L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)

Chapitre 24

Je sens qu'il se contient pour ne pas me le planter dans la tête. Mais c'est comme s'il l'avait réellement fait dans mon cœur, je suis blessée par son insulte. Peter est hors de lui, je ne l'ai jamais vu ainsi, même le jour de notre arrivée il n'était pas aussi en colère... Sur l'instant il me terrifie, j'en tremble même, mais je ne peux pas flancher, pas en cet instant, pas après tout ce que j'ai traversé pour ramener Thomas. Car si j'ai fait tout ça, c'est pour son bien à lui.

Alors comment ose-t-il me traiter d'idiote ? Ça fait mal. Je retiens mes larmes qui menacent de trahir ma faiblesse et rassemble tout mon courage pour lui répondre en toute fermeté :

— Oui.

— Non tu ne sais pas ! hurle-t-il plus fort que moi.

— Peter, calme-toi, intervient Thomas en se plaçant à mes côtés.

— Toi tu la ferme ! fulmine-t-il en déviant l'arme vers son frère.

— Et tu crois que je vais t'écouter bien sagement sans rien dire ? Non, c'est fini. Tu m'as tenu éloigné trop longtemps, maintenant je reprends ma place au Pays Imaginaire.

— Jamais je te laisserai reprendre ta place.

Peter range finalement son poignard pour empoigner fermement le col de mon voisin.

— Tu m'entends ? Jamais.

Thomas se contente de rigoler sans se défendre. Mais dans toute cette violence, je réalise qu'il avait raison. Peter a tout fait pour me cacher l'existence de son frère, mais une fois face à lui, il me prouve qu'il me l'a sciemment effacé de sa vie, souhaitant vraiment le supprimer de l'histoire.

— Tu avais un jumeau et tu ne me l'as jamais dit, pourquoi ?

Avant que Peter ne me réponde, Thomas le devance, sûr de lui :

— Oui Peter, pourquoi tu ne lui as jamais parlé de moi ?

— Parce que tu n'es qu'un monstre ! s'emporte-t-il.

Il resserre sa prise et personne ne réagit. Les Garçons Perdus ne sont qu'observateurs de la scène, aucun d'eux ne semble choqué de voir que Peter a un jumeau, c'est comme s'ils le connaissaient déjà. Mais pourquoi n'essaient-t-ils pas de les séparer ? Je serais tenté d'intervenir mais j'ai aussi envie d'en savoir plus.

— Moi, un monstre ? Mais regarde-toi Peter, tu n'es plus comme avant !

— Regarde-toi dans un miroir avant de me jeter la pierre. Tout est de ta faute !

— De ma faute ? s'insurge Thomas, amusé.

— Oui !

— Qui m'a lâchement abandonné aux mains de Crochet pour t'enticher d'une fille qui n'en n'avait rien à faire de toi ?

Le ton a haussé du côté de Thomas, il repousse Peter alors que je m'éloigne d'eux pour faire comme les autres : Écouter leur débat en toute précaution.

— Ne parle pas d'elle comme ça ! s'agace Peter en menaçant son frère du doigt.

— Tu sais que j'ai raison. Elle est partie, elle t'a abandonné pour grandir, et toi, qu'as-tu fais ? Tu as attendu qu'elle te laisse pour venir me chercher ! Alors que tu avais promis que tu viendrais dès ton retour au Pays Imaginaire. Et si j'étais déjà mort à ton arrivée sur le bateau de Crochet ? T'aurais fait quoi ?

Thomas s'avance, confiant, face à son frère qui lui semble bouillir, en proie à un combat interne qu'il a du mal à contenir. Sa mâchoire se contracte de rage, il s'en veut, c'est clair comme de l'eau de roche, mais trop orgueilleux pour baisser totalement les armes.