Chapitre 84 - Retour au quotidien

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Nathaniel

[lundi 20 janvier]

Retourner au poste de police me fait réaliser davantage que les deux frères s'en sont encore pris à ma famille. C'est le coeur lourd que j'entre dans la cabine où je peux voir Florent, assis sur une chaise, les bras croisés sur la table devant lui. Marc, un des seconds importants de l'adjudant Fossier l'interroge sur les manigances de son frère.

Ce qui est sûr, c'est que je peux compter sur mes collègues pour arrêter Pierre Aliguar. Le lieutenant Fossier attendait avec impatience un feu vert pour le mettre enfin sous les barreaux. D'après ce que j'ai compris, Marc lui pose des questions sur les affaires louches de son frère afin d'avoir des noms. Ils veulent faire cesser l'activité de ces dealers une bonne fois pour toute.

Je n'ai pas le temps d'attendre la réponse de Florent après une énième question que la voix basse du lieutenant Fossier glisse sous mon oreille droite :

- Je suis réellement content de te voir reprendre du service, Jacott.

L'éclat bienveillant que je vois dans ses yeux fait disparaitre ma colère, et la remplace par une grande motivation. Depuis le jour où j'ai appris que Sonia avait fait une tentative de suicide, je n'étais pas revenu. D'après ce que je lis dans son regard, mon commissaire cache une surprise et une fierté sous sa joie. C'est vrai que j'aurais pu encore rester à mon appartement, mais surtout au près de Sonia, mais je me devais de revenir ici pour oublier l'épisode dramatique de jeudi, et d'avancer.

Aujourd'hui, Sonia voit sa belle-mère et sa demie-soeur alors je n'ai pas besoin de m'inquiéter pour elle.

- Je suis content aussi. Merci beaucoup.

Mes derniers mots lui vont droit au coeur puisqu'il pose une main virile sur mon épaule. Il sait que je ne le remercie pas que pour ce qu'il vient de me dire, mais pour son soutien et sa gentillesse avec laquelle il a pris soin de s'occuper de cette affaire et m'a donné quelques jours d'arrêt de travail.

- Comment se porte ta petite amie ? me demande-t-il d'une voix encore plus basse pour que notre discussion ne regarde que nous.

J'ai le cœur qui palpite. Monsieur Fossier ne réalise pas à quel point cette petite discussion me touche. Je suis sûrement sensible, mais ces mots tournés intimement et hors professionnelle me donnent les larmes aux yeux. Lui et le père de Sonia sont mes exemples, mais surtout ils me font encore plus regretter d'avoir le père que j'ai.

- Elle... Elle va mieux. Je ne sais pas si elle réalise ce qui lui est arrivé, elle ne m'a adressé aucun mot, juste des pleurs. Elle a parlé avec son père et son oncle. Je pense qu'elle... qu'elle n'est pas encore prête à discuter avec moi de tout ça.

Je ne sais pas exactement quoi lui dire puisque nous n'avons jamais parlé de ma petite amie ensemble jusqu'à jeudi. C'est là qu'il a sûrement appris son existence.

- Elle sait que nous avons coincé son harceleur ?

- Oui.

- Ta copine aura besoin d'un psychologue après ce qu'elle a vécu.

J'en ai déjà discuté avec son père. Il attendait de lui en parler même si son médecin vient la voir tous les jours pour s'entretenir avec elle. Commissaire Fossier prend congé de notre petite discussion puisqu'il a du travail qui l'attend. Il lâche mon épaule avec lenteur comme pour me montrer encore son soutien.

Mon téléphone affiche la fin de la journée. 21 h 17. Le souvenir de nos retrouvailles du soir avec Sonia après nos grosses journées me paraît tellement loin. Maintenant je suis là, à regarder le ciel noir sublimer le paysage. Je ne peux pas expliquer à quel point le besoin de voir Sonia me rend si triste. Les heures de visite sont passées, surtout qu'elle doit se reposer. Un appel, un message, je n'ose même pas. Je ne l'ai vue qu'une fois. Je n'ai pas encore entendu le son de sa voix depuis ce qui s'est passé. Elle a pleuré, puis dormi contre moi.

Une Première Fois [Amour Sucré Nathaniel] Réécriture T1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant