9. Vapeurs

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Elle se réveilla en sursaut, complètement déboussolée. Elle mit quelques secondes avant de reconnaître sa chambre et de se remémorer les évènements de la veille. Elle essaya de se rappeler l'état d'apaisement et de bien-être dans lequel elle avait été plongée. Impossible. C'était définitivement parti. Elle tourna la tête, espérant voir le visage de Théodore encore endormi écrasé contre l'oreiller mais la place à sa gauche était vide. Son cœur se mit à battre plus vite. Un post-it était collé là où le brun s'était endormi quelques heures plus tôt.


« Je vais au skate park, je reviens tout à l'heure. Théo x »


Elle lâcha le papier et se laissa retomber lourdement sur son oreiller en soupirant. Elle s'était fait avoir, comme une débutante. Il ne reviendrait pas. C'était le coup classique, une variante des « viennoiseries ».

Adrianna resta immobile un moment, fixant son plafond, avant de décider qu'elle avait besoin d'une clope. Et d'une douche. 

Etant donné les conditions dans lesquelles elle était rentrée dans sa chambre, un peu plus tôt, elle se doutait que son paquet ne s'y trouvait pas et fut donc contrainte de se lever.

Ses vêtements jonchaient encore le sol alors que ceux de Théodore étaient désormais absents. Elle ne savait pas ce qui la déprimait le plus. Savoir qu'elle s'était fait couillonner ou savoir que plus jamais elle ne pourra ressentir ce qu'elle a ressenti la veille, entre ses bras.

Elle alluma rapidement sa cigarette, craquant une allumette d'une main habile et tira longuement dessus. Elle resta debout, fumant en fixant le vide avant de jeter sa cigarette, seulement à moitié consumée, dans un des cendriers qui trainait et alla s'enfermer dans sa salle de bain.

Elle consulta le petit réveil posé sur une étagère, bien qu'il ne soit probablement pas à l'heure. 15h57. Adrianna réalisa qu'elle ne savait même pas à quelle heure Théodore était parti, ce qui renforça l'idée qu'il s'était bien foutu d'elle.

Elle alluma l'eau et entra dans la douche après s'est déshabillée sans même attendre que le jet se réchauffe. Elle se mordit la lèvre pour ne pas crier quand la morsure de l'eau gelée attaqua sa peau mais ne bougea pas. Elle ne ressentait plus rien que son épiderme frigorifié.

Au bout de longues minutes, le jet finit tout de même pas se réchauffer et Adrianna se détendit un peu avant de tendre le bras pour attraper une lame de rasoir. Elle la finit tourner entre ses doigts, réfléchissant.

Il n'avait fallu que de quelques secondes. Elle avait baissé la garde le temps d'un café, et elle s'était faite avoir. Pourquoi ? Elle n'avait besoin de personne.

Sa peau craqua, elle ne senti rien. Elle ne sentait plus rien. Elle coupa encore, le sang de son poignet se mêlant à l'eau de la douche et ruisselant jusqu'à ses pieds. Sa tête retomba en arrière, reposant sur le mur en faïence alors qu'elle lâchait enfin la lame. Ça brûlait. Enfin.

Elle resta immobile encore, profitant de la quiétude du moment avant de couper le jet d'eau pour finalement sortir de la  douche, se heurtant à l'air froid de sa salle de bain. Elle s'enroula rapidement dans une serviette éponge qu'elle tâcha inévitablement et se dirigea rapidement dans sa chambre. Elle enfila de nouveaux sous-vêtements et un vieux pull, au moins deux fois trop grand pour elle. La brune considéra quelques secondes la pile de jean qui trônait dans un coin de la pièce avant de décider qu'elle n'en avait pas besoin. Elle était bien assez vêtue pour ce qu'elle allait faire pour le restant de la journée.

Elle passa négligemment sa main dans ses cheveux trempés tout en entrant dans sa cuisine pour se faire un café. Elle y ajouta une bonne rasade d'alcool fort et le but presque d'un trait. La sensation n'était pas très agréable, mais ses sens toujours altérés pour une raison inconnue ne lui permettaient pas une perception exacte de ce qu'elle venait d'ingurgiter. Peu importe.

Adrianna atterri sur son canapé et ne tarda pas à allumer la télé qui, par la même occasion, lui donna l'heure. 17h26. Il était plus tard que ce qu'elle pensait. Elle regarda quelques minutes les informations déprimantes du jour avant de changer pour tomber sur une série dont elle n'avait jamais ne serait-ce qu'entendu parler. Elle soupira, essayant de comprendre ce qu'elle regardait. L'émission lui sembla d'une niaiserie sans nom et elle abandonna rapidement au profit d'un joint qu'elle alluma habillement.

Il n'était jamais trop tôt pour la défonce.

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