L'Ombre de Peter (Pause / Réécriture)

Chapitre 10

Mon corps est semblable à une feuille affaiblit par une tempête, frêle et tremblant.

Peter, lui, est accroupi face à moi, ses mains retiennent mes épaules d'une possible chute de mon être. Il ne cesse de me demander ce qu'il m'arrive, mais ses questions m'abandonnent avant que mon esprit ne réalise qu'il m'a parlé. Je n'ai pas dit un mot depuis son arrivée. Mon regard fixe le néant.

Que vient-il de se produire ? Était-ce mon imagination ou est-ce vraiment arrivé ?

— Keira, s'il te plaît parle-moi, me supplie Peter.

Sa main droite délaisse mon épaule pour caresser mes cheveux. Ce simple geste a le don de me ramener à la réalité et m'apaiser en douceur. Son regard rempli d'inquiétude s'encre au mien. Je m'en veux de lui causer autant de problèmes... Mais que dois-je lui dire ? Va-t-il seulement me croire si je lui raconte ce qu'il vient de se produire ?

Je ne sais même pas si c'était réel ou si ce n'était que le fruit de mon imagination, ça avait l'air tellement vrai. Je ne sais plus en quoi croire sur cette île... Entre les apparitions fictives des loups et à présent celle du Grand Sage, je commence à saturer. Ce monde porte bien son nom : Le Pays Imaginaire.

Mais si ces nouvelles apparitions sont belles et bien authentiques, l'esprit du Grand Sage m'a dit d'aller dans la montagne. Je trouve que cette zone de l'île suscite un peu trop de divergences.

À notre arrivée, le capitaine Crochet affirmait qu'une chose crainte par Peter y était présente. Juste après Peter disait qu'un monstre y vivait, avant de se rétracter pour affirmer qu'il blaguait et qu'il n'y avait rien sur cette montagne. Et maintenant le Grand Sage m'impose de m'y rendre pour trouver l'Âme Pure.

Qui dois-je croire dans tout ça ? Peter ? Contredisant tous ceux qui affirment qu'une chose y est présente, ou les deux autres ?

J'ai mal à la tête à trop réfléchir. Je ne veux plus y penser, je veux juste retrouver mon frère et le prendre dans mes bras. Je veux aussi retrouver mes parents, je n'en peux plus de cet endroit, je me sens impuissante et vulnérable.

— Keira...

La main de Peter rejoint ma joue pour y effacer quelques gouttes rebelles. Jusque-là je n'avais pas pris conscience que je pleurais.

— Je suis désolé...

— Pourquoi ? Que s'est-il passé ?

— Je veux rentrer chez moi... Revoir mes parents, je suis sûre qu'ils doivent s'inquiéter pour nous.

— Peut-être pas.

Cette simple réponse m'interpelle, au point d'en relever la tête pour l'observer avec incompréhension.

— Comment ça ? je demande intriguée.

— Le Pays Imaginaire n'a pas le même temps que votre monde. Il s'écoule beaucoup plus lentement, tellement qu'il en paraît figé.

Ne comprenant toujours pas ce qu'il veut dire, il poursuit :

— Des jours et des nuits peuvent passer, alors que dans votre monde, seuls des heures se sont écoulées.

— C'est vrai ?

Une lueur d'espoir semble briller au fond de mon être, se pourrait-il que...

— Oui, conclut-il avant de se lever et m'aider à faire de même.

Je suis sous le choc de cette révélation. En reprenant le chemin en direction de l'Arbre du Pendu, je n'ai pu résister à demander plus d'informations concernant le décalage horaire entre les deux mondes, mais Peter n'en sait pas plus.