Chapitre 77 - Maladie, mensonge ?

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Nathaniel

Même un bon vieux livre policier n'arrive pas à me changer les idées. J'ai beau relire la même phrase inlassablement, je ne comprends toujours pas ce que veut dire Madame Tirot à son mari, qui je pense est le meurtrier à cause de son chien couvert de boue. Sans que je ne l'ai anticipé, une main se faufile sur mes cheveux et s'agite sur le haut de ma tête.

- Nathinou ! On t'a pas vu ce matin au Cosy Bear Coff-

- Arrête Alex ! crié-je excédé en enlevant sa main de ma tête d'un geste trop violent.

À son regard figé, je comprends que ma réaction a été disproportionné par rapport à ses mimiques régulières qui me font habituellement rire d'exaspération. Il reste debout à me regarder avec surprise avant que je ne finisse par soupirer et jeter mon livre sur la table en bois.

- Qu'est-ce qu'il t'arrive ? demande-t-il d'un petit sourire curieux, mais doux.

Il s'assoit rapidement en face de moi. J'allais répliquer, mais en voyant Rosalya arriver, je me retiens vivement. Elle nous salue et s'assoit à côté de moi d'une humeur dynamique.

- Allez Nathinou, dis-nous pourquoi t'es de si mauvaise humeur aujourd'hui !

Rosalya lève ses yeux vers moi et je lance un regard noir à mon meilleur ami qui me sourit sadiquement. J'ai vraiment aucune envie de rire aujourd'hui et encore moins de m'engueuler avec une personne de plus. Sonia, c'est déjà extrêmement fatiguant, je ne supporterai pas un conflit supplémentaire.

- T'as eu une panne, c'est ça ?

Qu... quoi ? C'est bien ce que je pense comme panne ? Elle s'imagine vraiment que je serais tendu pour un si petit problème ?

- Tu sais, c'est pas grave. Moi par exemple, Leigh, il-

- Rosa, arrête ! C'est pas ça et garde pour toi tes problèmes de libido avec ton mec, la coupée-je d'un ton cinglant et presque agressif.

Je les vois tous les deux s'échanger un regard surpris. Alexy allait rire, mais Rosa lui décourage de le faire d'une grimace. J'en ai marre, je veux être tranquille. Alors que j'allais partir, ma meilleure amie m'attrape le poignet.

- Excuse-nous. Assis-toi et dis-nous tout. Ça fait longtemps que je t'ai pas vu... comme ça.

Elle a complètement changé d'expression pour devenir sérieuse, pendant qu'Alexy m'observe avec interrogation. J'étais parti pour aller lire mon livre à la bibliothèque, mais je finis par m'asseoir à nouveau près d'eux.

- Qu'est-ce qui te met de si mauvaise humeur ?

- Je me suis engueulé avec Sonia.

Je sais pas si ce terme est le bon. Nous nous sommes pas non plus criées dessus comme une vraie engueulade. Je suis déçue d'elle, mais encore plus de moi. J'ai eu l'impression de revoir l'épisode quand j'ai commencé à découvrir que Ludivine m'a trompé. Les mensonges, la gêne et le silence pesant. Penser que Sonia me trompe m'ait impossible à supporter. Sauf qu'à la différence de mon ex, elle est angoissée. En dépression ? Du jour au lendemain ? Je n'y crois pas. L'accident de son père... Pourquoi elle ne me l'a pas dit plutôt ?! Ce n'est pas comme si c'était un secret confidentiel. La connaissant, elle serait la première personne à traverser tout le pays, même le globe pour être près de son père dans une situation pareille.

Cette grande incompréhension me rend malade, je ne sais plus quoi en penser. L'espace d'une minute, je me dis qu'elle est simplement triste et occupée entre la fac et son travail. Puis la minute d'après, je me dis qu'elle me ment clairement, qu'elle me cache des choses et qu'elle n'a pas envie de me voir. Si elle serait vraiment en dépression, la seule personne qu'elle aimerait voir, c'est moi... Je ne comprends pas. À force d'essayer de chercher des explications, j'en viens à m'enfoncer dans une colère inexplicable.

- Quand ?

Je relève les yeux vers Rosalya.

- Hier soir. Après mon service, je suis allé me rendre à sa chambre de campus. Elle n'était clairement pas contente de me voir, semblait même absente. Même pas de bisou...

- Elle était sûrement fatiguée, ajoute Alexy.

Ah oui ça, c'est sûr. Depuis des jours, elle n'est pas au meilleure de sa forme. Elle semble ne plus avoir d'appétit.

- Ou elle avait ses règles. Tu sais, une fille peut être vraiment épuisée et énervée à cette période-là.

Je sais bien sûr, mais à un point comme l'est Sonia, je ne pense pas que ça ne soit que ça.

- Je pense pas, pas autant.

- Et après ? me questionne Alexy.

- Après, elle m'a quand même laissé entrer. Mais elle s'est mise à pleurer quelques secondes après. Elle m'a expliqué qu'elle était fatiguée et qu'elle faisait une dépression parce que son père avait eu un accident.

Ils m'écoutent attentivement sans m'interrompre ce qui m'encourage à poursuivre :

- Mais ce qu'elle me disait n'était pas vraiment cohérent. Je lui ai demandé si elle est allée le voir, mais elle s'est comme sentie déstabilisée et m'a dit qu'il allait finalement bien. J'ai rien dis de plus. Mais après quelques minutes, j'ai finis par exploser parce qu'elle n'a pas voulu que je dorme pour prendre soin d'elle. Bien sûr, je me suis senti vexé et rejeté. Je lui ai fais comprendre que je ne comprenais pas pourquoi elle gardait pour elle sa tristesse. Puis je suis parti.

À la fin de mon récit, je prends ma tête entre mes mains en soupirant.

- Je pense qu'elle te cache quelque chose. Tu nous avais pas dit qu'elle était allée au médecin lundi dernier à cause de ses nausées et sa fatigue ?

J'hôche la tête en croisant le regard inquiet et réfléchi de Rosa. Son cerveau semble carburer à mille à l'heure. C'est depuis le début de semaine qu'elle a changé. Dimanche, elle semblait aller bien. En plus, je lui avais préparé un bon petit plat le midi qu'elle a bien mangé. Je ressens encore ses lèvres me faire perdre dans mon plaisir. Rien que d'y penser, j'en ai les papillons dans le ventre. Je ne supporterai pas qu'un autre homme m'ait volé ma petite amie. Sonia est la femme de ma vie, je l'aime à un point que personne ne peut envisager.

- Tu l'avais pas revu depuis quand avant hier soir ?

- Dimanche et elle semblait aller bien.

- Et si elle... on lui avait découvert une maladie... ce qui expliquerai pourquoi depuis qu'elle est revenue à Amoris, elle se sent si barbouillée, lâche Alexy.

- C'est ce que j'allais dire !

Ils ne savent pas pour les deux frères. Même si je pensais que ce serait à cause de mon passé qui a ressurgi que Sonia se sentait aussi mal, le raisonnement d'Alexy et de ma meilleure amie sonne bien.

- Et moi qui pensais qu'elle me trompait peut-être...

Je me sens tellement con d'un coup ! C'est vrai que ça aurait été rapide quand même. Dimanche tout semblait normale, et en l'espace de quelques jours, elle m'aurait remplacé par un autre ? Vraiment débile et précipité comme scénario.

- Je pense pas qu'elle soit allée vers un autre, Nath.

- Oui, vous deux vous êtes comme Roméo et Joséphine.

- Juliette, Alexy, réplique Rosa en soupirant d'exaspération devant la bourde de notre ami qui grogne à présent. Sérieux, Nathaniel, Sonia t'aimes, elle ne te ferait jamais ça.

Ce qu'elle me dit me réchauffe le coeur et je repense à tous nos beaux moments ce qui a le don de me rendre nostalgique. J'espère qu'elle dit la vérité...

- Pour son père, envois un message à sa demie-soeur en lui disant que Sonia t'as dit pour son père et que tu espères qu'il va bien. Tu verras alors si elle t'as dit la vérité.

Pourquoi je n'y ai pas pensé plutôt !? Alexy tape dans les mains de Rosalya en la qualifiant de génie pendant que je sors mon téléphone de ma poche et cherche aussitôt le contact de sa demie-soeur.

Moi : "Coucou Lucille, j'espère que vous allez tous bien. Sonia m'a appris pour l'accident de voiture de Matthew, j'espère vraiment qu'il va bien, je suis là au cas où. Bonne journée."

Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant