19. Sincérité

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Plantée devant le miroir de la salle de bain, Adrianna s'observait attentivement, la tête légèrement penchée sur le côté. Il savait vraiment y faire. Elle se sentait un peu mieux, ça ne pourrait plus partir maintenant que c'était encré sur sa peau.

Elle enfila précautionneusement un t-shirt et rejoint Théo qui mangeait un paquet de gâteaux.

ça te plait ? s'enquit-il

La brune hocha la tête, gagnant un sourire fatigué du rider. Il n'avait jamais autant bossé en si peu de temps et une bonne nuit de sommeil ne serait pas de refus, mais Adrianna ne s'arrêtait jamais.

Merci, souffla celle-ci en posant furtivement ses lèvres sur celles de jeune homme

Il en resta interdit. C'était la première fois qu'ils s'embrassaient sans raison particulière, sans objectif à atteindre, sans ébats en arrières pensées et il ne pensait pas que ce jour arriverait. Il passa sa main dans la nuque de la jeune fille désormais suffisamment cicatrisée et prolongea leur baiser. Elle se laissa faire, s'asseyant même sur ses genoux, et il eut l'impression de n'avoir jamais été aussi heureux. Leurs langues entamèrent une danse enflammée et il eut l'impression de se rapprocher un peu plus de la vérité que cachait cet être mystérieux qu'était Adrianna.

Pourquoi tu te coupes ?

Il se senti con aussitôt que la question avait franchi ses lèvres. Pourquoi est-ce qu'il s'était senti obligé de demander une telle chose alors qu'ils partageaient un moment de douceur inexpliquée ?

Elle s'éloigna un peu de son torse et baissa la tête. Il crut qu'il l'avait perdue une nouvelle fois, qu'elle allait se refermer, lui sourire et coucher avec lui, mais au lieu de ça, elle soupira doucement.

-  Tu t'es déjà senti complètement seul ?  Personne pour te soutenir à part toi-même ?  Bin c'est comme ça que je me sens, sauf que je ne m'ai même pas moi-même. Ça fait mal. Donc j'essaie de m'en débarrasser. Je prends la douleur émotionnelle et j'en fais une douleur physique.
Mais tu m'as moi.

Elle secoua la tête. Elle ne le regardait même pas directement dans les yeux, elle fuyait son regard. Elle n'avait jamais fait ça avant. Elle avait toujours cette lueur de défi insolent qui illuminait ses iris éteints, d'habitude.

Théodore passa deux doigts sous le menton d'Adrianna et la força à le regarder. Il avait pensé qu'elle serait à deux doigts de pleurer, mais pas du tout. Elle avait les yeux vides, comme toujours. Rien ne bougeait, rien ne changeait.

Je suis là, Ad, tu m'as moi, regarde. Répéta-t-il

Elle secoua une nouvelle fois la tête.

Pourquoi ?

Il ne comprenait pas. Ils étaient inséparables depuis des semaines, comment ne pouvait-elle pas se rendre compte de l'importance qu'elle avait prise dans sa vie. Elle avait débarqué et avait tout chamboulé. Il l'avait entrainé avec elle et il n'y avait pas de retour en arrière.

Parce que je te déteste, Théo. Je te hais.

Elle ne cilla pas, ses yeux directement plantés dans les orbes bruns de Théo qui n'osait plus respirer.

Et soudain, elle fut prise d'un éclat de rire. Il ne l'avait jamais entendue rire comme ça et c'était le plus beau son au monde. Il ne put retenir un sourire, tout de même perturbé par les propos qu'avait tenu la brune quelques secondes plus tôt. Celle-ci ignora simplement l'air dérouté qu'affichait Théodore et l'embrassa à pleine bouche, le faisant basculer sur le canapé.

Il savait qu'elle évitait la discussion, qu'elle se cachait, qu'elle s'enfuyait, mais il ne refusait rien à Adrianna, et encore moins quelques minutes d'extase parfaite. 

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