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Monsieur n'a pas voulu qu'on aille de suite à l'hôtel. Monsieur a préféré qu'on aille manger une glace au bord de la mer.

Je cite « Wesh on va pas mi-dor maintenant ta race, tu veux dormir tu retournes à Paname », parce que c'est pas lui qui a enchaîné huit heures de cours...

Moi et le sommeil, c'est sacré. J'ai toujours été une grande dormeuse, j'aime dormir, j'aime rêver. Mais je suis d'accord sur le fait que perdre mon temps à dormir à Alicante m'enchante pas trop, alors j'ai suivi Nabil dans sa folie et son envie de glace à 00h38.

On est arrivé sur une terrasse, le fait qu'elle ne soit pas fermée m'a étonné mais je me suis rappelé qu'en Espagne, ils sont décalés par rapport à nous. Ils aiment la nuit, ils vivent la nuit. La vida loca quoi.

- Bilou n'est plus au régime ?

Nabil - C'qui s'passe en Espagne, reste en Espagne

Il me fait un clin d'œil. On choisit nos parfums de glace, et je note dans ma tête que Nabil a une préférence pour le mélange vanille chocolat. On sort sur la terrasse afin de se poser et de profiter de la vue. La mer est calme, la fine fraîcheur de la brise nous apaise et c'est en silence qu'on commence à déguster nos crèmes glacées.

Ça ne dure pas longtemps, je décide de couper ce silence. Je suis seule avec Nabil à quelques centaines de kilomètres de mon milieu habituel, il est clair que je vais en profiter.

- Il fait bon

Bon, nul à chier comme démarche. Mais que dire ? « Nabil t'es trop beau » ? Non merci. Même si c'est le cas, malgré ses grosses cernes il reste toujours aussi charismatique mais punaise, je suis fatiguée de le trouver beau.

Nabil - J'suis content d'avoir pu bouger j'commençais à tourner en rond

Merci ! Il a été apte à comprendre qu'il fallait briser ce silence et il a même fait l'effort d'aligner des mots. Merci.

- Moi aussi j'suis contente d'être ici, merci

Nabil - J't'ai dit m'remercie pas tu m'énerves, et t'as d'la glace sur le nez, apprends à graille wesh on dirait un bébé

Il explose de rire en se moquant bien de moi. Roh ça va, c'est bon. Lui sa glace il l'a mangé en deux secondes et surtout en croquant dedans. Un extraterrestre le mec. J'ai jamais compris comment vous pouviez manger ça comme ça bande d'ogres.

Je m'essuie sous les humiliations mignonnes de mon interlocuteur, et on continue à discuter de tout et n'importe quoi. Je sens un regard insistant sur nous. Un groupe de trois meufs assises derrière Nabil qui n'arrêtent pas de le fixer.

Le truc c'est que j'ai bien conscience que c'est totalement le genre de meufs qui pourraient lui plaire. Non je n'ai pas passé une nuit entière à fouiller sur son facebook en regardant tous les profils du sexe opposé qui mettaient j'aimes sur ses photos ! Bon, ok, vite fait. Mais bref, ça change pas que c'est le genre de bomba latina qui taperait à l'œil Nabil, alors me sentant menacée, je pose ma main sur la sienne en plongeant mon regard dans le sien afin de ne plus me concentrer sur ces femelles assoiffées de mon Nabil. Peut-être que je suis paranoïaque, moi je dirais juste que j'ai toujours ce manque de confiance en moi qui me pourrit la vie. Mais je ne suis pas jalouse non plus. Juste histoire de...

Nabil sent que je suis ailleurs depuis quelques secondes, et mes yeux me trahissent lorsque mes pupilles brisent le lien entre celles de Nabil pour se poser un millième de seconde sur la table où sont postiches les filles. Juste un petit millième de seconde qui a été largement suffisant pour qu'il comprenne la situation.

On s'est oublié en basOù les histoires vivent. Découvrez maintenant