Chapitre 19

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Mon cœur battant à la chamade est un traître, il est impossible que Peter ne le ressente pas à l'intérieur de son propre corps. Pourtant il ne fait aucun commentaire, le silence reste maître de l'instant. Le temps semble en suspens entre nous, seul le bruit de l'eau me confirme que tout est réel.

Pourquoi fait-il ça ? 

Pourquoi ses lèvres sont-elles si proches des miennes, alors qu'il m'avait clairement fait comprendre qu'il ne ferait rien sans mon accord. Mais surtout, pourquoi je ne le repousse pas ?

Je suis pétrifiée. Son regard m'aspire, il m'envoûte. Cet océan émeraude vient de noyer les derniers fragments de ma raison. Comment suis-je censée respirer alors que son étreinte se resserre autour de ma taille, me faisant prisonnière de son être. Peter s'imprègne de mon âme, je suis impuissante et fébrile face à cette intensité de braise. 

Tente-t-il de lire en moi ? Est-ce que cette intimidation qu'il provoque en moi est visible ? Ma peau, m'a-t-elle démasqué ? Je prie pour qu'il ne ressente pas le trouble qui vient de me gagner. Pourquoi ne puis-je pas mettre de la distance entre lui et moi ?

Ma conscience tente de remonter en surface pour m'alerter, se frayant un chemin dans les eaux tumultueuses de la convoitise, mais ses lèvres à quelques centimètres des miennes... 

Je serais même tentée de...

— Ah ! hurlé-je de surprise.

Peter m'a sciemment lâché dans la crique avant d'éclater de rire. Je reste éberluée devant cette scène. Que vient-il de se passer ? 

Complètement déboussolée, je l'observe s'esclaffer comme un enfant. Ma température vient de chuter tel un iceberg s'écroulant dans l'Antarctique. Son rire unique pourrait m'apaiser et me donner envie de me joindre à lui, mais mon esprit a retrouvé toute sa raison. L'attendrissement, c'est fini. Je fulmine ! 

Comment ose-t-il embrouiller mon esprit avant de se rire de moi ainsi ? Avec lui j'ai l'impression d'être un simple jouet. Il fait ce qu'il veut de moi. Mes émotions, mes sentiments ? Il s'en moque. Pour lui je ne sers qu'à le divertir. D'un côté il parait doux, attentionné, vulnérable et gentil, mais de l'autre, il est insensible, narcissique, violent et effrayant.

Je n'en peux plus de lui. Il faut que je me reprenne, il n'est pas cette personne auquel je pensais, bien qu'il y ressemble parfois... Il est mauvais et menteur. C'est un loup caché dans la peau d'un agneau. Et là, c'est la goutte de trop.

— Sors d'ici !

Il s'arrête de rire brusquement avant de m'observer avec étonnement. Il ne s'attendait clairement pas à ce que je m'emporte ainsi, mais je ne supporte plus de le voir s'amuser en sachant tout ce qu'il est capable de faire. Je sais que je cours un grand risque en lui parlant ainsi, mais je suis... déçue.

— Je te rappelle que c'est chez moi, ici.

Voilà, comme je m'y attendais, son sourire narquois réapparaît. Il ne reste jamais longtemps sérieux, comme si rien ne l'atteignait vraiment. Ce qui me met hors de moi.

— Je n'en ai rien à faire, sors d'ici Peter Pan !

— Regardez-là piquer une crise comme une petite fille qui n'a pas eu ce qu'elle voulait.

Son rire est d'une insolence répugnante. Je ne peux que contester face à ses vaines accusations.

— Je ne voulais rien.

— Oh si, tu voulais que je t'embrasse, je l'ai vu dans ton regard. Je te fais de l'effet. Mais ne t'en fait pas, je te comprends, je suis Peter Pan !

J'en reste estomaquée. Il ouvre ses bras comme s'il était une merveille de la nature. Ce garçon n'a aucune humilité.

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant