L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)

Chapitre 1

— Keira, j'ai froid.

Navrée et rongée par l'impuissance, je regarde Caleb sans pouvoir dire mot. Je ne sais depuis combien de temps nous avons laissé notre navire, mais nous n'avons pas changé de place dès lors. Et en tenues de nuit nous sommes d'autant plus exposés au vent glacial de l'océan.

Moi je peux le supporter, j'ai 17 ans, mais les 9 ans de Caleb le rendent plus vulnérable et je ne voudrais pas qu'il s'enrhume.

— Excusez-moi...

Ma demande est restée en suspens avec l'arrivée d'un homme que je n'avais pas encore remarqué à bord. Ses bottes en cuir raisonnent sur le bois du pont et son gilet noir brodé d'or est en accord avec son tricorne à plumes.

Ses longs cheveux bouclés noirs allongent son visage barbu. Je détaille sans gêne cet homme mince qui s'avance aisément vers nous, lorsque mon regard s'attarde sur un élément qui fait soudain écho à mes souvenirs d'enfance.

— Keira, me souffle Caleb. Regarde sa main droite.

Apparemment il a remarqué la même chose que moi. À la place de sa main droite, un crochet y est présent. Cela ne peut être possible ? Son regard de glace me scrute avant qu'il ne pointe son crochet d'argent dans ma direction.

— C'est quoi ça ?

Je reste estomaquée par le dédain qu'il me porte. Jamais on ne m'avait manqué autant de respect.

— Eh bien, c'est une jeune fille, mon capitaine, lui répond l'homme au bonnet rouge qui accourt à sa droite.

— Je sais que c'est une fille. Je veux dire, ajoute calmement le capitaine avant de hausser brutalement le ton. J'avais demandé de prendre le garçon alors pourquoi je me retrouve avec un garçon et une fille sur mon navire ?

Un silence de mort flotte sur le pont, l'angoisse de ces pirates est aussi limpide que la rage qui émane de leur capitaine. Une peur soudain réduite par la bravoure d'un de mes ravisseurs qui se dévoue à répondre à la question restée en suspens :

— Nous... Nous avons eu quelques complications, capitaine. Alors, nous avons préféré prendre aussi la fille.

— Quelques complications, répète l'intéressé avant de lâcher rire faussement sincère.

Et sans perdre une seconde, il dégaine son arme et tire de sang froid sur son matelot, nous arrachant à Caleb et moi des cris d'horreur.

— Caleb, ferme les yeux.

— J'ai déjà vu, se plaint-il à mon égard.

Mon Dieu, combien de morts a-t-il vu en cette sombre soirée ? J'en ai un haut le cœur rien qu'en y pensant.

— Capitaine, qu'allons-nous faire de la fille ? demande un des hommes qui retenait Caleb plus tôt.

— Nous la jetterons plus tard à la bête.

Mon cœur rate un battement alors que des sueurs froides dévalent mes membres. Je sens le regard terrorisé de mon frère sur ma personne. Malheur, mais où sommes-nous tombés ? Discuter avec cet homme sera-t-il bénéfique ?

— Monsieur Mouche !

— Oui capitaine ? répond surpris l'homme au bonnet rouge.

— Keira, me chuchote Caleb.

— Oui, je sais.

C'est bien ce à quoi je pensais plus tôt, nous sommes bien sur le bateau du Capitaine Crochet. Et dire que je pensais qu'il ne s'agissait que d'une légende, eh bien il est plus réel et terrifiant que ces contes posés dans la bibliothèque.