Pourquoi fait-il ça ? Je n'ose même pas le lui demander, ou plutôt, je ne souhaite pas savoir. Je n'ai pas envie de briser ce moment où il semble être lui-même. Être dans les bras de quelqu'un en cet instant me procure un bien fou. J'ai cette sensation d'être en sécurité, comme si rien ne pouvait m'atteindre.
L'adrénaline semble m'abandonner dès l'instant où sa main se posent sur mes cheveux pour me rassurer de caresses. Étonnamment je n'envisage aucune objection. Depuis notre arrivée sur cette île je n'ai jamais pu baisser ma garde en m'appuyant sur quelqu'un.
J'ai toujours dû rester forte pour Caleb, ne montrant aucune faiblesse afin de ne pas l'inquiéter davantage sur notre situation. Durant tout ce temps je n'ai fait qu'encaisser seule les épreuves sans pouvoir me reposer réellement.
Habituellement ce sont nos parents qui ont le rôle de nous soutenir et nous encourager face aux épreuves de la vie, mais ici je suis seule à revêtir ce rôle auprès de Caleb alors qu'il n'y a personne pour le faire auprès de moi.
J'ai la sensation que Peter a ressenti ma détresse interne. C'est comme si cette soudaine tendresse à mon égard traduisait de multiples encouragements : « Ça ira », « Tu n'es pas seule », « Tu y arriveras ». C'est ce dont j'ai envie de croire.
— Ça va ?
Je me redresse, observant son regard empreint d'inquiétude lorsque ses mains rejoignent mes joues afin d'y essuyer leur humidité. Je n'avais pas réalisé que je pleurais. Murée dans mon silence, j'acquiesce à sa demande. Ce ne sont que les retombés de toute cette pression accumulée au fil des dernières heures.
En réponse, un sourire vient attendrir ses lèvres. Quelque peu troublée par la douceur qui émane de son regard et gênée par notre proximité, je me lève en prétextant dépoussiérer ma tenue pour éviter tout contact visuel avec lui.
— Aller, viens, ajoute-t-il en se relevant. Avant qu'il ne se décide à faire le tour.
Réalisant qu'il parle du Crocodile, mon corps se fige et mon regard se détourne vers le sommet de la falaise vide de mouvements.
— Il est à ce point déterminé ?
— Il est devenu grognon avec le temps, répond-il négligemment d'un haussement d'épaule.
Comme si cette réponse était suffisante, il disparaît derrière les arbres, m'obligeant à presser le pas pour ne pas le perdre en chemin. Après plusieurs minutes de marche, une question me taraude l'esprit : « A-t-il commis le meurtre des Cannibales de sa propre initiative, ou était-ce l'ombre qui avait pris le dessus à ce moment ? ».
Plus je l'observe de dos et plus je réalise à quel point il est complexe. Je sais qu'il n'est nullement fautif, mais ne pas savoir à quel moment il est lui-même est d'autant plus perturbant. Chacune de ses actions paraissent si sincères. Même lorsqu'il commet ses crimes, j'ai la sensation que tout ceci fait aussi parti de lui.
Pourtant, il m'est difficile de le détester totalement... Ai-je tort de penser ainsi ? Bon sang, je pense que je viens de perdre toute clarté d'esprit. Bien que je sache que Peter n'est pas réellement responsable de tous ces meurtres d'innocents, cela n'empêche que ça ne se fait pas. Je devrais peut-être arrêter d'excuser ses fautes.
— Keira, arrête de me fixer.
Comme prise en faute, je sursaute et détourne d'emblée le visage, feignant d'admirer le paysage verdâtre qui nous entoure, ce qui lui décroche un rire. C'est pas vrai, il est de dos, comment a-t-il pu le savoir ? Il ne manquerait plus qu'il voie mes joues se colorer de gêne. Mais un malheur n'arrivant jamais seul... comme s'il avait lu dans mon esprit, il met un terme brutalement à son avancée pour me faire face, sans me détacher du regard.
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L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)
FanfictionEn voulant sauver son petit frère d'un kidnapping, Keira se fait elle aussi enlever et emmener sur le bateau qui les avaient accosté. Mais rapidement, les deux prisonniers arrivent à s'enfuir et échouent sur une île qui ne leur est pas totalement in...