L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)

Chapitre 46

Cette réalité me foudroie sur place, je peine à contrôler mes tremblements. Même la mère de Lily a fait les frais de cette horrible sorcière.

— Ce fut le premier meurtre d'Inkaha au Pays Imaginaire, m'informe le phénix.
— Mais pourquoi tuer la mère de Lily ?

Et dire qu'elle a pris la mère et la fille... Cette femme est un monstre !

— Elle était une cible parfaite pour elle, Chilali représentait la sagesse, la bonté et l'amour. Pour grandir et s'élever en puissance, sa magie noire avait besoin d'aspirer la vie de cette femme née sous l'étoile du soleil. Ma mère étant née sous l'étoile de la lune, Inkaha a pu réunir la force de ces deux luminaires pour les détourner en force maléfique. Mais un cœur possédant ces deux forces existait dans un autre monde, ce cœur lui permettrait de s'approprier ce monde ainsi que le vôtre. Elle pensait qu'il s'agissait de ton frère, mais ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il s'agissait du tien.

La surprise est si grande que je remercie secrètement ma faiblesse de me garder au sol. Comment est-ce possible ?

— Inkaha était persuadé d'avoir le bon raisonnement, mais ne pouvant quitter le Pays Imaginaire, elle a conclu un marché avec le capitaine Crochet. Celui-ci devait lui ramener le garçon, mais son sacrifice n'aurait rien changé, car c'est le tien qui aurait scellé son sort.

— Je ne comprends pas, qu'ai-je de si particulier pour posséder ce cœur si unique dont vous parlez ? Ce n'est pas possible, je ne suis qu'une simple humaine sans pouvoirs magiques, je n'ai pas la prétention de dire que je suis exceptionnelle, c'est tout le contraire.

— La magie ne coule peut-être pas dans tes veines, mais l'amour oui. L'amour est plus puissant que n'importe quelle magie, tous mondes confondus. Tu as prouvé à de nombreuses reprises ton dévouement et ta force. Les lunes et les soleils étaient réunis le jour de ta naissance, dans ce monde et dans le tien, un événement qui ne s'était jamais produit.

Je le regarde ahuri. Comment peut-il savoir qu'au même instant où une éclipse assombrissait le ciel, je naissais ? Je conviens qu'il sache ce qu'il se passe dans ce monde, mais dans le miens ? Et comme un écho à mes pensées, il me répond :

— Les phénix ne sont pas limité au Pays Imaginaire, ils savent ce qu'il se passe dans tous les mondes. Le passé, le présent et le futur. Lorsqu'un phénix couve son œuf, il transmet tout son savoir à son petit, c'est là que m'a été transmis cette prophétie :

"Les ténèbres naîtront dans l'ombre de la lune, dévorant la lumière et la bonté. La fille du soleil et de la lune née dans l'ombre des deux mondes, par les eaux arrivera, et scellera le sort du Pays Imaginaire. Entre ses mains, celui-ci rayonnera ou plongera dans les ténèbres."

— Je crois en toi, je suis sûr que tu feras le bon choix, poursuit-il.
— Mais quel choix ?
— Poursuivons, tu comprendras après.

Son aile déployée laisse place à de nouvelles images, celles d'une famille d'aristocrates assise autour d'une table rectangulaire à diner. Le père, au visage fermé, est concentré sur la viande qu'il découpe dans son assiette, la mère – lui faisant face, de son visage neutre, fait de même. Au centre, deux adolescents se font face, la tête baissée. Étonnamment les deux garçons se ressemblent comme deux gouttes d'eau.

Serait-ce là le passé des jumeaux Pan ?

Oui, j'en suis à présent sûre. Bien que leurs habits et leur coiffure respirent la noblesse, ils ont le même visage qu'à présent, à la différence de quelques années en moins. Je leur donnerais sur ces images, douze ans. Mais je suis plus étonnée par l'ambiance qui règne que par leur âge, rien sur cette table n'énonce une quelconque joie de vivre, cette famille est aussi morne qu'une pierre plate.