Chapitre 23

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Je me réveille, le corps endolori et les yeux bouffis. Mes cheveux sur mon oreiller sont tout emmêlés et forment des noeuds qui vont être, je le sens d'avance, douloureux à défaire. Le soleil dehors commence à décliner doucement. La chambre est plongée lentement dans l'obscurité. Je tends la main pour attraper mon portable qui indique 18h14. J'ai dormi quatre heures. Je me rallonge sur le dos, dépitée. Ma sieste m'aura juste assez reposée pour tenir jusqu'à la fin de la journée.

Je remarque alors que le lit à côté de moi est vide. Thomas n'est pas là. Je me redresse vivement et parcours la chambre des yeux. Il n'y a ni son portable, ni son pull qu'il a enlevé avant de s'allonger sur le lit. C'est comme s'il n'avait jamais été là. Quand il a accepté de rester, après que je le lui ai demandé, je ne pensais pas qu'il attendrait juste que je dorme pour partir. Je suis plutôt déçue. J'espérais au fond de moi qu'il serait toujours là quand je me réveillerais. Mais après tout je ne dois rien attendre de lui. On est rien l'un pour l'autre. Je ne sais même pas si l'on peut dire qu'on est ami. C'est tellement compliqué. L'origine même de notre relation est complexe.

Je passe la main dans mes cheveux pour tenter de les démêler, en vain, et me lève. J'attrape une veste pour me couvrir et sors de ma chambre. Je descends les escaliers en vitesse lorsque j'aperçois de la lumière. Je me stoppe net, sur mes gardes. Avançant à pas de loup je me dirige vers le salon et la cuisine. En m'approchant, j'entends la télévision qui est allumée, sans arriver à distinguer ce qui est dit. Je finis par pénétrer dans le salon, où j'aperçois Thomas, derrière le bar de la cuisine, en train de cuisiner. Interpellé par le bruit de mes pas, il se retourne et me trouve posté au milieu de la pièce en train de l'observer.

- Tu es réveillée, émet-il en me voyant.

Un léger sourire vient prendre place sur ses lèvres mais disparaît aussi vite qu'il est apparu lorsqu'il remarque la confusion sur mon visage.

-Tout va bien ?

-Oui... c'est juste que je pensais que tu étais parti, avouais-je.

J'essaye de reprendre contenance rapidement. Je ne veux pas qu'il voit à quel point m'imaginer qu'il s'en était allé sans un mot m'a touchée.

-Je suis là ne t'en fait pas. J'avais juste quelques coups de fil à passer et je ne voulais pas te réveiller, me rassure-t-il.

Le soulagement s'installe alors en moi et je m'approche de lui pour voir ce qu'il prépare.

-Je me suis permis de fouiller un peu pour trouver des pâtes, j'espère que ça ne te dérange pas.

Je secoue la tête pour le rassurer et m'adosse au meuble pour être fasse à lui. Je l'observe tandis qu'il finit de préparer le repas. Je ne pensais pas un jour assister à cette scène. Je n'imaginais pas Thomas cuisiner. Même des pâtes. Chez moi ça a toujours été mes parents qui cuisinaient pour nous trois, avant qu'ils partent travailler pour un certain temps à l'autre bout de la terre. Alors inconsciemment je m'imaginais aussi que c'était la même chose chez lui. Mais maintenant que j'y repense je me souviens avoir compris, lors d'une conversation, qu'il habitait seul, malgré le fait qu'il ai toujours vécu ici. Alors il doit bien cuisiner pour se nourrir. A moins qu'il soit un adepte des plats au micro-ondes. Mais la zone d'ombre sur ses parents continue de me trotter dans la tête.

-Hum... dis-moi... l'abordais-je.

-Je t'écoute, lâche-t-il tout en continuant de surveiller la casserole.

-Tu n'es pas obligé de répondre bien sûr... tentais-je maladroitement, mais tu ne parles jamais de tes parents. Ils sont où ?

Suite à ma question il reste silencieux, tout en continuant à fixer la casserole. Comme s'il ne m'avait pas entendu. Puis, lentement, il pose la cuillère à côté du gaz et se tourne vers moi. Il se passe la main dans les cheveux comme s'il réfléchissait à la façon dont il va formuler sa réponse. Sur le coup j'ai peur qu'il m'envoie paître.

Sombre AttiranceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant