Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1

Chapitre 75 - Mentir pour le sauver

Sonia

Rien que de le voir au loin, assis contre ma porte, un sac en carton similaire à celui d'un fast good dans les mains, j'ai envie de m'échapper. Mais quand je vois la vitesse à laquelle il se lève et l'émotion apparaître sur son visage quand ses yeux heurtent les miens, j'ai le besoin de fondre en larmes. Me mordant fortement les lèvres, j'inspire et expire, puis m'approche une boule au ventre.

— Je... je suis content de te voir.

Il est gêné, il ne l'a pas été depuis longtemps avec moi. Quelque chose a changé. Je vois dans ses yeux dorés qu'il évite de me poser des questions et qu'il fait tout pour se contenter d'être ravi de me voir. C'est la première fois que je lui mens, il le sait et c'est ce qui le rend déstabilisé. On dirait presque qu'il est au courant de tout ce qui m'est arrivé depuis dimanche. Il ne sait pas comment aborder le sujet de ce qu'Emma lui a transmit et il craint de ce que j'ai à lui dire.

Avant de venir, j'ai trouvé une excuse et j'ai même envoyé un message à Emma pour lui prévenir de mon mensonge au cas où. Bien sûr, elle m'a répondu que je devrais lui dire et qu'elle est d'accord pour garder cette excuse au fond de sa tête, à condition qu'elle me laisse jusqu'à lundi prochain pour tout lui dire, sinon c'est elle qui le fera. S'il n'y avait pas les deux bourreaux prêts à s'en prendre à nous, je lui aurais sans doute déjà dit.

Depuis le début, nous avons toujours été honnête et à cet instant, je me déteste même si ce n'est pas forcément ma faute. Nathaniel mérite de tout savoir, mais ce serait égoïste de ma part de devoir tout lui raconter pour alléger mon esprit. Toutes ces nouvelles pourraient le détruire puisqu'il semble vulnérable ces temps-ci. La preuve : il a senti que je lui cachais des choses et il a l'air complètement triste.

— Tu vas bien ? me questionne-t-il en s'approchant et en me détaillant du regard avec beaucoup d'inquiétude.

C'est vrai que j'ai une tête à faire peur qui ne passe pas inaperçue en ce moment.

— Oui.

Pour lui cacher mon visage apeuré et stressé, je me dirige vers ma porte et sors ma clef pour ouvrir ma chambre. Les battements de mon coeur me font trembler et je peine à crocheter la clef dans la serrure. L'ignorer me rend malade, mais je suis incapable de le regarder dans les yeux plus de quelques secondes.

— Attends, je-

Soudain, il m'attrape la paire de clef des mains avec délicatesse, mais j'en suis tellement stupéfaite que je sursaute. Dans un gémissement de surprise, je lâche involontairement mes clefs qui s'écrasent par terre dans un bruit sourd. Nathaniel n'a pas fini sa phrase et il s'éloigne de moi avec étonnement, comme si j'étais l'apparition de Jésus.

Mon souffle s'est accéléré et je peine presque à respirer, les forts battements de mon coeur ne m'aident pas à rester calme. Après avoir détourné vivement les yeux, je finis par ramasser les clefs et les plonger dans la serrure avec rapidité, me faisant presque mal aux doigts. En l'ignorant, j'entre.

Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je sais pas faire semblant. Il faut que je me détende, j'ai juste à lui déballer mon excuse toute faite et il comprendra que je suis juste triste et que je n'avais pas le temps de penser à lui. Je me sens tellement perdue, apeurée, stressée, bouleversée et plongée dans un cauchemar que je ne sais plus comment me conduire avec les personnes qui s'inquiètent pour moi. Surtout Nathaniel.

— Je t'ai pris un hamburger et des frites, comme tu aimes.

Après avoir ôté mon manteau et mes bottines, je me tourne vers lui. Il vient de poser le sac en carton sur mon bureau et m'observe, la mâchoire serrée et la mine triste. Cette image me torture le cœur. Nous nous regardons dans un silence pesant. Je me fais violence pour ne pas tout lui avouer, mais je ne peux pas.