Chapitre 79 - Plus supportable que la vie

623 29 33
                                    

Nathaniel

— Jacott.

Je lève le regard de mon ordinateur et tombe sur le lieutenant Fossier. Ses traits sont tendus et il semble encore plus froid que d'habitude.

— Oui, lieutenant Fossier ?

— Viens dans mon bureau, j'ai quelque chose de très délicat à t'annoncer.

D'un coup, je me fige. Il ne m'a jamais parlé avec autant de mauvaises ondes. Je reconnais que je suis moins concentré que d'habitude, mais je fais de mon mieux pour laisser ma vie personnelle de côté.

— Bien sûr, je vous suis, affirmé-je d'une voix prudente.

Il hoche durement la tête et me laisse passer le premier, me suivant derrière. J'espère qu'il ne va pas me virer... Debout face à son bureau, je l'observe fermer sa porte dans un claquement grave.

— Je vais pas te parler de ton travail, ni de ton excellente attitude parce que de ce côté là, je n'ai rien à te reprocher et tu le sais bien...

Je suis touché, mais son expression me fait stresser et j'attends le "mais" qui viendra tout faire basculer. Je sais que je me suis toujours bien investi dans ma vie professionnelle et j'aimerais savoir le problème.

— Ce que je vais te dire reste entre nous, lâche-t-il en s'asseyant sur la tranche de son bureau, les bras croisés sous sa poitrine.

— Bien sûr.

Je fais mon maximum pour ne pas montrer à quel point le suspens qu'il met dans chacun de ses mots me met de plus en plus mal à l'aise.

— Je vais pas y aller par quatre chemin : je suis au courant de ton passage avant l'université assez... sombre.

Qu... quoi !? Comment il le sait ? Je me liquéfie et fais de mon mieux pour soutenir son regard.

— C'est ton professeur principal qui m'a mis au courant avant de te prendre dans mon commissariat.

Je n'arrive pas à y croire. Je suis soudain soulagé, mais ne comprend pas où il veut en venir. Pourquoi me le dire maintenant ?

— Même avec ce qu'il m'a dit, j'ai accepté de te prendre parce que je sentais quelque chose en toi de différent. Mais ce n'est pas là où je veux en venir.

Je n'ose pas parler devant son air autoritaire, mais sa franchise me détend.

— Pierre Aliguar est connu des postes de police. Toujours discret, toujours introuvable, toujours recherché et toujours autant dangereux. Mais surtout une tonne de plainte de la part de jeunes filles avec pour lui la cause.

Rien que son prénom me glace le sang. Je serre mes poings à m'en faire mal. Fossier ne me lâche pas du regard, au contraire il semble chercher la moindre réaction chez moi.

— Mais nous avons enfin une solution pour le coincer.

Automatiquement, je relâche les bras le long de mon corps et reprend un souffle normal. Un sourire vainqueur vient de se dessiner sur son visage. Je meurs d'envie de savoir comment enfin enfermer cette enflure. Sonia sera tellement contente. J'avais déjà prévu d'aller passer chez elle ce soir pour discuter et pour lui dire que j'ai envoyé un message à Lucille pour son père et qu'elle m'a répondu que Matthew allait très bien et qu'il n'avait jamais eu un quelconque accident.

— Tout à l'heure, un de nos policiers nous a remis cela, il était accompagné d'un certain Bryan Simon.

Bryan ? Le collègue de Sonia ? Qu'est-ce qu'il vient faire là dedans ? Avec un geste professionnel, Fossier me tend un sac transparent où dedans il y a un portable avec quelques gouttes de sang sur l'écran et la coque. Je le saisis avec incompréhension et curiosité. Sûrement un élément important qui pourrait tracer Pierre.

Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant