21. Effraction

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Elle était là, perchée sur le portail d'une demeure luxueuse dans un quartier où il n'avait jamais mis les pieds, de nuit, à le défier de rentrer avec elle.

Fais pas la conne, il doit y avoir au moins un milliard de système d'alarme, là-dedans.
T'inquiète, je gère.

Elle était complètement défoncée. Il ne savait pas à quoi, mais bien assez pour violer un domicile privé de gens qui avaient assez de sous pour la faire pourrir en prison un bon nombre d'années.

Ad, tenta-t-il une nouvelle fois
Putain, Théo, arrête de faire ta poule mouillée et ramène ton cul.

Le brun soupira lourdement. Il n'avait aucun moyen de la faire changer d'avis ou de lui faire réaliser ce qu'elle encourait, alors autant la suivre. Son raisonnement lui parut complètement con, et il l'était surement, mais le fait est qu'il se hissa sur le portail et retomba sur ses pieds de l'autre côté.

Il était tellement sûr que les lumières allaient s'allumer au moment où ils poseraient le pieds à terre que lorsqu'il remarqua que la nuit restait calme et silencieuse, il ne put s'empêcher de chercher le problème. Le rire d'Adrianna retenti, surement provoqué par l'air ahuri peint sur ses traits.

C'était l'une des choses qui le retenait de la forcer à arrêter la défonce. Elle riait. Ça n'était pas sincère, il le savait. Seules sa bouche et ses cordes vocales riaient, ses yeux ne suivaient pas. Elle parlait, aussi. Mais ça n'était pas vraiment le moment pour ça.

La brune remonta l'allée de graviers et Théo la suivis, aux aguets. Rien. Ils arrivèrent de la porte d'entrée et il s'attendit presque à ce qu'elle soit déjà ouverte.

Elle resta plantée devant, immobile et il l'imita. Il ne savait pas quoi faire. Il n'était même pas sûre qu'elle respirait encore. Elle regardait juste droit devant elle. Il suivit son regard et tomba sur une décoration aux traits d'ange accrochée au mur. Son bras se tendis, lentement, et elle frôla la figurine du bout de ses doigts effilés, comme si elle risquait de tomber en poussière.

Ad ?

Elle déglutit difficilement puis se saisis de l'angelot et le souleva. Il cachait une niche où se trouvait la clef. Théodore fronça les sourcils. Depuis combien de temps préparait-elle son coup ?

La clef tourna dans la serrure et Adrianna lui fit signe de rester sur le paillasson alors qu'elle longeait le mur vers un boitier où elle composa rapidement un code. La diode rouge s'éteint, signe que l'alarme était hors d'usage. Est-ce qu'il était vraiment en train de prendre part à un cambriolage clairement organisé ?

Théo, appela la brune à mi-voix

Il rentra dans la grande maison. Il faisait sombre, mais il pouvait deviner par la taille des pièces et le placement des fenêtres  qu'en plein jour, elles devaient être baignées de lumière. La décoration était magnifique. A la fois moderne et baroque, les deux styles se mêlant harmonieusement, il pouvait cependant deviner grâce aux divers bibelots qu'elle n'avait pas été réalisée par une professionnelle. C'était une très belle maison.

Il tourna la tête quand il senti une présence à côté de lui. Adrianna étais postée à quelques centimètres de lui, visiblement prête à repartir. Sans qu'il ait besoin de poser la question, un sourire se dessina sur ses lèvres pleines et elle brandi des clés – visiblement celles d'une voiture.

Tu viens ?
Shht, répondit-il, par réflexe

Il avait tellement peur de voir un bourgeois en surpoids et vêtu uniquement d'une robe chambre en soie descendre les escaliers en bois noble armé de sa carabine. Mais peut-être qu'il n'y avait personne, après tout.

Voyant qu'il ne bougeait pas, Adrianna saisis la main du tatoué et le tira avec elle dans un couloir assez étroit qui longeait la cuisine, moderne et équipée évidemment. Celui-ci était décoré d'une succession de cadre que Théodore ne pouvait pas s'empêcher de regarder. Des photos de familles, visiblement.

Soudainement, la brune senti que son comparse ne suivait plus.

Théodore fronça les sourcils devant la photo de deux jeunes enfants. Il leur donnait 8 ou 9 ans, pas plus. Ils regardaient tous les deux en direction de l'appareil. Il était frisé, une boucle lui barrant le front et elle souriait de toutes ses dents, malgré qu'il lui en manque deux. Ils lui étaient familiers.

La main d'Adrianna le tira, lui intimant que ça n'était pas le moment de traîner. Il se retourna et elle lui vola un baiser avant d'ouvrir une nouvelle porte.

Ils entrèrent tous les deux dans la pièce plongée dans le noir le plus complet et elle referma la porte avant d'allumer la lumière.

Un garage, grand comme son appartement et où étaient garées quatre voitures dont il ne voulait même pas imaginer le prix, apparu sous ses yeux qui s'agrandirent comme ceux d'un gamin le jour de Noël.

La brune quitta ses côtés pour aller appuyer sur un bouton qui actionna la porte automatique avant de lui balancer les clefs.

Quoi ... ? commença-t-il
Aller ! le coupa-t-elle, exaspérée.

De toute façon, il était trop tard. Il appuya sur le bouton pour déverrouiller le véhicule et vit les phares d'une voiture noire au coupé assez féminin clignoter. Adrianna s'engouffra dedans et il la rejoint rapidement, réalisant que s'il était en possession de ce genre voiture, il se débrouillerait pour qu'elles soient protégées correctement.

Il démarra, Adrianna appuya sur une petite télécommande qu'elle sorti de la boite à gant et un autre portail automatique s'ouvrit, leur laissant la voie libre. Il sorti en trombe et s'éloigna le plus rapidement possible des lieux du crime. 

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