Chapitre 34

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" - Non, cela fait trois ans que je ne lui parle plus. Mon cousin m'a dit qu'elle allait bien et, honnêtement, si ce n'était pas le cas, cela me ferait ni chaud, ni froid. (en baissant la tête)

- Quoi ? Tu te ne te préoccupes pas de ta mère ? Tu as une bonne raison au moins pour cracher sur la chance que tu as ? (en posant violemment ses couverts en fronçant les sourcils) * Non mais calme-toi gamin ! Quand on ne sait rien, on ne juge pas. *

- Oliver, tu te calmes tout de suite ! (intervient Georges)

- J'attends toujours tes "raisons" pour ignorer ta mère. (en se retournant vers moi, pendant que mes nerfs montent)

- J'ai mes raisons. (dis-je simplement)

- Dis-moi. J'ai hâte de savoir pourquoi la princesse ne veut pas de sa mère ! * Princesse ?  Il croit que ma vie est un conte de fées ? *

- Tu veux vraiment savoir ? (lui demandais-je sèchement pendant qu'il hoche de la tête) Ma mère m'a renié quand j'ai fait mon coming-out, elle m'a chassé de la maison. Ensuite, elle est responsable de la mort de mon père... 

- Ton père est mort d'une crise cardiaque. (me coupe-t-il)

- En effet, mais il était à la maison quand il a fait sa crise et si elle avait été là, il aurait pu survivre. Mais non ! Pourquoi rester avec son mari quand on peut s'envoyer son banquier ? (m'énervais-je) Et ensuite tu veux savoir ce que la " princesse " a vécu ? J'ai perdu mon bébé parce que mon ex-fiancé me battait. Ma mère ? Ça ne lui a rien fait et elle ne m'a pas aidé. Par contre dès que j'ai commencé à gagner de l'argent grâce à l'entreprise, là elle est miraculeusement revenue. Mes raisons te conviennent ou je crache encore trop sur ma chance ? (en le regardant, les larmes aux yeux) * Mais ce ne sont pas des larmes de peine, mais de colère. De la colère contre ma mère pour ce qu'elle a fait, contre Adam et contre lui, qui me juge sans me connaître. *  "

Il déglutit en baissant la tête, je regarde autour et vois que j'ai jeté un froid. Je m'excuse et me lève pour aller prendre l'air. Je sors dehors et m'arrête à la clôture pour respirer et me clamer. * Ils vont me détester maintenant, c'est sûr. J'ai déballé mon passé en criant sur Oliver. * Je tape rapidement du pied par terre en tirant sur ma chemise pour bien la blouser. * Une mauvaise habitude que j'ai quand je suis nerveuse. * Je m'acharne dessus et passe et repasse mes doigts sur ma tête afin de me calmer. 

J'entends des talons derrière moi et me retourne pour voir la mine inquiète de Mélysse. Elle s'approche en m'ouvrant ces bras pour que je m'y réfugie. J'enfouis ma tête dans son cou et inspire son odeur afin de me calmer. Je m'excuse pour ce que j'ai fait et elle me rassure en me disant que ce n'est pas grave, que ce n'était pas ma faute. Je relève la tête et vois que ses yeux sont un peu humides alors je pose ma main sur sa joue en lui souriant tendrement. Elle pose un léger baiser sur mes lèvres avant de me prendre la main pour m'entraîner dans la cour.

Il y a un petit banc en pierre, près d'un rosier bien entretenu. Elle me lâche la main pour que je puisse m'asseoir et c'est ce que je fais, tandis qu'elle reste debout, à fixer la place à mes côtés. Je lui prends le poignet et l'attire sur mes genoux, ayant compris qu'elle a peur de salir sa combinaison blanche. Je passe mes bras autour de ses hanches, pose ma tête contre son épaule pendant qu'elle s'appuie contre moi.

" - Je suis désolée pour Oliver, il n'aurait pas dû te parler comme ça et insister. Ma mère et Theresa lui ont remonté les bretelles et il tient à s'excuser auprès de toi.

- Pourquoi il parlait de " cracher sur ma chance " ? 

- Ses parents ont divorcé quand ils étaient encore petits, sa mère est partie et ils ne l'ont jamais revu. Tessa s'est habituée, mais lui, il a vraiment un manque.  

- Je comprends mieux sa réaction et je suis désolée pour sa mère. * C'est vrai que cela crée un manque, c'est un besoin d'avoir cette personne près de nous. *

- On est tous désolé pour ta mère, ce qu'elle a fait. J'aurais dû réagir dès qu'il a commencé... (grimace-t-elle)

- Tu n'aurais pas dû le découvrir comme cela. J'ai gâché ton repas de famille. (en posant mon front contre son omoplate)

- Non, ne dis pas ça. Oli' n'aurait pas dû insister et tu as réagi, c'est tout à fait normal, personne ne t'en veut et personne ne te juge pour ça. 

- J'ai peur. (soufflais-je)

- Tout va bien et on y retournera uniquement quand tu seras prête, d'accord ? (se retournant face à moi avec un léger sourire) "

Je hoche de la tête et elle se réinstalle comme avant. Je regarde le rosier à nos côtés et demande à Mélysse qui s'en occupe. On parle un peu de tout et de rien avant que je ne lui embrasse la joue pour lui signaler que je suis prête.

Nous pénétrons dans le salon et je souris à la famille Joyce pour les rassurer un peu. Oliver se lève, me prend à part et s'excuse de son comportement. Je le prends rapidement dans mes bras * faut pas exagérer non plus * et nous retournons à table. Elizabeth brise le silence en parlant de la France, annonçant qu'elle adore ce pays et qu'elle a insisté auprès de son mari pour que sa fille ait un prénom français. Elle me montre son niveau dans cette langue, qu'elle a appris malgré la difficulté de l'orthographe. C'est donc comme cela que je me retrouve à parler ma langue maternelle, sous le regard étonné des autres invités. 

Quelques heures plus tard, les aux revoirs fait, nous montons dans la voiture et reprenons les mêmes places qu'à l'allée. Je fredonne la chanson qui passe avant que les filles ne me rejoignent avec plus de voix. Nous chantons à tue-tête et éclatons de rire à la fin, car nous avons plus crié que chanté, mais bon.

Je m'avachis dans le canapé en soufflant, mais ma respiration se coupe quand Mélysse vient se laisser tomber sur moi. Theresa s'assoit plus calmement derrière ma tête et nous lançons un film. Une fois qu'il est terminé, nous mangeons et la blonde nous quitte. Nous prenons une douche et nous nous mettons directement au lit, épuisées par cette journée.

Avouerons-nous ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant