Chapitre 45

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Prenant appui sur mes mains, je me lève. Terrifiée par cette masse lumineuse dont je peine à voir le sommet, je recule à vive allure, mais rapidement la fin du chemin m'impose l'immobilisation totale avant que je ne chute dans une fosse aussi noire que les ténèbres.

Je soupir de soulagement, c'en était moins une.

À quoi ai-je à faire ? C'est avec crainte que je me retourne afin de faire face à cette chose. Grâce à cet éloignement, j'arrive enfin à voir ce qu'il se cachait en hauteur : Sa tête. De mes yeux exorbités et ma mâchoire ayant déjà rejoint le sol, je découvre avec stupéfaction cette majestuosité plantée devant moi...

Un oiseau géant.

La pureté se dégageant de sa prestance en est presque écrasante. Son plumage d'un blanc éclatant réfléchit une aura brillante. Sur sa tête trône une crête, assez longue pour redescendre en harmonie sur son cou. Ses ailes rabattues le long de son corps pourraient affiner sa taille si celle-ci n'était pas déjà immanence. Quant à sa queue, elle se termine par de longues plumes recourbées à ses pattes, faisant penser à celles d'un paon albinos.

Il est magnifique... Mais pourquoi se retrouve-t-il avec moi ? Où sont passé les autres ? Je ne suis plus dans la forêt. En détaillant les alentours, comme je le pressentais, cet endroit m'est bien familier, on dirait le sommet de la montagne où j'ai trouvé Thomas, à la différence que le plateau est vide, il n'y a plus la grotte où séjournait le frère de Peter.

— Keira.

Sous la surprise, les battements de mon cœur s'accélèrent. Ai-je rêvé ? Mon regard se plonge dans celui de l'oiseau qui vient de nommer mon prénom. La sérénité s'étant dégagée de son timbre est ahurissante, tout en lui respire sagesse et bonté, il n'a pas l'air méchant, pourtant ma mauvaise expérience avec Thomas m'impose de rester sur mes gardes. Mais actuellement mon attention reste portée sur le premier point.

— Vous parlez ?! Un oiseau géant qui parle...

J'aurais tout vu dans ce monde. Rien n'est jamais ce à quoi on pense en premier lieu.

— Je ne suis pas qu'un simple oiseau, je suis le Phénix blanc, l'oiseau de lumière, l'âme du Pays Imaginaire. Je ne vis que pour que ce monde resplendisse de beauté et de joie.

L'âme du Pays Imaginaire ? Serait-ce possible que l'âme pure dont me parlait le Grand Sage soit en réalité cet oiseau ? Les âmes des jumeaux ayant été corrompues toutes les deux, j'ai compris qu'aucune d'elle ne peut prétendre à ce titre actuellement. Si c'est bien le cas, je me suis trompée sur toute la ligne...

Même en étant sur mes gardes, je ne peux nier que cet oiseau respire la pureté à plein nez c'est une évidence. Je me suis focalisé sur les ombres des garçons en pensant que derrière leur noirceur la pureté était présente, mais cette lumière en eux ne sera jamais assez suffisante qu'une âme pure d'entrée. Pourtant, le Grand Sage m'avait bien dit que l'âme pure se trouvait sur la montagne, mais c'est Thomas que j'ai trouvé, pas cet oiseau... Je ne comprends plus rien.

— Je sens en toi une profonde confusion.
— Je suis perdue...
— Je suis ici pour mettre en lumière toutes les réponses qui t'ont paru flou jusque-là. Si je t'ai emmené sur cette montagne c'est parce que j'ai besoin de toi, fille du bateau.

Encore ce surnom... Pourquoi me l'attribuent-ils tous alors que je n'ai aucune possibilité de changer la situation ? Je n'en peux plus de l'entendre, je suis impuissante face au désastre de ce monde.

— Arrêtez de m'appeler ainsi, je ne peux rien pour vous je ne suis qu'une simple humaine... Je vous suis inutile.
— Ton statut d'humaine ne définit pas ta valeur, seule la simplicité te conduira sur le chemin de la victoire. Si je t'ai choisi, c'est parce que je crois aux valeurs qui font de toi qui tu es.

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant