Chapitre 82 - Retrouvaille parentale

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Sonia

Sans savoir quoi dire, nous nous regardons. Lorsque sa main touche la mienne, je ne retiens plus mes larmes et lui non plus. Les yeux rouges et brillants, mon père semble abattu, je ne l'ai jamais vu dans un tel état de tristesse. J'en suis la cause et à cet instant, je m'en veux énormément. En me faisant du mal, je l'ai oublié, lui, l'homme qui a tout donné pour moi depuis tant d'années. J'ai failli tout gâcher. Mais le plus dure, c'est Nathaniel. Je n'ose imaginer comment il me regardera.

Je suis si lâche. En venir au sang pour faire cesser une souffrance qui aurait pu se résoudre si j'aurais eu le courage d'en parler, ne serais-ce qu'à une seule personne...

- Mon... mon petit bébé, lâche-t-il sans s'arrêter de pleurer, de renifler et de souffler sa peine.

Je devine qu'il a dû beaucoup s'inquiéter pour moi. Ses doigts viennent à ma joue et la touchent délicatement avant d'essuyer mes larmes.

- J'ai eu tellement peur.

Mon coeur est lourd, mais il arrive à battre à un rythme plus vite ce qui me serre la poitrine. À sa place, l'éventualité que mon enfant meurt sans que je n'ai pu rien faire aurait été infernale. Le fruit de mon propre sang, se réduisant à se couper les veines. Mais quelle tragédie ! Soudain, je me rappelle que je suis enceinte et mon coeur s'affole.

Après mon réveil, j'ai pris réellement conscience que j'attendais un enfant quand le médecin qui m'avait reçu lundi matin et qui m'a aidé dans cette démarche est passée me voir pour en parler. C'était surtout pour prendre de mes nouvelles même hors contexte professionnel, mais aussi pour me parler de la question de l'avortement.

Ce qui est arrivé m'a fait prendre du recul. D'être passé entre la vie et la mort m'a illuminé l'esprit. J'aime Nathaniel si fort que me débarrasser de son enfant serait comme le tuer lui. En réalisant que j'étais vraiment enceinte, je me rends compte qu'en m'ayant coupé avec cette lime, j'ai aussi décidé de mettre en péril la vie d'un petit bébé qui n'a rien demandé. Mais même avant cette "tentative", j'étais déjà en train de risquer sa vie en arrêtant de me nourrir.

- À quoi tu penses ?

Je relève les yeux vers mon père qui s'est assit sur un fauteuil, à côté de moi. Il me tien toujours la main et a arrêté de pleurer, comme moi. Je me pince les lèvres, me racle la gorge et lui dis :

- J'attends un enfant de Nathaniel depuis pas longtemps. Il n'est même pas au courant, je l'ai appris-

- Je sais. Et lui aussi est au courant.

Quoi ? Comment il le sait ?! Et Nathaniel !? Mon dieu... Le personnel leur a dit ? D'ailleurs, je ne sais toujours pas comment les infirmiers et le docteur qui me prennent en charge le savent... Et si c'était Madame Robert, mon médecin qui leur avait dit ?

- Depuis quand ? le questionnée-je d'une petite voix.

- Jeudi. Ton amie, Emma est venue à l'hôpital et a lâché la bombe.

Je n'arrive pas à savoir exactement ce qu'il pense de tout ça. Lassé, triste, détaché, résigné, déçu ? "la bombe", comment l'interprète-t-il ?

- Je ne suis pas en colère contre lui, ni contre toi si c'est ce que tu te demandes.

Je suis soulagée même si je n'ai pas eu le temps de penser à ce que mon père pensera de Nathaniel en savant que je suis tombée enceinte de lui. Mais après tout, la première vision qu'il a eu de lui est celle d'un gars en caleçon, prenant son petit déjeuner.

- Où est Nathaniel ?

- Chez lui. Il ne va pas très bien à vrai dire.

Mon coeur se serre si fort que j'en peine même à reprendre mon souffle. Je fixe l'expression grave de mon père avec une soudaine grande inquiétude. Il serre plus fort ma main. Je suis contente qu'il s'inquiète aussi pour mon petit-ami, mais ce ressentiment est si minime par rapport à la tristesse de penser dans quel état il est. Mais qu'est-ce que j'ai fais ? Tout ça est ma faute ?

Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant