Chapitre 16

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Avoir parler avec Jiyu lui avait fait étrangement du bien. Elle se sentait légère et la tristesse semblait avoir été balayée comme un brin d'herbe sous le vent. Il ne restait qu'un point noir à ce tableau, et il s'appelait Claude. Erine avait rallumée son portable et constata plusieurs appels en absence ainsi qu'un message vocal. Suite au message, il avait cessé d'appeler, considérant surement que ça ne valait pas la peine de s'acharner.

Erine décida d'écouter le message et mit le haut parleur, laissant ensuite la voix de Claude se dérouler, pour voir ce qu'il avait à lui dire :

« Ouais Erine, tu as essayé de m'appeler j'ai vu. Je sais pas ce que t'as dit le gosse qui a décroché, mais c'était une fille qui venait juste récupérer des cours. Et puis, ça serait sympa que tu décroches quand même, je croyais que c'était un truc important dont tu voulais me parler. »

Il y eu un soupir et quelques secondes de silence, mais e message n'était pas terminé, elle le savait.

« Ecoute, Erine, je sais pas vraiment ce que tu penses, tu as un cerveau bien trop bizarre pour moi et je suis clairement pas sur ta longueur d'onde. Mais j'ai quand même remarqué un truc. Tu es bien plus sensible que tu veux le faire croire, et même si tu fais bien le rôle de la petite peste, je suis sur que tu es un peu plus que ça derrière. La preuve, aujourd'hui tu étais comme une gosse, tu souriais et tu t'éclatais. Ca fait plaisir de te voir comme ça tu sais. Tu étais un peu plus naturelle. Enfin, je suppose que tu peux pas tout changer chez toi non plus, mais j'aimerais bien voir un peu plus souvent la véritable Erine. »

Et le message se termina ainsi et laissant la voix mécanique demander si elle voulait supprimer, archiver ou réécouter le message.

- Tu es vraiment un idiot jusqu'au bout, Claude.

Elle supprima le message et se tourna vers son bureau. Elle n'avait plus le temps de penser à ce genre de chose. Elle devait maitriser cette langue, pour prouver à sa mère ce dont elle était réellement capable, lui prouver sa valeur.

Le weekend passa en un éclair, elle ne quitta pas sa chambre, si ce n'est pour manger et prendre une douche. Sinon, elle restait cloué à sa chaise, révisant sans cesse et sans prendre de pause. Elle n'avait jamais fait preuve d'autant de concentration. Son cerveau assimilait chaque règle, chaque mot, les gravant dans sa mémoire.

En début de semaine, jour de retour en classe, elle se dirigea vers sa classe d'un pas décidé et entra, son regard cherchant la personne concernée. Elle le trouva vite et s'arrêta devant sa table.

- Claude, je dois te parler.

- Me parler ? Tu aurais pu simplement me rappeler pour ça.

Elle sentit une certaine rancœur dans sa voix, avait-il donc attendu son appel tout le reste du weekend ? Peu importe, ce n'était pas pour ça qu'elle voulait lui parler.

- Je te remercie pour ce que tu as fais, mais je n'ai plus besoin de tes cours désormais. Je vais me débrouiller seule.

- Quoi ?

La surprise passa dans ses yeux dorés, comme s'il n'arrivait pas à y croire.

- Mais pourquoi ? Tu es loin de maitriser la langue !

- J'en suis consciente, mais désormais j'ai assez de bases pour me débrouiller et voir avec mon majordome.

- Tu es sérieuse là ?

- Ne fais pas cette tête de surpris. Je te l'avais dit dès le départ. Dès que je n'aurais plus besoin de tes cours, ça s'arrêtera. Navré que ton argent de poche te lâche maintenant. Mais j'ai d'autres priorités.

Claude ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son ne pu en sortir. Erine ne lui laissa pas l'occasion d'en trouver car elle se rendit à sa place sans rien ajouter. C'était un nouveau départ.

Claude n'arrivait pas à y croire. Cette fille était incompréhensible. Il avait fini par croire que les nombreux moments passés ensemble avaient formé une sorte de lien entre eux. Ce n'était pas de l'amitié, mais quelque chose de plus vague. Sans même s'en rendre compte, il avait petit à petit attendu de plus en plus la fin des classes pour se retrouver avec elle et lui enseigner la langue. Il aimait la taquiner, la faire tourner en rond, la voir réagir en une fraction de seconde. Lors de la sortie à la fête foraine, il avait cru la voir jalouse, il avait presque espéré au fond de lui-même. Et, alors qu'il croyait tenir quelque chose, elle coupait tout, d'un geste brusque et sans explication. Elle venait de disparaître de son regard, s'évaporant dans les airs.

Et ça, il le constata de plus en plus. Chaque semaine qui s'écoulait le surprenait encore et encore. Il voyait Erine progresser en classe à une vitesse ahurissante. Chaque jour elle démontrait un peu plus son évolution dans la langue, la maîtrisant de mieux en mieux. Et en plus de cela, ses notes étaient en train de bondir, permettant de remonter sa moyenne et de laisser sur place les professeurs, qui avaient fini par s'habituer à la saquer. Maintenant ils ne pouvaient plus, car elle grattait les points, se rapprochant du major de la classe. Claude était impressionné, mais aussi effrayé en un sens. La lueur qu'il voyait briller dans les yeux de la jeune fille lui faisait peur. C'était une avidité dévorante, un besoin de faire ses preuves et de montrer à tous ce qu'elle valait vraiment. Pourquoi craindre cela, n'était ce pas une bonne chose ? Son instinct lui disait que non, comme si cette avidité avait une origine malsaine et mauvaise. De plus en plus il en était persuadé, il était arrivé un événement à Erine après la fête foraine. Elle n'aurait pas pu changer aussi brutalement sans raison. Si seulement il avait décroché à ce moment. Si seulement il avait été là pour écouter. Peut être que la situation actuelle ne serait pas.

Il secoua alors la tête, ce n'était pas le bon raisonnement. Avec des « si » il pourrait refaire le monde. Il était trop tard pour regretter. Désormais, il devait s'emparer de la situation et comprendre par lui même ce qui avait pu arriver. Peut être que cela aurait été plus simple d'abandonner, mais il s'y refusait. Erine avait été brisée enfant, il le savait. Etre naïf qu'il était, il désirait recoller les morceaux. Mais un miroir brisé garde toujours les marques des failles, il le savait. Néanmoins, c'était cela qui faisait Erine.

Le soir arrivant, il rangea ses affaires et sentit son portable vibrer dans sa poche. Il le sortit et fut estomaqué en voyant le numéro afficher. Cela faisait une éternité qu'il n'avait pas eut de nouvelles. Il se précipita hors de la classe pour décrocher.

- Allô ??

Un parfum envoûtant [Fanfiction IE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant