Chapitre 3.2 : Aja

40 14 31
                                    

– Votre ami, a été surpris avec une cargaison de statuettes païennes. La pratique de toute forme de religion païenne ou contraire à l'Islam est punie de peine de mort. Cependant, il a de la chance car il ne faisait que du commerce de ces statues, mais le pire affront qu'il ait commit, honte à lui, est d'avoir caché une criminelle et de l'avoir aidé à s'enfuir. Amir Ibn-Fayud par ma décision, en tant que chef de ma tribu et souverain de ce royaume, sera vendu en tant qu'esclave aux peuls.

– Voyons, s'insurgea Saban, tout ceci n'est qu'un malentendu !

      Il l'avait dit ça en avançant de quelques pas mais les gardes vinrent l'entouré dans un mouvement trop bien coordonné pour que ça soit improvisé. El-kinani avait tout préparé, ses yeux de rapaces le regardaient comme un prédateur qui venait de saisir sa proie.

– Tu es son complice, jeune prince...cela m'attriste d'en arriver là mais malheureusement pour toi ton voyage prend fin ici. De deux mouvements synchronisés, Saban se retourna pour faire face aux deux gardes, il saisit le bras de son adversaire de gauche et le désarma de son sabre avant de lui donner un coup de pied déloyal dans les parties. Cela l'écœurait, mais dans ce genre de situation il ne pouvait pas se permettre d'être gentil. Avec un violent coup latéral, il décapita son adversaire de droite qui s'apprêtait à le taillader. Le garde tomba et répandit du sang en bonne quantité sur le sol. Les serviteurs poussèrent des cris de frayeurs avant de s'enfuir en se bousculant. À la vue du sang, Saban eu un haut le cœur, c'était sa première fois de commettre un meurtre. Il avait tellement répété ces gestes dans ses entraînements que c'en était devenues des reflexes.

      Il était tellement sous le choc, qu'il ne vit pas de suite arriver l'attaque au poignard de son second adversaire. Mais il n'eut aucun mal à la parer au dernier moment avant de lui enfoncer le sabre dans la poitrine. Il se retourna péniblement, bouleversé par la vision du sang et le goût ferreux que le liquide avait dans sa bouche. Les autres gardes se jetèrent sur lui. Le combat était intense, le prince tenta de récupérer ses esprits. C'était aisé de tuer des monstres dépourvus d'âmes, mais enlever des âmes humaines de leurs corps étaient autre chose. Il continua à arracher des vies, les unes après les autres et à chaque fois il sentit son âme se déchirer. Saban était une machine entrainé par les meilleurs guerriers du Wagadou mais il y avait une chose que ces valeureux combattants ne lui avaient pas apprise. C'était ce que l'on ressentait lorsqu'on retirait une vie. Alors qu'il continua à se battre, que son sabre s'entrechoquait avec ceux des autres gardes, le prince sentit son visage se couvrir de larmes et de sang, il voulait que tout ceci s'arrête mais il n'arrivait pas. C'était comme si son corps était contrôlé par quelqu'un d'autre. Tout était mécanique et c'est seulement quand tous les gardes de la salle furent tués qu'il tomba enfin à genoux, serrant sa tête entre ses mains devant ce carnage. Il pensa que l'horreur s'était arrêtée, mais derrière lui les portes s'ouvrirent pour laisser pénétrer une autre vingtaine de soldats en armure.

      Saban ramassa de nouveau le sabre avec une lance, et faiblement il tenta de se relever avec des jambes tremblotantes d'effroi. Mais son regard rencontra les yeux apeurés d'Amir, derrière lui El-Kinani également sous le choc de ce qui venait de se passer, se tenait derrière son ami en posant fermement un couteau sur sa gorge.

– Un geste et c'est le sang d'Amir qui rejoint celui de mes hommes, menaça la voix effrayé du chef.

      Le prince lâcha les armes qui retombèrent avec un lourd fracas sur le sol. Soudainement quelque chose de chaud et visqueux coula sur son torse. Saban regarda sa poitrine et vie le bout métallique d'une lance qui l'avait transpercé. Il entendit Amir poussait un cri étouffé avant de se sentir tomber sur le côté. Son esprit se dissipait peu à peu mais il réussit à discerner des bottes militaires l'entourer et entre leurs jambes, le prince, mourant, vit son ami fendre en larmes à genoux et tapant des poings contre le sol. Alors c'était ça mourir ? Se demanda Saban...ce n'était pas si désagréable que ça. Il referma calmement les yeux avant de se laisser emporter dans l'abime.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant