Des milliers de couleurs s'étaient rejoint dans le ciel pour célébrer la fin du jour. La pluie qui s'était abattue sur la ville avait laissé ses traces sur le toit des immeubles et sur les carcasses de voitures qui trainaient non loin de là, ce qui reflétait toutes les couleurs orangées et rosées du ciel, donnant l'impression que la terre n'était que l'étrange continuité de ce ciel coloré.
Un jeune homme était assis devant son piano ; ses mains se baladaient doucement sur le clavier, ses doigts effleurant chaque touche avec tant de douceur que la mélodie qui s'en échappait ressemblait presque à l'appel à l'aide d'un cœur meurtri.
Le jeune homme avait les yeux fermés ; ses cheveux noirs en pagaille se promenaient sur son visage sans gêne, ne laissant plus apercevoir que quelques parcelles du visage crispé auquel ils appartenaient. Un dernier rayon du jour venait doucement effleurer le côté gauche de son visage donnant un peu de couleurs à la peau habituellement blanche comme neige du jeune homme.
Une rose blanche était placée sur le plateau du vieux piano sur lequel il était occupé, et un énorme bouquet de fleurs était placé à côté de cette fleur dont l'odeur contrastait grandement avec la taille des épines qu'elle offrait à quiconque oserait la toucher.
Le thorax du jeune homme se soulevait presque en rythme avec la musique, mais on ne tarda pas à voir des irrégularités apparaitre lorsque des sanglots commencèrent à secouer l'entièreté de son corps.
Alors les doigts s'arrêtèrent sur les touches sur lesquels ils étaient positionnés, créant un bruit sourd avant de laisser place au silence lorsque le jeune homme retira ses doigts du clavier afin de les placer devant ses yeux bordés de larmes.
Il resta plusieurs minutes dans la même position, tentant tant bien que mal de reprendre une respiration normale. Et tandis que les souvenirs se précipitaient en masse dans sa tête, souvenirs qui furent autrefois heureux mais qui n'étaient désormais qu'un écho à un passé heureux mais révolu, il sentit deux bras entourer son corps encore chamboulé par les sanglots.
Ses doigts cherchèrent à tâtons ceux de celui qui venait de coller son corps au sien, avides de s'entremêler à ceux qui les complétaient parfaitement depuis un certain temps déjà. Les doigts finirent par se trouver et ils s'agrippèrent de toutes leurs forces, avec tout le restant de volonté qui s'y trouvait désormais.
Le noiraud laissa sa tête retomber en arrière, s'affaissant sur l'épaule du blondinet qui en profita pour coller son visage au cou de son amant, son souffle chaud effleurant doucement sa peau lorsqu'il ajouta dans un murmure presque inaudible : « Je suis là, mon amour ».
Puis au plus grand désespoir du noiraud, l'autre jeune homme s'éloigna de lui et délia leurs doigts afin de venir s'assoir sur les cuisses du plus âgé et d'enfuir à nouveau son visage dans son cou tout en posant ses mains dans les cheveux d'ébène du plus âgé.
Ils restèrent un long moment à ne rien dire, enfin à ne pas parler, parce que dieu seul sait à quel point leurs corps pouvaient se raconter bien des choses à l'instant même.
Et c'est ainsi qu'ils passèrent les derniers rayons du soleil ; enlacés l'un à l'autre ; perdus l'un dans l'autre. Le noiraud s'était agrippé de toutes ses forces au blondinet et son odeur l'avait calmé en quelques instants ; sans ne rien dire, sans même avoir échangés un seul regard, juste par ce simple contact peau contre peau, cette odeur et cette présence, ça avait suffi à l'apaiser en quelques instants.
Alors petit à petit le noiraud avait relâché son étreinte, petit à petit il s'était éloigné du blondinet et il avait essuyé les larmes qui coulaient sur ses joues d'un geste rapide avec le dos de la main. Le blondinet avait fini par réussir à attraper le regard fuyant de l'autre et il avait énoncé d'une voix douce tout en effleurant amoureusement la joue du noiraud de sa main droite:
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Ƭσυтєѕ ℓєѕ cσυℓєυяѕ ∂υ cιєℓ ᴺᵃᵐʲᶤᶰ
Fanfiction«La dépression c'est être daltonien et entendre les autres vous répéter constamment comme le monde est coloré» ᴬᵗᵗᶤᶜᵘˢ Sous ses pieds; la vie, la rue en contre-bas que ses baskets saluent pour une dernière fois au loin. Au-dessus de sa tête, une i...