1💄:Le récit d'un choix inébranlable

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Anna Cissé

Je déteste ces journées caniculaires . La chaleur me rend d'une humeur exécrable, et aujourd'hui ne fait pas exception. Me voilà assise sous le manguier de notre cour, cet arbre centenaire qui, d'habitude, est mon meilleur allié contre ces rayons impitoyables. Mais même lui semble m'avoir trahie aujourd'hui, son feuillage ne m'offrant qu'une protection dérisoire contre ce soleil de plomb.

Et comme si cette chaleur ne suffisait pas à me tourmenter, mes amis – que le ciel leur pardonne – ont choisi précisément ce moment pour m'assiéger. Les voilà qui m'entourent, bavardant sans répit, gesticulant comme des marionnettes. Je les entends à peine, leur voix se mêlant au bourdonnement de cette chaleur qui m'étourdit. Elles pensent pouvoir me faire changer d'avis tout en ignorant qu'elles ne peuvent pas réussir la ou ma mère a échoué.  

- Ay Anna, li louko fi diar Buzz

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- Ay Anna, li louko fi diar Buzz. Pa bi nga khamni dafa maguatte ba khobidass ngani dangaye seuyak mom li dé koumako wakhone doumako gueume. Yama bëëtt."

Traduction: Anna, si on m'avait dit un jour que tu épouserais ce vieil homme pour faire parler de toi, je n'y aurais jamais cru. Tu me déçois profondément.

Ces mots viennent de Mamita une de mes amis, notre histoire commune me fait encore sourire jusqu'aux larmes.Nous avons partagé les mêmes bancs au lycée Gaston Berger de Guédiawaye. Mamita brillait en anglais, parlant comme si elle avait grandi à Londres.

Tous nos camarades l'admiraient, sauf moi. J'étais sa seule rivale, excellant dans toutes les matières, surtout en anglais.En classe, nous étions comme deux lionnes chassant la même proie. À peine le professeur finissait-il sa question que nos mains se levaient, pressées de donner la bonne réponse. Lors des examens, c'était toujours elle ou moi qui décrochions la meilleure note.Nos camarades, tels des petits diables, essayaient de nous monter l'une contre l'autre. Mais nous restions sages, gardant notre rivalité bien cachée au fond de nos cœurs. Chacune rêvait secrètement de voir l'autre trébucher, mais nous ne laissions rien paraître.Le concours de Miss organisé par le club d'anglais fut l'étincelle qui mit le feu aux poudres.Mamita voulait cette couronne comme un enfant veut son jouet préféré. Moi, je faisais semblant de m'en moquer.Le jour J, nous étions douze candidates sur scène. Chacune devait parler en anglais d'un problème de société. Mamita choisit le mariage des enfants, moi je parlai des petits qui vivent dans la rue.Mamita, d'habitude si à l'aise, perdit ses moyens devant la foule. Les autres filles aussi. Moi, je parlai comme si j'étais seule dans ma chambre. C'est ainsi que je devins "MISS ANGLAIS DU LYCÉE GASTON BERGER DE GUÉDIAWAYE".Je savais que Mamita bouillonnait de jalousie. Je le voyais dans ses yeux chaque fois qu'elle me regardait. Et j'avoue, j'en jouais un peu pour l'agacer.Un jour, après les cours, elle et ses copines m'ont suivie. Elles m'insultaient comme des chiffonnières. Quand j'ai enfin osé leur répondre, Mamita a sorti un couteau et m'a entaillé le bras.

 Quand j'ai enfin osé leur répondre, Mamita a sorti un couteau et m'a entaillé le bras

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LA DÉESSE DES TÉNÈBRES Où les histoires vivent. Découvrez maintenant