Chapitre 35 - Peur inconsciente

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Sonia

[mardi 3 décembre]

Demain c'est nos 1 mois avec Nathaniel. Nous n'en avons pas encore parlé, dépassées par les événements récents. J'ignore quand nous le fêterons, si on le fait... J'aimerais passer ma soirée demain avec lui, mais il a sûrement beaucoup de boulot et je ne veux pas le coller avec ça. J'hésite à lui envoyer un message.

Hier il m'a juste demandé comment j'allais et quelques banalités, nous n'avons pas pu nous appeller. S'il oublie la date de demain, je ne lui en voudrais pas, il a sûrement beaucoup à penser.

— Salut, je peux m'asseoir ?

Cette voix m'électrise. Comme si j'étais prise en délit de quelque chose d'interdit, je range mon téléphone dans mon sac avec empressement et lève le regard.

Manuel m'observe avec une expression grave, une main dans sa poche et l'autre aggriper à son sac de cours.

C'est la première fois qu'il m'adresse la parole depuis ce qui s'est passé la semaine dernière. Je me rappelle avoir voulu le tuer quand j'ai appris ce qu'il a fait à Nathaniel. Ma colère est toujours là, mais moins forte.

Nous nous sommes évitées, mais pourtant il vient me demander s'il peut se joindre à moi sur cette chaise à côté de moi, à la bibliothèque. C'était souvent ici que l'on se retrouvait tous les deux. Mais les derniers instants passés avec lui devenaient pesants puisqu'il crachait sur le dos de mon petit ami. À cet instant, je sens qu'il a besoin de me parler face à son regard dur. Je sais d'avance qu'il ne va pas s'excuser sincèrement.

Soudain je me rappelle l'expression sérieuse de Nathaniel m'ordonnant de le tenir éloigné de moi, c'est ce que j'ai fais. Il ne m'a pas parlé, mise à part ses regards insistants et ça m'arrangeai.

Je déglutis, puis après avoir détourné le visage, le replante dans le sien et finis par dire d'une voix vaincue et nerveuse :

— Oui.

Je suis faible et pas rancunière. Ma conscience me crie avec rage que c'est un enfoiré qui s'en est pris à Nathaniel. Mais c'est maintenant qu'elle se réveille, une fois que j'ai accepté ce qui me fait regretter directement.

Automatiquement et avec calme, je décale ma chaise, l'ignorant, mais le cœur battant de nervosité.

— T'es vraiment belle aujourd'hui.

Je cligne des yeux et relève le regard de mon livre, surprise. Je ne réponds pas et le fixe pendant qu'il me détaille. Ensuite, il relève son attention sur mon visage avec innocence. Un frisson violent et très désagréable me prend quand je remarque qu'il a maté mon décolletée.

Ma poitrine se soulève difficilement face à mon grand malaise que je ressens à cet instant. On dirait même qu'il a fait exprès de me détailler et qu'il est fier à travers ses prunelles plantées dans les miennes.

La colère disparaît pour laisser place à de la crainte. Ça y est, j'ai peur de lui. En fait, j'ai l'impression que je vois mieux son côté sombre depuis que j'ai réalisé qui il était. M'avait-il déjà maté comme ça sans que je m'en aperçoive ? Cela me dégoute et je sens mon ventre se nouer.

Ne savant plus où me mettre, je décide de partir brusquement en rangeant mes affaires avec fureur.

— Sonia ?

J'essaie de ne pas entendre sa voix, mais avant de prendre mes béquilles, je le regarde.

— Je suis désolée, je peux plus, balancée-je avec fermeté et affolement.

Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant