Vert et or

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13 octobre 2...

Le temps est clair, exceptionnellement beau et malgré la fraîcheur du matin, les jeunes garçons ne sont encore vêtus que de légères chemises, de pantalons de toile, de minces polos de couleur. On attend encore quelqu’un, quelqu’un qui n’arrive pas. Dans le port, les pêcheurs sourient de voir que le beau voilier royal est de sortie. On salue les princes, on leur fait même un brin de causette pour les moins timides.
Et puis le vrombissement d’une moto retentit, le visage de Jean s’anime tandis que dans un freinage-dérapage à peu près contrôlé, la fille de son coeur apparaît au bord du ponton.

- Apprendre la ponctualité, ça t’intéresserait ? crie t il

Mais à peine a t elle enlevé son casque pour s’approcher de lui que son air faussement dur disparait et il la serre simplement dans ses bras.

- Tu ne m’avais pas dit qu’il y aurait tes frères ?

- Eh bien, je n’ai pas trop eu le choix, Léonore les a quasiment mis de force dans la voiture.

- Très bien alors, c’est l’occasion de les apprivoiser. Subtilement bien sûr, ajoute t elle avec ironie.

Il la regarde un instant.

- Prête ?

- Oui, mais j’espère que tu ne m’as pas fait sécher une journée de cours pour rien.

- Ma chère, tu ne sais pas ce qui t’attend !

Voilà que le bateau s’éloigne sur la mer azuréenne, longeant la côte et ses légères falaises immaculées, les îlots de rochers gris que l’on devine sous l’eau transparente. Les garçons s’activent parmi les voiles et les cordages mais elle, un peu pensive, contemple encore le rivage.

- Philo’, viens nous aider !

Non, elle a envie de rester là, immobile. Mais pauvre Jean, il est si heureux de partager cela, cet enivrement de la mer !

- Philo’, j’ai besoin de toi vite !

Alors la jeune femme le rejoint. Si ce n’est pour lui, pour qui fera t elle ce petit effort ?
Tous les cinq, pieds nus sur le pont brillant, hors d’haleine et heureux. Suivant de loin le rivage, voilà qu’ils remontent vers le Nord. Les princes savent, ils connaissent la route, mais Jean leur a interdit de donner le moindre indice et malgré les questions pressantes de Philoména, la surprise reste entière. Passent les minutes et les heures, le soleil vient réchauffer leurs corps. Les marinières font place aux maillots de bain.
Ils ont plongé dans les flots translucides, pour observer l’inlassable spectacle des fonds marins. Jean a attrapé la main de Philoména pour l’emmener toujours plus loin, là où elle ne se serait jamais risquée seule. Et peut être lui non plus. Mais découvrir ensemble ces pays inconnus… Les jumeaux se chamaillent par habitude et entraînent dans leur gaieté un Cyr qui n’a pas d’autre choix. Quand, émerveillés et fatigués, les amoureux remontent à la surface, l’inhabituel spectacle des trois princes ensemble leur arrache un sourire.

- On dirait que Léonore a eu raison de nous les confier !

- C’est aussi ce qu’avait dit Maman après l’incident du mariage. Il faut d’abord d’abord apprendre à connaître Cyr, constate Jean.

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