L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)

Chapitre 48

De son visage ayant repris sa froideur naturelle, Thomas se retourne pour faire face à la princesse indienne. Se rapprochant pour s'asseoir au bout du lit, alors que celle-ci se redresse en tailleur pour dévisager son interlocuteur avec intérêt et curiosité.

— Lily, qu'attends-tu de mon frère ?

— Comment ça ?

— Est-ce que tu l'aimes vraiment ?

Elle l'observe avec incompréhension, se demandant sans doute pourquoi il aborde un ton si cérémonieux, mais sans le relever elle lui répond :

— Bien sûr que j'aime Peter. Je l'aime comme une folle. J'aimerais qu'il soit avec moi pour toujours, qu'on vive tous les jours de nouvelles aventures et... Aussi... Qu'avec le temps, on fonde une famille et vieillisse ensemble...

— Mais ce que Lily ne savait pas, intervient le phénix, c'est qu'au-delà de dix-sept ans la croissance des jumeaux serait stoppée.

Alors que l'émerveillement s'imprègne des prunelles brunes de la princesse, le bruit d'un d'éclat vient de retentir...

Est-il seulement réel, ou est-ce plutôt l'éclatement de mon cœur qui vient de raisonner dans ma poitrine ?

Thomas et moi abordons la même posture, droite et tendue, dépourvue de chaleur, glacés par cette révélation. Mais je doute que nos raisons soient les mêmes...

Si moi, la confession de Lily a eu pour effet de diviser les débris éclatés de mon cœur en repensant à elle, tout en réalisant que son rêve ne se serait jamais réalisé, Thomas, lui, semble bouillir de l'intérieur.

Ses mains sont crispées autour du bout de drap qu'il a agrippé pour contenir sa colère grandissante.

C'est sans demander son reste qu'il se lève pour quitter les lieux, furibond, ignorant les nombreux appels déconcertés de son amie. Arrivé au pied de l'arbre, il tombe nez à nez avec son jumeau.

— Où t'étais ?

— J'étais allé voir le grand chef indien, lui répond Peter. Pourquoi ?

— C'est plutôt à moi de te demander pourquoi.

Le sourire de Peter contraste assez avec le visage excédé de Thomas. À croire qu'il est sur un petit nuage, ignorant les éclairs que lui lance son frère.

— Il voulait me voir pour formaliser les choses.

— Formaliser ? De quoi tu parles ?

— Avec Lily. Il voulait être sûr que je sois sérieux avec sa fille. En me menaçant de ne pas la faire souffrir et le truc habituel des pères, conclut-il d'un mouvement négligé de la main.

— Et qu'est-ce que tu lui as dit ?

— Ben que j'aime Lily. Il n'a pas à s'inquiéter, jamais je ne la quitterai.

— Tu penses un peu à notre avenir ? s'agace Thomas.

— Comment ça notre avenir ?

— Tu comptes rester ici toute ta vie ? Avoir une jolie petite vie de famille avec ta fichue princesse, sans penser que dans notre monde, notre vrai monde, nos parents sont toujours là et ne cessent de vieillir ! Tu penses à eux ? Tu penses à cette différence de temps entre les deux mondes ?

— Arrête...

— Regarde les choses en face et arrête de te voiler la face, Peter ! Si nous on n'a que quinze ans, tu crois qu'eux ils ont quel âge, là ? Sont-ils seulement encore vivants ? Tu penses à ça, hein ? Bien sûr que non, tu ne penses qu'à cette idiote de Lily toute la sainte journée !