Chapitre 18.1 : Suspicion !

15 4 4
                                    

      Azaès était vraiment comparable aux royaumes d'Afrique noire, observa Saban en portant un regard sur ses rues animées qu'il visitait avec son groupe académique. Toutefois, l'architecture était beaucoup plus riche et plus impressionnante. Le minerai d'orichalque était abondamment utilisé dans les constructions, les rues étaient animées de marchands en tout genre faisant la promotion de leurs produits, sous leurs stands recouverts de tissus de couleurs différentes.

      Les wodos étaient vêtus d'étranges habits comportant plusieurs couches de tissus, ainsi que d'un tissu enroulée sur le haut de leurs têtes à la manière des touaregs d'Afrique du nord. Cela fit sourire l'ancien roi, celui-ci pensa à Amir en les voyant, alors il lui fit savoir.

      Mais son ami ne semblait pas l'écouter. Apparemment, quelque chose d'autre avait déjà capté son attention. Saban suivit le regard du jeune homme et comprit la raison de sa distraction, en observant Aja et Héraclès qui discutaient tranquillement plus loin.

– Du calme, répéta une énième fois le dieu à l'adresse de son ami, ils ne font que parler !

      Le jeune dieu acheta un fruit appétissant qu'il découpa en deux morceaux égaux, l'aspect jauni à sa surface témoignait de sa comestibilité et la chaire rose et juteuse fit saliver Saban.

      Le jeune homme renversa vingt scadims dans la main du marchand wodo, il s'agissait de pièces en orichalque qui servaient de monnaie sur Atlantide, ce geste était bien généreux car le fruit en coûtait que sept.

      Amir tourna brusquement sa tête, faisant mine de regarder ailleurs. Il rougit, honteux d'avoir été pris en train d'épier sa compagne.

– Ce n'est pas ce que tu crois, grogna le berbère en acceptant la moitié du fruit que lui tendait son ami, mais je ne fais pas confiance en cet énergumène ! tu sais qu'il a...

– ...jeté une pierre sur moi, termina Saban d'un air blasé. Il croqua dans son fruit avant d'ajouter:

– Tu me l'as déjà dis et je comprends que ça te mette en colère, mais c'est Héraclès. Le fils de Zeus, ainsi que le héros des dieux. Pourquoi ne pas avoir confiance en lui, ce serait ridicule après tout ce qu'il a fait.

      Mais Amir esquissa un air de dégoût, cela faisait quelques jours qu'Aja et le demi-dieu se parlait régulièrement. Leurs messes basses rendaient, le jeune homme, fou de rage. Toutefois, il n'osait pas l'avouer à sa compagne, par simple fierté.

– Peu importe, dit-il sans détacher son regard d'Aja, je trouve ça quand-même bizarre qu'elle préfère passait du temps avec ce faux-jeton, plutôt qu'avec moi !

– Commence d'abord par arrêter de sécher les cours des arts magiques, riposta l'ancien roi en jetant un regard malicieux à l'adresse de son ami, c'est à ces moments là qu'il passe à l'attaque.

      Le berbère manqua une bouchée, il faillit s'étouffer et ce fut seulement après avoir toussé des morceaux de fruits sous l'œil écœuré de Saban, qu'il interrogea en balbutiant :

– Q-Qu'il passe à l'attaque, tu as dis ? Donc toi aussi tu as remarqué qu'il y a quelque chose de bizarre entre eux...ah ce sale chien de grec !

– Calme-toi ! déclara Saban en s'esclaffant, il finit son aliment en une dernière bouchée avant d'ajouter :

– Mais je veux dire par là que si tu venais assister aux cours, tu passerais plus de temps avec elle et il y aurait sûrement moins de risques.

– Quoi ? s'insurgea Amir, que je vienne assister à vos cours haram ? que le sheitan m'emporte si j'ose y mettre un pied !

– Tu ne changeras jamais, toi et ta religion !

– La meilleure de toute, affirma le berbère avec un air fier, mais ne t'en fais pas car une fois qu'il y aura les cours de combat, je viendrai à coup sûr !

– Ah ! s'exclama son ami, pourquoi faire ?

– Mais quelle question ! s'étonna sincèrement Amir, pour m'entrainer, évidemment ! Et comme ça je serai prêt pour me battre dans le monde divin, je ne te ferai pas honte, tu verras ! Malgré que je sois un simple humain, je saurai être à la hauteur.

      Saban s'arrêta brusquement, cela faisait deux semaines qu'il essayait de repousser le moment où il devrait avouer à Amir le conseil que son mentor, Ellegua, lui avait donné :

      "Mieux vaut perdre des alliés plutôt que des frères et sœurs. Choisis entre sauver ton amitié avec ce jeune homme ou préserver sa vie. Pour ça, il suffit tout simplement de l'empêcher de nous suivre''.

      Mais c'était beaucoup trop dur, Amir s'arrêta que quelques secondes après. Il constatant que son camarade ne le suivait pas, alors il revint sur ses pas.

– Que t'arrive-t-il ? demanda le berbère intrigué, t'as vu quelque chose d'étrange.

      Amir scruta les alentours, au-dessus des têtes de la foule, au moment où Saban déclara :

– Il faut que je te dise quelque chose d'important...

– Oh attends regarde, là-bas ! s'exclama le berbère en indiquant un coin de l'allée où se trouvait une petite ruelle qui s'enfonçait dans la ville.

      À Azaès, les habitations étaient grandes et les toits rapprochés, rendant les ruelles internes très sombres et très peu fréquentables. Mais malgré ça, on pouvait distinguer la silhouette et les habits de Watara, au loin. La femme semblait vouloir paraître la plus discrète possible, elle finit par s'enfoncer dans une des ruelles obscures.

– Je suis sûr qu'elle plonge dans trucs suspects, lança une petite voix sur l'épaule de Saban.

      Celui-ci sursauta et regarda la créature, c'était Ratatoskr et il grignotait tranquillement des noisettes sous le regard surpris de Saban.

– Enfin ! Rat, je t'ai déjà dis de ne pas me surprendre comme ça ! lança Saban en portant une main sur son cœur, j'aurais pu faire une crise !

– Foutaises, jeune homme ! Les dieux ne font pas de crises aussi stupides, mais cela dit je dois avouer que tu es un cas particulier, avec ta santé de tapette.

– Que fais-tu là, tout seul? demanda Amir, où est Aïsha ?

– Elle est déjà rentré, répondit le dieu, donc qu'attendons-nous pour suivre cette bombasse sexy, vous croyez qu'elle travaille à mi-temps dans un bordel?

      Amir et Saban se regardèrent avant d'échanger un large sourire avec le dieu d'Ygdrasil. Ils se décidèrent donc, finalement, de suivre leur enseignant d'analyse des runes.

******

      Héraclès répondit une énième fois à la déesse qu'elle pouvait lui faire confiance. Il y a quelques jours de cela, après le réveil de Saban, celle-ci était venue lui parler d'un sujet qu'elle estimait d'une importance capitale, mais qu'elle ne savait pas si elle pouvait se confier à lui.

– Faut que tu comprennes que je ne l'ai jamais révélé à personne, lâcha la déesse en adressant un regard implorant à son interlocuteur, donc s'il te plaît garde le secret.

      Aja avait appris, de la bouche de Poséidon, que c'était bien le demi-dieu qu'elle avait devant elle qui était responsable de la mort d'Antée lors de la conquête de l'Olympe, par l'Empereur Boro. Malgré la peine qu'elle avait partagée avec le seigneur des mers, Aja réussit tout de même à le lui pardonner.

      Antée avait, à cette époque, rejoint les rangs de Boro et en temps de guerre, sa mort était légitime. D'autant plus que le visage d'Héraclès s'était décomposé devant Aja,une fois qu'il comprit qu'elle était au courant de ses actes. Mais le plus triste était la révélation du demi-dieu : Antée, le roi libyen, avait longtemps été un frère d'arme pour ce dernier.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant