Même si je sais qu'il ne sert à rien de tenter de réécrire l'histoire, je ne peux m'empêcher de le faire. Parce que mes amis et ma sœur sont en danger et que cette pensée m'est insupportable.
Je ne veux pas les laisser les emmener. Je ne veux pas les laisser m'emmener. Je me battrai, je ne me laisserais pas faire. Nous ne nous laisserons pas faire.
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| !!! | Attention, ce chapitre contient des passages pouvant heurter la sensibilité. Si c'est trop pour vous, sautez les paragraphes en question ( 4° et 5° paragraphe en italique) et allez directement au prochain chapitre | !!! |
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PDV Elena :
Mon père, tout sourire, qui m'apprend à me battre. Mon père qui hurle sur Thomas et moi alors que nous essayons de le sauver de l'incendie de la maison qu'il a provoqué en laissant le gaz allumé. Mon père qui nous aide à déballer les cartons dans notre nouvelle maison, tout en riant avec nous. Mon père, nostalgique, qui nous parle de maman. Mon père dans sa chambre, alors qu'il fait nuit et qu'il est censé dormir, qui hurle à la mort, et ses cris deviennent de plus en plus sourds, de plus en plus rauques, jusqu'à ce qu'ils ne soient plus que des grondements. Mes pieds nus sur le carrelage froid du palier alors que je rejoint la chambre de mon frère, lui aussi éveillé par les cris inhumains de notre père. La dispute le lendemain, alors que nous tentons de lui faire comprendre le danger. Ses colères de plus en plus fréquentes, ses regards vides et hagards, ses murmures inaudibles, ses cris rageur, nos disputes, les pleurs, la colère.
Ma mère qui me parle, se contrefichant du liquide noir lui coulant de la bouche, se contrefichant de ses cheveux en bataille, de son allure de sorcière pas net, de sa robe déchirée, de ses bleus, des ses griffures volontaires sur le visage, les bras, les jambes. Le trou de son œil. Son rire rauque. Ses hurlements, mes hurlements, ses griffures sur mon corps cette fois : mes jambes, mes bras, mon visage. Mon sang sous ses ongles, sur son visage, la douleur de mon corps tout entier qui est comme un brasier géant. Je suis sur un bûcher, elle m'a attaché. Ma panique quand je me rend compte que les flammes brûlent déjà en dessous de moi. Ma tentative désespérée de desserrer mes liens, mes pleurs quand je me rend compte que je ne peux m'échapper. Ses rires et hurlements, mes pleurs et hurlements. J'ai mal, mais je ne veux pas abandonner. Je ne veux pas abandonner ! Mes amis... mon frère... Où sont-ils ? Qu'est-ce que je fais sur ce bûcher ? Mon incompréhension prend la place du désespoir. Ma mère n'est pas vivante... Comment se fait-il qu'elle soit devant moi ?
Je perçois des voix. "Elle a compris." "Augmenter les doses ! " "Cela peut la tuer..." "Il faut qu'elle soit sauve." "Elle sera utile." "Continuez la session, imbéciles !" "Elle va se réveiller, monsieur ! " "Non ! Elle doit rester inconsciente ! Augmentez les doses, c'est un ordre ! " Je ne comprend pas ce que ces voix disent.
Mais bientôt, je suis aspirée dans un autre endroit. Le laboratoire du W.C.K.D... Je cours à travers les couloir immaculés, me retournant parfois pour voir si personne ne me suit... Pourquoi ces précautions ? J'arrive bientôt à un cul-de-sac. Je tâtonne le mur jusqu'à trouver la petite enflure dans le mur que je cherche. Une pote s'ouvre, laissant entrevoir une pièce sombre. J'entre sans hésitations, sachant parfaitement que si je ne me dépêche pas, ils vont mourir, et moi aussi. J'aperçois les enfants, recroquevillés dans un coin de la pièce. Les plus vieux sont debout et chuchotent entre eux. Je les fait tous sortir. Nous traversons les couloirs aussi vite et silencieusement que des fantômes. Nous sommes devant la porte de sortie de secours... Mais elle ne s'ouvre pas. Pourquoi ? Je repasse ma carte dans le lecteur, et me fige lorsque j'entend les déclics des fusils derrière ma tête. Les enfants sont en pleurs, tenus en joue par les gardes, et les adolescents sont immédiatement bâillonnés et ligotés. Je sais ce que j'ai fais. Je connaissais les risques. Mais je ne veux pas... Je ne veux pas qu'ils les tuent ! Je reste droite même lorsque l'homme au gilet gris m'empoigne violemment par le bras, manquant de me le déboîter. Ils nous conduisent vers les laboratoires d'expérience. Ils mettent certains enfants dans un des labos, puis verrouillent la porte. Les petits sont terrorisés, ils se serrent chacun les uns contre les autres en attendant de voir ce qu'il va se passer. Des larmes me montent. C'est de ma faute... Les enfants qui n'ont pas été emmenés dans le labo attendent dans le couloir, et ne bronchent pas, les fusils faisant bien leur boulot de dissuasion. Soudain, une fumée verdâtre envahie le labo où les enfants sont emprisonnés. Déboussolés, ils regardent partout autour d'eux, avant de se tortiller, de se tenir la gorge de leurs mains. La fumée s'épaissit, mais je vois encore les enfants. Ils se mettent à crier, à hurler, à pleurer. Ils se frottent les yeux, toussent, frappent la vitre de derrière laquelle nous les observons. Ils tentent de s'échapper, tirent sur la porte, la frappe de leurs pieds. Les larmes coulent désormais sur mes joues. La fumée entre encore dans la pièce. Les cris se font plus forts, une véritable cacophonie qui me donne envie de me boucher les oreilles. Les corps qui tombent un à un au sol en se tortillant, se contorsionnant et en frappant le sol de leurs mains sont aussi plus nombreux. De moins en moins restent debout, et cela me donne envie de fermer les yeux. Mais je laisse mes mains dans les poches de ma veste et je garde les yeux ouverts. Bientôt, plus aucun cris. Bientôt, plus aucun corps debout. Le silence est presque assourdissant, juste après les hurlements et les quintes de toux. Les larmes dévalent mes joues sans s'arrêter. Je n'ai pourtant pas le temps de pleurer. Des coups me heurtent à la tête, dans les côtes, dans la poitrine. Des griffures au visage font couler un peu de sang sur mes tempes, et je sais déjà que je vais avoir des contusions et des bleus. La fumée est évacuée de la pièce, et on me prend à nouveau par le bras. La femme blonde, cet horrible monstre, sourit froidement. Elle sourit calmement, comme si ce n'était pas elle qui avait ordonné d'asphyxier ces enfants de moins de 10 ans. Elle ouvre le labo et on me pousse dans le dos. "Regarde ce que tu a fais, Elena", me murmure-t-elle à l'oreille. Mes yeux exorbités veulent se fermer devant ces corps sans vie qui jonchent le sol, devant les cadavres de certains enfants n'ayant pu fermer leurs yeux, devant ses griffures d'ongles sur la vitre, la porte, les murs. "Nous en tueront d'autres si tu ne nous obéis pas" reprend-elle de sa voix dénuée d'émotions. "On attend beaucoup de toi Elena. On attend de toi que tu obéisses et que tu te soumettes aux épreuves, comme les autres. Nous en tueront d'autres si tu ne le fais pas. Si tu ne vas pas les espionner." Les larmes cessent de couler. Je n'en ai plus de toute façon. Je vais devoir aller dans ce labyrinthe de malheur où mon frère ne se souvient même pas de moi, où tous ces garçons sont en danger, et où je vais devoir jouer le rôle de la méchante espionne.
Je suis dans la chambre grise qui m'a été assignée. Sujet A.0 est gravé sur la porte en métal. Alors que, roulée en boule sur mon matelas, je pense à mon frère et au fait que je vais bientôt le revoir, même si lui ne se souviendra pas de moi, ma porte s'ouvre. Je me redresse immédiatement en position assise, et ne cache pas ma surprise lorsque j'aperçois Janson s'approcher de moi. Un sourire malsain est scotché sur son visage, qui me fais me décaler lorsqu'il s'assoit à mes côtés sur le lit. Mon regard est alors attiré par quelque chose qu'il tient dans son poing serré. Remarquant mon regard, il ouvre la main pour laisser voir une clé USB. Je le regarde sans comprendre, tout en tentant de cacher ma peur. Que peut-il bien y avoir sur cette clé ? "Voici les vidéos des caméras de surveillance cachées dans le bâtiment. Des vidéos sur lesquelles on te voit, depuis plusieurs mois, faire sortir des enfants en douce " m'explique-t-il, son sourire toujours sur son visage, bien que la conversation n'aie rien de léger. Je tache de garder une expression neutre, mais je suis terrifiée. S'il s'est aperçu que j'avais renvoyé tout ses enfants, qui s'est ce qu'elle pourrait encore me faire subir... Je lis dans les yeux de Janson qu'il a deviné ma peur. Soudain, son sourire se fane et il m'attrape violemment le poignet, m'entraînant à sa suite dans les couloirs déserts. Je n'ose rien dire, je suis terrifiée. Il va me dénoncer... il va me dénoncer ! Mais alors que je suis sur le point de fondre en larmes à l'idée que je ne reverrais plus mon frère, il me pousse violemment dans une pièce sombre. Quand il allume les lumières, je me raidis. Un lit d'hôpital est posé au milieu de la pièce, ainsi que des tables roulantes sur lesquelles sont disposés des engins tranchants en inox. J'entends le cliquetis de la porte qui se referme, et quand j'entends deux voix d'hommes, je comprend que quelqu'un nous a rejoint. Mais je suis tétanisée. Que va-t-il me faire ? Je cherche des yeux une autre sortie, une vitre, une fenêtre, n'importe quoi qui me permette de m'enfuir, mais il n'y a rien. Quelqu'un m'attrape par les cheveux et m'allonge de force sur le lit. Je tente de me dégager, mais déjà des sangles aux poignets et aux pieds m'empêchent de bouger. "Allez-y docteur". Cette phrase me fait froid dans le dos. Au dessus de moi, un visage rond se penche. Des lunettes glissent sans arrêt sur le nez du docteur en question, qui essaye de gagner du temps. Il n'a apparemment pas très envie de me faire ce que Janson a prévu pour moi. Mais celui-ci crie : "Elle est une traîtresse ! On ne peux pas la laisser s'en sortir !" Finalement, le docteur semble se résigner et revient vers le lit d'opération dans lequel je suis. Il prend une seringue tandis que je me débat. Sous le regard victorieux de Janson, ce salopard, le médecin m'injecte la substance inconnue. Je ne me sens absolument pas différente, alors je me détends un peu. Puis je vois ce qui ressemble à un petit couteau. Un scalpel. Le docteur l'approche de moi. Très lentement. Puis il m'entaille la tempe, et l'autre, et je hurle de douleur. Le docteur semble trifouiller dans ma tête, et je hurle à chacun de ses mouvements. Pourquoi ne m'a-t-il pas anesthésié ? Cela fait mal, beaucoup trop mal ! Est-ce à cela que servait la seringue de tout à l'heure ? Cet enfoiré est il aussi horrible ? Je hurle, je me débat, je crie, mais rien ne change la douleur insoutenable dans ma tête. Je sens un liquide chaud se répandre le long de mon cou des deux côtés de mon crâne. Le docteur semble avoir fini avec ma tête, puisque je sens ses doigts s'enlever, ses instruments de torture se retirer de ma tête. Puis la souffrance revient, en dix fois pire. Je sens vaguement quelque chose de métallique et de froid dans ma tête, et je suis prise de frissons. Mes hurlements reviennent, je me secoue dans tous les sens pour essayer d'échapper à cette torture. Je ne veux pas, s'ils vous plaît, faites que cela s'arrête. Que cela s'arrête !! J'entends à peine les murmures de l'homme détestable dans son horrible pull gris quand le médecin me recoud le crâne. Mais quand je m'évanouis enfin, je percute soudainement. Impossible d'échapper au W.C.K.D. La puce qu'ils viennent de fixer sur mon cerveau ne les enlèvera jamais de ma tête. Ils seront toujours là pour me torturer.
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La terre brûlée : des choix pour survivre
FanficL'aventure continue pour nos jeunes héros du labyrinthe ! À peine sortis d'une épreuve, les voilà forcés à fuir pour se retrouver devant une autre : la terre brûlée. Ils vont devoir s'armer de courage et rester unis pour faire face à cette épreuve m...