Chapitre 16.2: Face à face

9 3 5
                                    

      Aïsha se leva brusquement avec un air choquée sur le visage, provoquant l'intérêt des nouveaux arrivants. Le dieu grec sourit devant l'attitude de la jeune femme, tandis qu'Orula esquissa un sourire chaleureux et compréhensif, à l'adresse de l'athénienne. Ellegua fut le seul à rester de marbre devant cette scène, ses yeux se fixèrent longuement sur l'ancien roi de Kuyushi.

      Ce dernier avança tout simplement vers Saban et lui saisit fermement le bras.

– Qu'y a-t-il ? Demanda le jeune homme en se faisant emporter vers le balcon, sous l'air d'incompréhension de l'athénienne, expliquez-moi ce qui se passe ici !

– Fermes-la et suis-moi ! Grommela sombrement Ellegua, il referma rapidement les portes-fenêtres du balcon. Aïsha les regarda s'entretenir à l'extérieur dans une discussion, apparemment, agitée. Ne pouvant rien entendre, elle redirigea son regard vers Aja, Amir et les autres dieux.

– C'est toi qui lui as remis les idées en places ? demanda Amir. Celui-ci avait un petit sourire aux lèvres, tandis qu'Aja ne trahissait aucune émotion. L'athénienne acquiesça en hochant la tête, puis un sourire encore plus joyeux se dessina sur le visage du jeune homme.

– Nous te remercions infiniment ! déclara Orula, le visage radieux, y a-t-il quelque chose qu'on pourrait faire pour toi ?

– Oui, en réalité il y a deux choses...

– Dans ce cas, voudrais-tu bien nous dire de quoi il s'agit ? demanda Poséidon en allant s'asseoir sur un des trois fauteuils en cuire disposés dans le salon. Le seigneur des mers se servit une coupe de vin et en proposa à la jeune femme, celle-ci refusa poliment et le regarda servir les autres. Sauf Amir qui préféra se contenter d'un peu d'eau.

      Les autres prirent également place, sans détourner leurs regards de leur invité.

– Tout d'abord, commença Aïsha en regardant Olokun, que se passe-t-il avec votre fils ?

– Ce n'est pas mon fils. Répondit tout simplement le seigneur orisha.

       Olokun subit un léger regard de reproche de la part d'Aja, avant de soupirer d'un air fatigué :

– On lui doit bien la vérité après ce qu'elle vient de faire, non ?

– Si tu le dis, l'accompagna Orula en buvant une gorgée de sa coupe de vin.

– Mais je ne comprends pas ! Pourquoi avoir mentit à ce sujet ? interrogea l'athénienne avec un air perplexe, ses yeux se baladèrent successivement sur chacun des dieux, Aja et Amir.

– On s'est dit que ce serait beaucoup plus prudent, continua Amir, c'est le fils d'Eshu. Donc, également, le frère de Boro.

      L'atmosphère devint subitement tendue, Aïsha n'en croyait pas ses oreilles. Elle regarda alors vers le balcon. Saban et Ellegua discutait toujours, mais étaient à présent accoudés sur le garde-fou. Donc elle venait de sauver le frère de Boro, aussi appelé « le pire de tous » ?

– Le garçon de votre prophétie ? demanda-t-elle en regardant le dieu de la divination, celui qui est sensé affronter Boro ?

      Orula se contenta de hocher la tête, avant de dire :

– Nous l'avons amené ici afin de bénéficier de l'entraînement des meilleurs maîtres du monde.

– Les meilleurs ? interrogea-t-elle rêveusement.

– Ne t'es-tu jamais aperçu que les plus grandes figures du monde divin et celui de ce monde, se sont réunis ici même pour vous instruire ? Watara est une grande prêtresse wodo, enseignant également l'étude des runes à l'Académie de Karpatel. Merlin est un des plus grands mages de son époque. Ainsi que tous les autres enseignants présents actuellement dans l'Académie d'Azaès, nous accueillerons bientôt un nouvel enseignant qui vous apprendra les stratégies militaires.

– Si je comprends bien, souffla Aïsha en baissant les yeux, tout ceci a été mis en place pour qu'on puisse servir de soldats obéissant au doigt et à l'œil de votre petit protégé ? Afin de défendre vos propres intérêts ?

– Tu ne comprends pas ! lança Aja, c'est pour notre intérêt à tous. Si nous ne faisons rien, Boro asservira des millions de mortels. Est-ce ça que tu veux ?

– Atlantide sera en sécurité ! répondit simplement l'athénienne sans l'ombre d'une émotion, nous n'avons pas besoin de nous soumettre à votre " Saban '' pour défendre nos propres intérêts !

      La peur disparut tout à coup du cœur d'Aïsha, un autre sentiment pris place et se répandit lentement dans son corps.

      La jeune femme devint furieuse, elle chercha le regard de Poséidon pour avoir son soutien, mais ce dernier se contenta de répondre :

– Arrêtes de dire des sottises, gamine ! Tu sais mieux que moi que le peuple d'Atlantide se divise et que vous n'arriverez jamais à oublier vos différences pour faire face à l'ennemie.

– Et vous alors dans tout ça? S'insurgea l'athénienne avec un courage insoupçonné, où étiez-vous pendant que votre peuple avait besoin de vous ? Vous avez disparu depuis le submergement, sans même vous soucier de la misère de ma race ! les athéniens se sont fait discriminer, à la mort d'Athéna ils se sont remis à vous. Ils ont construit des temples en votre honneur durant des siècles, pour se faire pardonner. Toutes les souffrances qu'on nous inflige, simplement parce nous sommes des descendants d'envahisseurs ! Mais vous êtes resté sourd à nos prières, quel genre de dieu êtes vous ? Qui êtes-vous pour critiquer les Atlantes ? Aujourd'hui, vous voilà en train d'essayer de me convaincre de suivre un dieu étranger à mon peuple. Même pire, il s'agit du fils d'Eshu en personne, donc le frère de Boro. Le responsable de tout ce malheur ?

– Tu ne comprends pas...murmura Poséidon en détournant le regard, son visage paraissait triste.

– C'est vous qui ne comprenez pas, insista la déesse en retenant son regard sur lui, les Atlantes n'ont pas besoin de Saban. Ils ont besoin de vous !

– J-Je suis sincèrement désolé, lâcha finalement le seigneur des mers. Sa voix était faible, il était rempli de remords depuis son départ et n'avait jamais osé s'annoncer à son peuple. Aïsha avait raison, pensa-t-il. Mais malgré tout, il ne pouvait point se résoudre à envoyer son peuple à la guerre, c'est pour ça qu'il avait réunis "les bâtards d'Atlantide''.

       C'était pour épargner son peuple de l'affrontement sanglant qui aura lieu, la rencontre entre deux dieux de la destruction risquerait de détruire un monde tout entier. Poséidon ne voulait pas mêler le peuple submergé à toute cette histoire.

– Une dernière chose ! déclara l'athénienne en se levant et en avançant jusqu'à arriver à un mètre du dieu encore assis sur son fauteuil, celui-ci leva les yeux vers elle.

– Vas-y...dis moi.

– Êtes-vous mon père ? Demanda-t-elle en le regardant droit dans ses yeux d'un bleu océan.

      Un sourire triste traversa le visage de Poséidon, il répondit alors :

– C'est donc toi, Aïsha ? Fille de mon ancienne rivale et nièce, Athéna Tritonide ?

      La jeune femme acquiesça de la tête. Autour d'eux, les autres dieux se regardèrent. Aja jeta un regard perplexe en direction de l'athénienne. Celle-ci avait mentit, à elle et à Amir, sur son identité, en disant qu'elle s'appelait Thelmar.

– Non...Je ne suis pas ton père...mais ta défunte mère a sûrement dû te dire de te rendre ici, je suppose. J'ai quelque chose qui t'aidera sûrement à connaître l'identité de ton paternel. Suis-moi.

      Sur ces mots, Poséidon seleva et prit la direction de la porte d'où il avait son apparition. Aïsha hésita quelques secondes, mais Orula lui adressa un regard encourageant.L'athénienne emboîta donc le pas au seigneur des mers, laissant ainsi les autres dieux derrière elle.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant