Chapitre 38

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   Je n'arrive à rien. Cela fait maintenant trois heures que je suis assise sur mon bureau essayant de trouver de l'inspiration pour l'éloge funèbre de mon ange. J'essaye d'aller mieux depuis hier, la visite de Solange m'a fait beaucoup de bien, mais surtout la surprise de Fly. J'avais une raison de me lever aujourd'hui, je vais voire mon bel ange au funérarium. Mes parents me l'ont fortement déconseillé, mais j'en ai envie et besoin. Selon eux cela va me donner une mauvaise image, un mauvais souvenir de lui. Mais je me fiche de leur avis, moi ce que je veux c'est le voir, pouvoir le toucher, voir sa peau, son visage, ses douces lèvres. Il est impossible que le seul souvenir que je garde de lui soit cela. Déjà car je ne pourrais jamais l'oublier et aimer quelqu'un d'autre donc ce ne sera pas le seul souvenir, et ensuite car ce n'est pas un choix que je dois faire, c'est une nécessité pour mon corps et ma propre survie si je ne veux pas tomber dans la folie. 

Au bout d'un quart d'heure de plus devant ma feuille, je finis par abandonner pour le moment et je vais direction la salle de bain pour me préparer. Je ne sais pas si ça peut paraître étrange, mais j'ai envie d'être jolie, ou du moins présentable aujourd'hui. Je n'arrive peut être pas encore tout à fait à réaliser, mais rien que de savoir que je vais le voir me donne envie d'être belle pour lui. Il mérites que je le sois. Je m'habille simplement, je me coiffe soigneusement et je me maquille idéalement. L'anti-cerne que j'ai mis est assez incroyable, on dirait que ça fait trois jours que je dors douze heures par nuit alors qu'en réalité j'en ai à peine dormis dix en cinq jours. Je descend les escaliers à toute vitesse, c'est bientôt l'heure de partir. Je ne sais pas si je vais y croiser Solange ou Anaëlle mais pour dire vrai j'aimerais être seule. Juste lui et moi comme avant. 

Arrivée devant la façade triste du bâtiment je saute presque de la voiture encore en marche. Une boule au creux de mon estomac se forme, j'ai un peu peur de le voir comme ça...  Je ne vois aucune voiture que je connais, ce qui me rassure. 

Nous entrons dans le grand bâtiment, un frisson me parcoure. Il est là, quelque part si près et loin de moi. 

Nous arrivons devant la grande porte, il est là, derrière, il m'attend. Mes parents me tiennent et heureusement car je manque de tomber plusieurs fois. Un homme en costume ouvre la barrière qui me sépare de l'homme que j'aime, et je vois un corps inerte sur une espèce de table.  Je fais un pas et cette fois ci je tombe vraiment. La pièce est glaciale. Mon visage est vide. 

     « On peut encore partir si tu veux, ce n'est pas     grave si tu n'y arrive pas. » Mon père me rassure alors que     je suis toujours au sol.

   

     « Non, je veux rester, je veux être seule. »         

   

     « Je ne suis pas sure que ce soit une bonne idée     au vu de ton état. » Ma mère est inquiète.

   

     « Moi je le suis. » Ma voix se fait plus     dure et affirmative. Mon père me caresse l'épaule et ils sortent.     Je me retrouve seule dans cette immense pièce avec le corps sans     vie de mon amour.      

Je me relève et m'approche. Mes jambes sont frêles et je marche d'un pas peu assuré. Lorsque j'arrive devant le visage de Fly, je vois que son teint est plus pâle. Ses yeux sont fermés et il a l'air paisible. Je m'approche avec beaucoup de peine. Je passe ma main dans ses cheveux, je lui caresse la joue. Ma main est chaude contre son corps froid, mais c'est parce que moi je suis encore en vie... Je ne peux m'empêcher de le toucher et l'embrasser. Il est là. Et pendant un cours instant j'oublie tout ce qui s'est passé ces derniers jours et j'espère secrètement que sa main va venir toucher mon dos pour me rassurer, que je vais entendre sa voix et voir ses yeux bleus s'ouvrir. Je reste très longtemps assise près de lui en lui tenant la main. Je perd toute notion du temps. Je me remémore toute notre histoire et dans mes plus beaux souvenirs je le vois sourire. Je ne sens pas son odeur épissé habituelle, ce qui me manque. J'ai toujours pensé que ce que l'on oubliait en premier chez la personne que l'on a perdu est sa voix. Et aujourd'hui je le pense encore. Elle paraît très distincte dans ma tête, mais je sais que dans plusieurs semaine elle ne le sera plus, ce qui me brise. J'aurais toujours la clé USB pour le voir chanter pour moi. J'entends des pas venir de l'extérieur de mon petit paradis. Quelqu'un ouvre la porte, je tourne la tête sans lâcher la main de Fly, et vois Solange et Anaëlle. Je me lève et lâche la main de mon ange pour aller les serrer dans mes bras. Lorsque je lui lâche la main, l'absence de son contact refroidi tout mon corps et une larme coule sur ma joue. Je vais néanmoins vers les deux femmes aussi tristes que moi et l'on se serre les unes contre les autres pour se soutenir durant cette épreuve. Demain aura lieu le jour que je redoute le plus. Il est déjà dix huit heure et je ne m'en étais pas rendu compte, le temps passe très vite aux côtés de l'homme que j'aime. Je décide de lui faire un dernier long bisou, et dis en revoir à Solange et Anaëlle. Je dois encore aller écrire le discours et il faut que j'essaie de dormir ce soir pour être belle pour son dernier adieu et que je lui fasse honneur dans la magnifique robe qu'il m'a offerte, mais que je ne veux pas porter car ce sera le pire jour de ma vie sans doute. Mon visage paraît aussi plus fin, car je n'arrive plus à manger, tous les aliments me donnent la nausée, des cernes cachées avec un petit peu de maquillage creuses mon visage, je me sens faible, mais en vie. Je regagne difficilement la voiture de mes parents, je regrette de ne pas pouvoir rester plus longtemps.  Je rentre épuisée, le chemin m'a paru trop court, mon visage est pâle, on dirait que je suis malade, mais non, mon cœur bat encore. Ma mère prépare le dîner et souhaite que je fasse un effort pour manger. J'ai envie de lui faire plaisir alors je décide d'assister au repas. Je remarque deux couverts en trop, alors je lui demande :

T'aimer, puis m'envolerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant