Partie 6

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Amina se griffait le visage, les cuisses. Elle faisait des cries de malade. Elle devenait hystérique. Mes sœurs et ma daronne essayaient de la calmer. Ses cries devenaient de plus en plus stridentes, son visage faisait peur. On dirait elle était possédée.

Après vla les tentations et après quelques minutes, elle s’est réveillée. Mais la meuf pleurait toujours. C’était grave pathétique. 

Cette nuit là, tout le monde était triste à la casa. On a avait de la peine pour notre sœur. On éprouvait du dégout. Son mari l’avait détruit, fin’ ils se détruisaient. 

C’était 3 heures du mat’, tout le monde était entrain de dormir. Moi j’avais pas sommeil, je pensais à ma sœur Amina. J’avais envie d’arranger les choses, mais j’étais impuissante. J’entendis un bruit dans la cuisine. C’est sûr c’était pas mes parents car l’heure de la prière était loin. 

Je pars moi aussi dans la cuisine, et là je vois ma sœur Keltoum assise sur une chaise, un verre d’eau devant elle, elle était entrain de pleurer. 

MOI : qu’est ce qui ya ? 

Keltoum essuya ses larmes. 

KELTOUM : rien. Va nhass (dormir) 

MOI : nhal chétane ! Vous avez quoi dans cette maison ? C’est bad trippant wesh ! 

KELTOUM : …

MOI : c’est à cause d’Amina ? 

KELTOUM : vous pouvez pas la comprendre miskina. Moi je la comprends. 

MOI : mais il lui fait mal wesh 

KELTOUM : s’en fout. 

MOI : t’es sérieuse là ? 

KELTOUM : mais elle l’aime vous pouvez pas voir ça ? 

MOI : vas-y tu parles d’une tapette Keltoum, c’est même pas un homme. 

KELTOUM : s’en fout ! Tu sais pas toi. S’parce qu’il l’aime

Elle se leva, ferma la porte de la cuisine et se rassit sur sa chaise. 

KELTOUM : par amour on peut pardonner l’infidélité, on peut pardonner la violence, on peut pardonner les mythos. Par amour, on peut tout faire, on peut même dépasser ça et sacrifier tous ce qu’on a pour l’autre. Tu peux pas comprendre ça Soraya puisque t’es pas amoureuse. 

Elle avait les larmes aux yeux. Je la voyais sensible, faible, affligée et surtout amoureuse. 

KELTOUM : des fois on pense vraiment être amoureuse. Mais on l’est juste quand on serait capable de faire des sacrifices. Sinon on l’est pas. 

MOI : alors Redouane et Amina ? 

KELTOUM : ils s’aiment et papa n’a pas le droit d’obliger Amina à divorcer.

Maman ouvra la porte de la cuisine. 

Maman : vous faites quoi là ? 

KELTOUM: rien maman. On discute. 

Maman : vous avez pas vu l’heure ? Nhal chétane ! 

KELTOUM : s’bon maman ! Aller Soraya bouge dormir ! 

Je me couchai. Je passais la nuit à cogiter. Keltoum avait vachement raison, on sait jamais ce qui s’passe entre un homme et sa femme. Alors pourquoi préjuger ma sœur et son mari ? Papa n’avait pas le droit de les séparer. Personne n’avait le droit. Finalement, c’était lui son destiné. Redouane et Amina c’était écrit, c’était le mektoub. 

Chronique : Entre les blocs de ciment, l'amour ne choisit pas ses couleursOù les histoires vivent. Découvrez maintenant