Je viens d'arriver au restaurant, animée par un désir ardent de retrouver mes amies. La nostalgie de ces précieux moments que nous avons l'habitude de partager m'envahissait. Elles sont mes âmes sœurs, je ne peux concevoir ma vie sans elles. Je remarque que Sini et Mamita semblent quelque peu distantes, contrairement à notre dernière rencontre en ces lieux. Je suis consciente que cela est lié aux événements récents. C'est pourquoi, après les salutations d'usage, je me suis empressée de leur présenter mes excuses."Mes chères amies, si je vous ai conviées ici aujourd'hui, c'est pour m'excuser des événements survenus lors de notre dernière rencontre. Je ne souhaite pas m'attarder sur les détails, mais sachez que je suis profondément désolée.""Anna, tu es pardonnée depuis longtemps," déclare Sini. "Nous sommes conscientes que tu n'étais pas maîtresse de tes actes, la colère te guidait, et chacun est susceptible de commettre des erreurs.""Anna, nous devons également te présenter nos excuses," intervient Mamita. "Nous n'aurions pas dû contester ta décision. Tu es une personne mature et responsable, capable de discerner le bien du mal. Si tu as choisi l'homme avec qui tu souhaites partager ta vie...""Mamita, vous avez naturellement votre mot à dire sur tout ce qui me concerne. Avant toute décision importante, je sollicite toujours votre avis. Mais comme tu le soulignes, je sais distinguer le bien du mal, et j'ai mûrement réfléchi avant de m'engager dans cette relation. Il ne me manquait que votre soutien, et maintenant que je l'ai, je me sens plus confiante pour affronter ce qui m'attend.""YUP, ne crains rien, nous sommes tous derrière toi," affirme Mamita."Et nous t'armerons pour faire tomber cette sorcière de Rouba Thiam," ajoute Sini."AH KOKOU MBEUR LA DÉ NÉKHOUTA DANE" (elle est une grande combattante et très difficile à terrasser), répond Daro."Je vous en prie, cessez de lui mettre ces idées en tête," intervient Mamita. "Elle sera présente pour un mariage, non pour une bataille. Cessons donc ce sujet concernant Rouba Thiam.""Ehééeeee yaw so khamoul Adja Rouba nioune khamnagne ko bou bakh douniou ko bayi mouniou sakkal pêkhé sounou Anna mi." (Si tu ne connais pas Adja Rouba, nous si. Nous ne la laisserons pas sacrifier notre Anna adorée), réplique Sini."Vous me faites véritablement rire, mes amies. Vous parlez d'elle comme s'il s'agissait d'une amazone. Je suis Anna Cissé, la déesse des ténèbres, l'auriez-vous oublié ? Restez en dehors de tout cela et laissez-moi gérer cette situation à ma manière.""Athioum mane li moma nékh thî iow danga audacieuse té wollou sa bopp" (Ah, c'est ce qui me plaît chez toi. Tu es audacieuse et sûre de toi), "mais pourrais-tu nous révéler comment tu comptes procéder ?" demande Daro."C'est un secret.""Tu ne comptes donc rien nous dire ?""Si, bien sûr, mais pas maintenant. Ce que je peux vous confier pour le moment, c'est que je n'ai pas l'intention de prendre un appartement après le mariage.""Nganima""En effet, je partagerai avec mes coépouses la même demeure conjugale. Ainsi, elles comprendront que je ne suis pas de ces femmes qui se laissent manipuler par d'anciennes gloires.""Anna, je t'en conjure, fais preuve de prudence et n'oublie pas que ces femmes pourraient être ta mère. Je désapprouve que tu te places en rivalité avec elles comme si vous étiez égales. Concentre-toi sur ton mari et ne te préoccupe pas des détails."Après ces paroles de Mamita, Sini reprend :"Éh Mamita maye niou diam." (Laisse-nous tranquilles) "Souhaites-tu qu'elle devienne comme Raïssa ? Cette insensée qui considère Adja Rouba comme une divinité ? Jamais de la vie. Elle est une épouse comme elle, rien de plus.""Mais elle demeure la première épouse."Cette fois, c'est moi qui lui réponds :"Mamita, mon comportement dans cette maison dépendra de la manière dont elle m'accueillera. Si elle me reçoit comme le font les premières épouses dignes de ce nom, je la considérerai comme une mère. Mais si elle agit différemment, elle découvrira ce que je lui réserve.""Kone BAKHNA" (C'est bon donc)"Et concernant le mariage, quels sont tes projets pour le jour J ?" demande Daro."Étant mes meilleures amies, je vous confie l'intégralité de l'organisation. Je désire un mariage féerique.""Laisse cela entre nos mains, tu auras le plus beau mariage au monde," affirme Sini."Lolou la beug déh" (C'est exactement ce que je souhaite)Le serveur nous apporte nos commandes et nous dégustons nos plats tout en poursuivant notre conversation sur le mariage.Mamita persiste à me conseiller de prendre un appartement et de laisser mes coépouses dans la grande maison. Sini, quant à elle, me prodigue des stratégies pour faire face à Rouba Thiam. Pour ce qui est de Daro, on la croirait journaliste aujourd'hui, elle ne cesse de me poser des questions, certaines plutôt intimes. J'ignore ce qui lui prend aujourd'hui, mais avec Daro, on peut s'attendre à tout.Daro :Je quitte le restaurant avec une hâte fébrile de me rendre chez Adja Rouba pour lui rapporter tout ce que j'ai retenu de ce rendez-vous avec Anna. Ma pochette sera généreusement garnie de billets lorsqu'elle entendra ce que j'ai à lui révéler aujourd'hui."Ah Daro, tu reviens du restaurant ?""Oui, Adja Rouba, avec une multitude d'informations.""Nganima""Wawawwww""Allons, raconte-moi.""Ah, vous n'avez pas oublié les conditions ?""Yaw niga beugué khaliss" (Toi, tu aimes trop l'argent)Elle me tend deux billets de dix mille francs avant de m'inviter à parler."Sachez, Adja Rouba, que les filles ne parlaient que de vous au restaurant. Il est impératif d'empêcher ce mariage, sinon Anna vous fera découvrir un monde que vous ne sauriez décrire. Elle est prête pour l'affrontement. Elle est même allée jusqu'à refuser l'appartement d'Abdou Karim pour venir s'installer sous le même toit que vous.""Nganima""Certes, mais ce n'est pas tout.""Qu'y a-t-il encore ?""Avant sa relation avec votre mari, elle entretenait une liaison avec votre fils aîné, Mambaye.""Comment ?""Je vous le jure.""Je vous conseille néanmoins de suivre ma première suggestion. Si cela échoue, vous pourrez utiliser cette information pour l'éloigner de votre vie.""Excellente idée. Tu as bien œuvré, Daro. Désormais, je souhaite que tu limites tes allées et venues. Nous habitons le même quartier et je ne veux pas qu'elle te remarque. Poursuivons nos échanges par téléphone, d'accord ?""D'accord."À l'issue de cette conversation, j'ai quitté la demeure avec vingt mille francs. Oh, le mariage d'Anna fera de moi une millionnaire un jour.Abdou Karim Ndiaye :J'ai envoyé ma délégation auprès de la famille d'Anna. Je leur ai remis une dot de 2.500.000 francs. J'espère que ma douce moitié sera comblée par son bien-aimé. J'ai hâte qu'elle devienne mon épouse, car je ne supporte plus de la voir éloignée de moi.Ce qui me préoccupe quelque peu, c'est son désir d'habiter dans la grande maison. Pourquoi refuse-t-elle l'appartement ? Alors que toutes les jeunes femmes de son âge le préféreraient, elle s'y oppose catégoriquement. Connaissant mon épouse, particulièrement Rouba, je sais que la cohabitation sera difficile pour elles deux. Je connais bien Anna, elle n'est pas du genre à supporter les crises de jalousie de Rouba. Je suis conscient qu'elle ne lui facilitera pas la vie dans cette maison. Elle pourrait même dresser ses filles contre elle. Mais ce qui est certain, c'est que je ne tolérerai aucun affrontement au sein de ma famille. Après le mariage, je présiderai une réunion familiale pour les en avertir."Papa, où est maman ? Voilà deux jours que je ne l'ai pas vue.""Comment ? Elle a encore quitté la maison ?""Oui, papa.""Appelle-moi tante Rouba."Moi qui pensais qu'elle ne quitterait plus la maison, la voilà qui s'échappe à nouveau. Oh, ces marabouts, quand cesseront-ils de nous bercer de faux espoirs ?"Elhadji yama wo" (Tu m'as appelée ?)"Oui, assieds-toi.""Rouba, quelle est votre utilité, toi et Raïssa, dans cette maison ? Le petit Badara vient de m'informer que sa mère est absente depuis deux jours, et tu n'as même pas jugé bon de m'en informer. Pourquoi donc ?""J'ignorais son départ.""Si tu la surveillais comme il se doit, tu l'aurais remarqué. Mais soit, je saurai quoi faire.""Ce qu'il convient de faire, c'est de la renvoyer dans sa famille. Elle n'a plus aucune utilité dans cette maison, si ce n'est nous causer des tracas. Nous en avons assez d'elle. Moi, Rouba Thiam, je ne suis pas là pour surveiller une démente, j'ai des occupations plus importantes. Alors je vous en prie, ne me convoquez plus pour me parler d'elle. Je regagne ma chambre."Je n'aurais jamais imaginé que Rouba deviendrait ainsi. Celle qui soutenait son mari inconditionnellement et celle qui ose maintenant me tenir tête sont aux antipodes l'une de l'autre. Je réalise à présent qu'elle n'a jamais été sincère. Elle vient de me révéler son véritable visage. Il est temps que je lui montre également l'autre facette d'Abdou Karim Ndiaye. Si elle pense pouvoir me manipuler à sa guise, elle se méprend grandement."Mane Diabar douma djital"
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LA DÉESSE DES TÉNÈBRES
Phiêu lưu"LA DÉESSE DES TÉNÈBRES" Au début de son parcours, elle fut l'objet d'un mépris constant, reléguée aux marges de la société et confrontée aux humiliations perpétrées par les fidèles de son époux, ces derniers ayant depuis longtemps perdu foi en leur...