10. Encrage

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Théodore soupira de soulagement lorsqu'il reconnut enfin l'immeuble qu'il avait quitté quelques heures auparavant. Adrianna n'habitait pas dans l'arrondissement qu'il avait le plus l'habitude de fréquenter, alors il avait un peu tourné en rond. Mais finalement, il était de retour et cette fois, il prit le temps d'observer autour de lui.

L'intérieur du bâtiment était en totalement opposition avec sa façade. L'extérieur était éclatant, un édifice typiquement parisien datant de quelques siècle, étonnement bien entretenu, sans aucune trace de tag, de crasse ou de défraichissaient alors que rien que le hall tombait presque en ruine. Le manque d'entretien était flagrant. Les boiseries étaient couvertes de poussière, le papier peint de décollait à certains endroit, était déchiré à d'autres.

Il monta l'escalier grinçant jusqu'au premier palier, là où se trouvait l'appartement de la brune. Lui non plus, n'était pas très luxueux, d'après ses souvenirs. Qu'est-ce qui avait bien pu la pousser à venir habiter ici ?

Il arriva devant la porte et se demanda pendant un instant si elle ne l'avait pas fermée à clef, désirant ne plus jamais le revoir. Après tout, peut-être qu'elle était ce genre de fille. Non. Il ne voulait pas qu'elle soit ce genre de fille.

Il posa sa main sur la poignée et se demanda quel comportement il devait adopter. Après tout, ce n'était pas chez lui. De quel droit revenait-il ici comme ça ? Il avait laissé une note. C'était bien une raison suffisante, non ? Et puis, depuis quand avait-il besoin d'une raison pour s'introduire chez les gens, surtout si leur porte n'était pas fermée.

Il actionna la poignée, lui confirmant que c'était ouvert, et ce demanda ce qu'il devrait dire. Il ne pouvait pas l'appeler « ma puce » ou un autre surnom ridicule du genre, ils n'étaient même pas en couple. Qu'étaient-ils ? Ils avaient partagé leur nuit, mais était-ce suffisant pour dire qu'il y avait quelque chose entre eux ? Probablement pas. Il avait signé sa note « Théo », il lui suffisait de trouver un diminutif. Les quatre premières lettres de son prénom. Adri. Adri, ce serait bien.

Il poussa la porte et entra.

Adri ? appela-t-il, Je suis là.

N'obtenant aucune réponse, il prit le même chemin que la veille, lorsqu'ils étaient arrivés et se retrouva au salon, face à Adrianna, assise en tailleur sur son canapé, un joint coincé entre les doigts. Elle portait un pull d'homme, et il ne savait pas quoi en penser.

Théo ?

Visiblement, elle ne s'attendait pas à le voir revenir. Il déglutit et parcourra lentement son corps à moitié vêtu. Le maillage du grand pull cachais ses entailles au poignet, mais celles de sa cheville étaient visibles et lui sautèrent aux yeux. Il n'avait rien remarqué la veille.

Elle lui tendit son joint en s'écartant sur le côté, lui intimant manifestement de venir s'asseoir à côté d'elle. Il s'avança et pris le cône pour tirer longuement dessus.

Ne m'appelle pas Adri, demanda celle-ci
Alors quoi ?
Je sais pas, dit-elle en soufflant une nouvelle fois sa fumée
Je refuse de t'appeler chaton ou une connerie du genre. Déclara-t-il, catégorique
Je refuse que tu m'appelles chaton. Adrianna, c'est très bien.
C'est trop long. Puis c'est pas beau, Adrianna, railla-t-il
Enfoiré, répliqua-t-elle en lui frappant l'épaule 

Mais c'est qu'elle avait de la force, cette fille. Elle lui aurait presque fait mal. Il se contenta de sourire en se laissant retomber contre le dossier du canapé.

Ad ? appela Théodore

La brune se tourna vers lui. Le vide était revenu dans ses yeux.

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