Chapitre 5.1 : Les crocs de Bida

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      Aja cracha une énième fois ses tripes sur le sol. Toujours allongée sur la selle, elle se demandait quand allait cesser cet insupportable calvaire. Son corps lui faisait souffrir le martyr, elle avait plusieurs fois mouillé son bandeau de ses larmes à tel point que le liquide coulait sur son visage. Ses lèvres étaient terriblement sèches et son ventre venait d'évacuer ses dernières réserves à cause de la nausée dû au trimbalement du cheval. Au bout d'une éternité, la caravane finit encore par s'arrêter. Mais cette fois-ci, Aja devina qu'ils étaient finalement arrivés à leur destination.

      Deux bras la soulevèrent comme s'il s'agissait d'une poupée. On la déposa, mais elle eu du mal à garder l'équilibre. La déesse tomba malencontreusement sur les pieds d'un des hommes et celui-ci lui donna un violent coup dans les côtes. La douleur fût immédiate, elle ne pu retenir un cri de douleur avant de lancer un chapelet de juron à l'adresse du sale type. D'un coup sec, on lui retira son bandeau qui lui couvrait les yeux, elle fût agressée par la lumière du crépuscule. Aja tenta de discerner les formes qui l'entouraient et compris qu'elle se trouvait dans un large canyon.

      Les parois s'élevaient très haut et l'air froid qui soufflait dans le couloir de roches avait un effet agréable sur sa peau meurtrie. Ses yeux se posèrent sur le feu qu'ils vinrent d'allumer et constata que de l'autre coté se trouvait dans une cage, Amir encore avec ses mains attachées. Son regard était vide et froid jusqu'à ce qu'il rencontre celui d'Aja. Le berbère se remit à gémir mais un des hommes lui donna un violent coup de bâton sur la tête.

– J'espère que le voyage vous a plu ? Demanda sarcastiquement un mercenaire en s'accroupissant près d'elle.

– Espèce d'ordure, cracha la déesse en lui jetant un regard noir, il n'a rien fait de mal !

– Détrompes toi traîtresse, son crime est de t'avoir caché...il répondra de ses actes en servant une riche famille peul.

      Aja tenta de discerner le visage de l'homme et reconnu un visage noir avec une balafre tout le long de sa joue droite. Il était grand et massif, et sa simple apparence suffisait à terrifier la déesse. L'homme la saisit brutalement par le bras avant de la traîner sans ménagement vers un orifice béant s'ouvrant dans la paroi de la grotte.

– Vous deux, dit-il en pointant successivement du doigt deux hommes, restez ici avec le berbère...nous en aurons pour un moment.

      Son ravisseur la posa sur son épaule afin de continuer plus aisément son enjambée entre les rochers aux surfaces glissantes. Ils pénétrèrent dans la grotte, les voies étaient étroites et s'enfonçaient presque à la verticale. La grotte les enveloppa rapidement dans une atmosphère à glacer le sang, rien ne semblait être rassurant et l'obscurité avait vite fait de les priver de leur vue. Alors le balafré tout en trimbalant sa victime sur son épaule, tendit sa torche devant lui avant de l'embraser en formulant un mot étrange. Les ravisseurs évoluèrent prudemment dans les artères de la grotte, tandis que leurs ombres frémissaient sur les parois à la lueur de leurs torches.

      Un froid intense pénétrait la peau de la déesse et cette dernière se mit à trembler de tout son corps. Soudainement une odeur nauséabonde agressa ses narines. Les individus continuèrent leurs progression, sans trop prêter attention, jusqu'à déboucher dans une vaste cavité avec une voûte élevée suspendue par des piliers gigantesques. Les structures verticales étaient habilement taillées dans la roche, le sol était recouvert d'ossements et de cadavres incomplets encore en décomposition, ce qui expliquait cette odeur répugnante. De sa torche, le balafré alluma des braseros accrochés à ces colonnes au fur et à mesure qu'ils avançaient. Ses collègues firent de même avec leurs torches, puis finirent par atteindre une étrange porte de fer. Soudain, Aja paniqua encore plus qu'avant. Il y avait quelque chose de vivant derrière cette porte. Une créature énorme qui la terrifiait rien que par sa respiration étrange. Ce n'était pas vraiment une respiration, pensa-t-elle, on aurait dit plutôt un sifflement. Le sifflement d'un serpent.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant