quitter sa chambre pour se rendre en cours. Au passage, elle avait pris les notes de japonais fournis par Claude, histoire de réviser un petit peu avant d'arriver. Le trajet en voiture n'était pas très long, mais au moins elle se remettait en tête quelques règles de bases et notions.

- Fichue langue trop compliquée, marmonnait-elle à chaque fois que quelque chose lui échappait.

L'anglais elle avait pu l'apprendre très facilement, mais le japonais était totalement différent de tout ce qu'elle avait pu étudier jusqu'à maintenant. Bien sur, ça aurait été trop facile sinon. Pourquoi diable sa mère était-elle d'origine japonaise déjà ?

« Sa mère »

Elle plissa les yeux et secoua la tête, elle avait l'impression que ses oreilles sifflaient. Elle aurait mille fois préférée rester en France. La bas, elle n'avait jamais eu ce genre de problème, et n'avait jamais cauchemardé non plus. Sa vie avait toujours été parfaite avant que son père ne décide de changer cela.

Ses pensées furent interrompues quand la limousine s'arrêta et que la portière s'ouvrit pour la laisser sortir. Déjà ? Elle aurait vraiment appréciée que le trajet dure éternellement, qu'elle n'ait pas besoin de quitter ce lieu pour mettre les pieds dans ce lycée. Pourtant, elle n'avait pas le choix, les ordres de son père étaient malheureusement absolus.

Arrivant dans la salle de classe, elle sentit les regards se tourner vers elle, suivis par des murmures. Elle avait hâte de pouvoir tout comprendre et leur rabattre leur caquet comme elle savait si bien le faire. Mais pour le moment, elle allait prendre son mal en patience et se concentrer sur l'apprentissage de cette fichue langue. Ensuite, ils verraient qui elle était vraiment.

- Hey princesse !

Erine souffla en entendant ce stupide surnom. En temps normal c'était un mot qu'elle appréciait, mais dans la bouche de ce garçon il sonnait faux et hypocrite.

- Qu'est ce que tu veux.

- Les cours se finissent un petit peu plus tôt aujourd'hui, on va donc pouvoir bosser un peu plus sur ton désastreux japonais.

- Tu sais ce qu'il te dit mon désastreux japonais ? Que tu vas vite regretter tes paroles.

Claude roula des yeux en ricanant.

- Allons arrête, tu es un serpent qui siffle beaucoup mais qui est incapable de mordre quiconque avec ses crochets. Les mots acérés sont donc ta seule arme pour ce monde ? Tu risques pas d'aller très loin, princesse.

Erine allait sèchement rétorquer, quand le professeur arriva et demanda à tout le monde de rejoindre sa place. La jeune femme fut donc obligée de ravaler ce qu'elle voulait dire et alla s'asseoir.

Les jours suivants n'eurent cesse de se ressembler, encore et encore. Elle devait essuyer les remarques désagréables de Kokuchu dès qu'elle mettait les pieds à la maison. Il fallait aussi qu'elle supporte ces « camarades » qui la fixaient sans cesse, la jugeant, se moquant d'elle. Les professeurs eux même ne semblaient pas très conciliants à son égard. Est-ce que son père avait demandé à tout le monde d'être exécrable avec elle ? Pour couronne le tout, les cauchemars continuaient de la poursuivre, lui montrant les mêmes scènes encore et encore. Pourquoi son esprit insistait-il autant là-dessus ? Qu'est ce que ça voulait dire ?

« Mère ! Mère ! Regardez !

La petite fille tourna sur elle-même, vêtue d'une robe élégante couleur bleu clair. Elle était toute fière de porter un vêtement aussi joli, et espérait recevoir un petit compliment sur sa silhouette.

- Qu'est ce donc que ce torchon ? Comment oses-tu porter une telle chose ?

Le sourire de la petite fille disparut, et une main se tendit vers la robe, venant brutalement l'arracher et la réduire en lambeaux.

- Mère ! Non !

- Elle est d'une horrible qualité, certainement acheté dans un magasin pitoyable et sans aucune renommée !

L'enfant vit les bouts de tissus tomber au sol, en même temps que des larmes naissaient à ses yeux devant tant de cruauté.

- Tu te dois de porter le meilleur !

- Mais...elle me plaisait cette robe...

- Les goûts n'ont pas à interférer ! Si tu portes la même robe qu'une pauvre femme travaillant dans un magasin, tu ne vaudras rien et tu seras la honte de cette famille ! La haute société entière rira de toi en te voyant aussi mal vêtue !

- Mais...

Une main se posa brutalement sur la bouche de la plus jeune, la faisant sursauter et paniquer. Elle ne pouvait pas parler et sentait le regard tranchant sur elle.

- Je t'interdis d'acheter des objets aussi vulgaires désormais, n'oublie pas qui tu es. Tu es l'héritière de notre nom, et je ne supporterais pas que tu le traines dans la boue ! Que cela rentre bien dans ta petite tête d'idiote ! »

- Erine !

Un cri, qui la fit sursauter. Elle ouvrit les yeux, et constata qu'elle s'était pitoyablement endormie sur sa table de travail. Juste en face d'elle, Claude faisait tourner son stylo entre ses doigts, soufflant légèrement.

- Faut dormir la nuit quand même.

Erine se redressa et remit légèrement ses cheveux en place. C'était facile à dire, mais actuellement elle ignorait totalement la signification d'une bonne nuit de sommeil.

Un petit silence s'ensuivit, et Claude fini par ranger ses affaires dans son sac.

- Que fais-tu ? s'enquit Erine en fronçant les sourcils.

- J'en ai marre de bosser, je vais aller manger une glace.

La jeune femme ne s'était pas attendue à un changement de sujet aussi rapide. Quoique, c'était elle qui avait fini par s'endormir alors qu'il lui enseignait le japonais.

- Tu veux venir ?

La proposition l'a prit au dépourvu, tellement qu'elle fut incapable de faire autre chose que d'écarquiller les yeux sans répondre.

- Sauf si ça te dégoute de passer du temps avec un simple prolétaire et de manger une glace de seconde zone qui ne coûte pas un bras et qui aura sûrement un goût infect par rapport aux plats de luxe auxquels tu es habitués.

Erine sentait clairement la provocation dans ses propos, et le pire c'est que ça fonctionnait. Depuis ces derniers jours il jouait à cela avec elle. Il lançait des petits pics provoquant, se moquait dès qu'il en avait l'occasion, bref, véritablement insupportable.

- Humpf, je vais faire l'effort de venir si cela peut faire plaisir à ta petite personne ! déclara-t-elle avec fierté, mais je ne m'attends pas à grand-chose !

- Ouais ouais, tu pourras critiquer quand tu auras gouté ! Grouille-toi sinon je pars sans toi !

Et sans perdre un instant il commença à quitter les lieux, forçant Erine à ranger ses notes et crayons à toute vitesse pour pouvoir le suivre.

- Je t'interdis de partir sans moi !

- Ah oui ? Tu as peur de te perdre dans la ville ? se moqua Claude.

- Jamais de la vie, j'ai un sens de l'orientation impeccable. Mais je refuse de me promener seule, cela fait très mauvais genre !

- Mais oui, bien sur, marmonna-t-il en levant les yeux au ciel.

Erine se mit bien droite et la tête haute pour le suivre, après tout, il n'y avait rien de mal à faire un petit tour dans cette ville. Ca ne pourrait pas être pire que Paris. 

Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant