Comme le fil arachnéen (III)

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Philoména

Il fait très chaud, le soir va tomber. Voilà le près de nous l'église Saint Georges en Vélabre, nous avons dépassé la Bouche de la Vérité et le temple de la Fortune...

- J'imagine que c'est une insulte de te demander si on perdu ? Parce que j'ai légèrement l'impression d'être déjà passée par là...

- Oui bon écoute, les femmes n'ont aucun sens de l'orientation déjà, alors tu peux parler ! s'énerve gentiment Jean.

- Ne te vexe pas enfin !

- Mais je ne suis jamais vexé, j'ai juste raison, affirme t il le plus sérieusement du monde.

- Ah oui évidemment, j'avais oublié, excusez moi Monseigneur !

Je garde un petit sourire un coin qui attire irrésistiblement le sien.

- Je te taquine enfin, mais je suis sûre qu'on est passé là tout à l'heure.

- Bon, j'avoue forfait. Mais ce GPS est complètement nul !

Je ris devant son air dépité. Un rayon de soleil lui fait plisser ses yeux bleus et il passe machinalement ses mains dans sa longue mèche brune.

- On n'en pas besoin Jean ! Tu n'as pas envie de marcher un peu au hasard, sans savoir pourquoi, en découvrant tout simplement ?

- J'allais te le proposer, avoue t il.

- Parfait alors !

Et côte à côte, nous nous enfonçons dans les ruelles. Le soleil ne nous atteint plus et ses quelques rayons passent à peine au travers des toits si proches. Je marche, la tête levée vers les corniches, les fenêtres, les balcons fleuris. Mes lunettes de soleil bronzent les pierres, les nuages, les gens, d'un brun léger. Tout semble plus doré, plus chaud et plus vivant. Je secoue un peu mes cheveux pour que le vent se glisse sur mes épaules.

Aïe !

- Ca va ? s'inquiète Jean en me rattrapant.

A force de lever le nez je n'ai pas vu les pavés.

- A part que cette idiote de pierre a décidé de me faire tomber, tout va bien !

Je grimace un peu.

- Tu as du tomber sur la hanche, ça te fera un joli bleu, constate t il.

- Super pour mon maillot de bain ! ironisé je.

- Heureusement que c'est la fin de l'été, renchérit il laconiquement.

- M'en parle pas... Dans deux semaines je retourne à l'université.

- Quelle idée de faire de la littérature aussi !

- Est ce que ça serait des préjugés de scientifique ça ?

- Des préjugés ? Moi ? Jamais enfin !

- Bien sûr oui, ton nez est en train de grandir Pinocchio !

Et déjà relevée, je repars avec un sourire, en trottinant. Il hésite un peu avec un air vexé, puis sourit largement et me rejoint en un sprint.

- Tu croyais vraiment pouvoir me distancer Philo' ?

Je le fais sourire. C'est cela la grâce de ces quelques jours, je le fais sourire, malgré la gravité de notre venue à Rome, je le fais sourire. Et, c'est idiot je sais, mais je sens monter dans mon coeur toute ma tendresse pour lui, cet attachement que même Armel n'a pu effacer...

Armel, avec lui j'étais venue à Rome. Ces rues, il m'y a embrassée, je l'y ai serré dans mes bras. Cette lumière, je l'ai vue baigner son visage... Allez, n'y pense plus ! Souviens toi de ce que disait Guy. Chasse ces souvenirs. J'essaie, je peux le faire. Je peux le faire !

Où est ta victoire ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant