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Ça fait plusieurs minutes, voire heures, que je suis assise dans la salle d'attente de l'hôpital. Mes larmes ont complètement séché ce qui laisse transparaître une gueule bien dégueulasse. J'ai pas envie de me laver le visage, par peur de manquer le médecin qui pourrait apparaître soudainement pour me dire ce qu'il en est avec ce putain de diagnostic. Je le sens vraiment pas, j'ai une mauvaise intuition. S'il arrive quelque chose à ma maman, je me sentirais tellement fautive.

J'aurais dû rester avec elle cette soirée, au lieu de la passer avec des personnes qui ne le méritent même pas. Surtout ces temps-ci, j'ai pas arrêté de la délaisser. Alors que de base, j'étais tout le temps à ses côtés. Si ça avait été le cas maintenant, je ne pense pas que je serais à cette heure-ci à l'hôpital en train de me morfondre sur mon sort. J'ai la haine.

Si je perdais ma maman, plus rien ne serait pareil. Je vous parle rarement de ma vie familiale chaotique et de mon ressenti sur ce sujet. J'aime pas en parler. Mes parents sont divorcés, bon ça va, c'est pas si dramatique que ça, de nos jours c'est malheureusement fréquent. Bon, du coup, je vis avec ma mère. À deux. C'est peut être triste, mais on s'est habituée à notre petit train de vie monotone. Et si je la perdais... Franchement je ne préfère même pas savoir.

Je vais vous dire réellement, je suis trop attachée à ma mère. Genre vraiment. Quand j'étais petite déjà, je la collais tout le temps. Impossible de rester sans elle. À chaque fois qu'elle m'emmenait à la maternelle, je pleurais comme un bébé insupportable lorsqu'elle devait me quitter. J'ai gardé cette habitude de la coller partout, sauf ces derniers temps où limite je lui mentais pour pouvoir sortir. J'en suis pas fière. Mais je peux vous assurer qu'en aucun cas je délaissais ma maman. D'ailleurs, je comptais vivre avec elle jusqu'à ma mort. La mettre bien, loin du stress, au bord de la mer, lui offrir tout ce dont elle rêve. Je crois qu'au final c'est ça mon rêve. Mettre bien ma maman.

Le médecin décide enfin d'arriver.

Médecin - Bonsoir, vous êtes ?

- Sa fille

Médecin - Hum... très bien... Alors pour commencer, votre mère se porte très bien, elle est réveillée, son malaise est simplement dû à un manque de fer, rien de très grave, on vous transcrira des cachets d'ici trois jours sa carence en fer sera résolue, mais...

Mais ? Je vois qu'il prend un certain temps avant de continuer. Ça sent mauvais...

Médecin - En l'analysant, on a pu remarquer que... qu'une tumeur se développait dans ses poumons

Il s'arrête avant de reprendre son souffle.

Médecin - Votre mère est atteinte d'un cancer du poumon

À l'entente de cette phrase, je m'éffondre. Ma vue se brouille et les larmes recoulent à flot. Cancer du poumon... le truc où t'as 85% de chance de crever. C'est un gros choc pour moi. Jamais j'aurais pu imaginer ça. Jamais.

Médecin - On souhaiterait la garder toute la semaine pour faire des tests afin d'en savoir plus sur la tumeur, ça risque d'être long mais nous avons besoin de précisions pour un traitement adapté

Tout ce qu'il dit me passe au dessus. Ça fait un certain moment que je ne l'écoute plus. C'est un blocage que j'ai. Ma température corporelle augmente ainsi que mes battements de coeur. J'angoisse. Ma mère a un cancer bordel, et je peux rien y faire. Juste la laisser entre les mains des médecins et prier pour qu'elle ait de la chance. Le médecin me regarde et ne sait pas quoi faire, c'est sûr qu'être dans sa position ne doit pas être facile. Je décide alors de me calmer, je n'ai aucunement envie qu'il me prenne avec pitié. Même si à cette heure-ci j'ai besoin de réconfort.

On s'est oublié en basOù les histoires vivent. Découvrez maintenant