Frères bien-aimés

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Comme pour le premier chapitre, n'hésitez pas à écouter le média au moment où il est mentionné dans le roman !

17 octobre 2…

Philoména

Voilà les neuf chevaux d’argent. Oui, d’argent, car aucun cheval n’est jamais vraiment blanc et je crois que l’apparat du jour fait resplendir les montures comme du métal brut.
Voilà le début de la guerre, commencement des peines et des privations. De la longue solitude, de l’angoisse, de l’attente et du doute. De la peur, de l’action, des décisions contraires.
Je ne sais pourquoi tous ces mots me viennent, moi qui n’ai jamais connu que la paix. Nulle autre expérience guerrière que les récits épiques des combats de jadis. Victoire navales sur les premiers Cardamènes, hauts faits du front français quand nos hommes faisaient tomber la République et renaître le fils aîné de l’Eglise.
Aujourd’hui mon Jean.
Et là-bas Armel, l’homme de toutes mes souffrances.
Seigneur, dans la pompe et la gloire comme dans le froid de la mort, dans la splendeur comme dans la boue, protégez le roi et les princes.
Gardez nous le Royaume !

Raoul

Ca y est.
Personne ne le sait, mais je suis terrifié. Surtout, personne ne doit le voir. Je suis le roi, je ne peux laisser passer la peur. Je n’en ai pas le droit.
Nous sommes le roi.

- Vous tous, nos soldats, nos sujets. Le Royaume entier nécessite votre force, votre courage, vos prières. Nous allons vivre un temps d’épreuves, un temps où les mauvaises nouvelles feront naître le découragement, où la mort apportera son lot de récriminations et de doutes. Je vous en conjure, ne perdez jamais votre Espérance ! Cette vertu si haute et noble, la vertu de notre peuple par excellence ! Ne la perdez pas, c’est tout votre devoir. Nous devons avoir foi. Quelle que soit l’issu, Dieu ne peut nous abandonner.

Mes mots, ceux du souverain, sont retransmis partout depuis la grande place, partout dans le pays. Face à nous, les Cadets s’étalent. Plus nombreux qu’on ne l’aurait cru, mais face aux Cardamènes… Dès ce matin, mobilisation générale. Nous n’avons pas le choix.
Le courage ne suffit pas toujours pour vaincre le nombre.
Seigneur, nous allons nous battre contre d’anciens alliés, contre la famille de notre tante, contre une population qui, malgré l’Empereur, reste majoritairement et sincèrement chrétienne. Mais que faire d’autre ?

Ladislaw

Devant la fureur de l’Empereur, plus de serments, de signatures de traités de paix ou d’alliance. Devant sa folie meurtrière, son ubris auraient dit les anciens Grecs.
Et pourtant cela lui ressemble. Notre oncle est un homme au sang chaud mais j’ignorais qu’il pouvait prendre de telles décisions. Le bon sens semble l’avoir quitté, il a avoué sans honte ses tentatives pour faire assassiner Raoul et Chiara, laissé le cadavre de son fils sans sépulture sur les remparts de la cité, parlant d’un “exemple pour les traitres”, accepté sans réticence aucune l’excommunication immédiatement prononcée par le Pape, avoué sa connivence avec les prétendus “rebelles” qui terrorisaient son peuple depuis quelques mois.
En fait, cela me dégoute, en plus de nous trahir, nous, sa famille et ses alliés, il manipule ces gens qui, malgré leur erreur politique envers la monarchie, nous auraient rendu un fier service en le tuant aussi… Bref, il ne faut pas souhaiter la mort mais la conversion de nos ennemis c’est vrai.
Malgré le tragique de ce jour, il y a dans tous les coeurs un je-ne-sais-quoi d’exaltation !
Là bas, je vois Arianna. Si elle avait pu s’attendre à vivre cela un jour ! Notre mission a réussi, paradoxalement elle a aidé à ce que tous se rendent compte que nous négligions Cyr. Le chemin vers la rédemption sera encore long, mais s’il cesse de considérer sa famille en ennemie, j’ai bon espoir.

Où est ta victoire ? Où les histoires vivent. Découvrez maintenant