Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1

Chapitre 90 - Deux tristesses non dites

Nathaniel

— J'ai oublié de te dire quelque chose.

Je me retourne vers la voix sérieuse de Matthew dans mon dos. Je finis d'essuyer mes mains après les avoir lavées et me retourne vers lui. Mon sang ne fait qu'un tour à son regard dur, j'appréhende ce qu'il va me dire. Je suis plus tendu avec lui à cet instant que la fois où je l'ai rencontré pour la première fois. Je connais plus d'un père qui aurait mis le copain de sa fille hors de leur vie après avoir appris que celui-ci l'ait mis enceinte. Surtout avec mon passé, dont il est au courant qui a anéanti Sonia et qui a failli lui coûter la vie. Et pourtant, il nous a donné sa bénédiction. Mais je crains qu'il ne change d'avis et je le respecte tellement qu'il me sera impossible de le contredire.

— Je suis désolé pour ton père, Nathaniel.

Ah... Un soulagement me prend, mais est remplacé par une lourde émotion. Je suis fragile en ce moment, et c'est la première fois que j'entends ces mots sincères depuis bien plus de quatre ans. Il fourre les mains dans ses poches et scrute chacun de mes mouvements.

— Le mien aussi me battait, tu sais.

Quoi ? Le grand père de Sonia ? Je comprends alors pourquoi il n'y a aucune pitié dans son regard, mais ce sentiment d'empathie que je n'arrivais pas à déchiffrer et la raison de l'absence du père de Matthew à Noël. Sonia m'a dit que ses grands parents étaient divorcées. Sans doute qu'il était un homme sans cœur et qu'il ne fait plus partie de la famille des Sandas. Mon coeur bat trop fort dans ma poitrine et je sens mes mains trembler.

— Tu me ressembles beaucoup. J'étais très amoureux de la mère de Sonia, comme tu l'es pour ma fille.

Il s'approche naturellement et je déglutis en inspirant et expirant pour me concentrer sur ce qu'il me dit et non sur mon passé d'adolescent traumatisant.

— Mais à la différence de sa mère, Sonia a un coeur pure qui bat pour les autres et non pour elle. Je n'ai jamais vu une personne aussi peu égoïste. Enfin... jusqu'à ce que je te rencontre.

Il me sourit pendant que je sens mon corps avoir des bouffées de chaleur par les émotions. Sans attendre, il se rapproche encore et pose une main sur mon épaule.

— Si tu en as envie, pleure. Ne te retiens pas pour te montrer fort devant Sonia. Et parle-lui de tout, n'ai pas peur de la faire fuir par tes angoisses parce qu'elle ne le fera pas. Elle est forte et elle l'a toujours été, encore plus maintenant qu'elle t'as et avec ce que vous avez vécu. D'ailleurs, j'ai été surpris de voir que tu ne lui avais pas parlé de tes parents.

Je n'en reviens pas. Il pense aussi à mon bonheur, et pas qu'à celui de sa fille. Matthew est le beau père rêvé, mais aussi le père que j'ai prié tant de fois d'avoir. Comme une brûlure sur mes joues, mes larmes tombent et je cligne des yeux quand je m'en rends compte. Je ne peux pas pleurer devant lui. Mais alors que j'allais m'excuser, il m'encercle de ses bras puissants. D'abord surpris, je me fige, puis encercle son dos.

— T'es comme un fils pour moi, sache-le. Si tu as besoin, je suis là.

Il veut me faire chialer comme une madeleine, je crois. Mon coeur est léger, mais si mélancolique. Il ne doute pas une seconde de mon amour, de ma sincérité et de mon engagement pour sa fille et j'en suis le plus heureux.

— Libère ta tristesse, je sens que tu en as besoin. Se renfermer sur sois-même, c'est jamais bon.

Il vient de me faire prendre conscience que je n'ai pas véritablement expulsé toute ma tristesse de ce qu'a enduré Sonia, mais aussi de tout, de vraiment tous mes chagrins. Mon père, ma mère, Pierre, Florent, Ambre et puis Sonia. Je sais par la force avec laquelle il me tient contre lui qu'il ne compte pas me lâcher. Alors je m'exécute et repense à tout ça avec l'envie de m'en libérer une bonne fois pour toute. Il soutient ma tête contre son épaule avec une de ses mains qui carresse mes cheveux doucement. Jamais, je ne me suis abandonné contre quelqu'un. Ce soir, je ne m'appitoie pas sur mon sort, je pleure pour avancer. À mesure que les minutes passent, mes larmes se transforment en joie.