Chapitre 36

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— Mais tu n'es pas obligé de l'écouter ! Tu es un des maîtres de cette île, c'est toi qui devrais décider de ce que tu fais, pas elle !

Je tente de le raisonner, mais son regard se fait plus dure lorsqu'il le porte sur moi.

— Tu ne sais rien, hurle-t-il à me faire tressaillir sur place. Tu crois qu'être maître de cette île te donne pleins pouvoirs ?

Le ton monte. Dressé tel un dragon, sa fureur s'élevant dans les airs me brûlerait presque la peau. Qu'ai-je devant moi ? Alors qu'il s'approche de moi, sa poigne invisible se resserre autour du cou de Caleb, qui hurle presqu'à l'agonie et perd ses couleurs au fil des secondes. Ne pouvant plus supporter cette vision, je prends le risque de m'imposer.

— Arrête ! Laisse mon frère tranquille !

Je m'élance vers lui et lui agrippe ses vêtements afin d'avoir une bonne accroche. Surpris, il lâche un cri par la morsure que je lui inflige par la suite ; et par la même occasion, son emprise maléfique qu'il avait sur Caleb s'évanouit. Alors que j'entends mon frère retomber lourdement au sol, je persiste dans mon attaque.

Mais Thomas étant plus fort que moi, il m'éjecte d'un coup de bras, me faisant retrouver à nouveau le sol. Les fesses endolories par la chute, je n'ai nul le temps de reprendre mes esprits qu'il agrippe mon col pour me redresser à son niveau.

— Je voulais te laisser une chance, mais il semblerait que tu ne sois pas du même avis que moi, ajoute-t-il les dents serrés.

Bien que tétanisée par son regard sanglant, j'arrive à détourner les yeux vers Caleb. Aussi apeuré que moi, il me dévisage inquiet tout en ramassant sa boîte pour la cajoler contre lui, comme si celle-ci pouvait apaiser toutes ses craintes.

Ses lèvres murmurent mon prénom. Je tente de le rassurer en lui faisant comprendre que ça ira, de ne point s'inquiéter, mais lorsque que Thomas sort un poignard pour caresser ma joue de sa lame glacée, je tressaille.

— C'est dommage, tu étais si mignonne, quel gâchis.
— Thomas.

Mon cœur rate un battement au son de cette voix lui faisant dos. Est-ce bien ce à quoi je pense ? Alors qu'il se retourne, j'en profite pour suivre sa direction, et tombe en plein dans le regard de Peter.

Il est vivant ! Le Grand Sage l'a sauvé ! Des larmes imbibent mes yeux, dévalant joyeusement mes joues. Un poids vient de se retirer de ma conscience. J'aimerais tant lui demander s'il va bien. Je suis si heureuse.

Peter s'approche de son frère, mais un mouvement de recul l'encourage à froncer les sourcils, il doit être aussi surpris de voir que le vert chatoyant des yeux de son double a pris une teinte rougeâtre. Pourtant il garde son sang-froid lorsqu'il lui parle :

— Je te savais déjà fou, mais là... Lâche-là, conclu-t-il d'un ton ferme qui ne laisse place à la négociation.

Mais Thomas n'abandonne pas pour autant.

— Tu penses que je vais t'écouter ? crache-t-il.
— Pourtant tu écoutes Inkaha.

C'était la phrase à ne pas dire. Thomas explose de rage à l'énonciation du nom de la sorcière. Il me lâche d'emblée pour s'en prendre à son frère et le retenir par ses habits. Je me faufile discrètement sur le côté où je retrouve Caleb pour observer la scène. Lily fait de même et nous rejoint, tentant même de nous éloigner des frères, mais je refuse de partir sans Peter.

L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant