Chapitre 16.1 : Retour à la réalité.

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      Pendant un court instant, Aïsha fixa encore le jeune homme, puis s'écarta lentement de ce dernier pour aller s'asseoir sur un rocher. L'athénienne se fit alors agresser par le froid, son corps frissonnait comme une feuille, tandis que Saban, lui, ne bougeait absolument pas. Au bout de quelques secondes, sans dire un mot, il vint s'asseoir à côté d'elle, sur le même rocher.

      Cette dernière remarqua, sans s'empêcher de sourire, que malgré son silence, il semblait être redevenu normal. Il n'avait plus ce regard dépourvu de vie. Saban semblait, à présent, en train d'analyser chaque élément qui les entourait comme s'il cherchait à se repérer.

      Au bout d'un long moment de silence, Aïsha murmura doucement une incantation en rapprochant ses petites mains de la surface humide de son corps, tout en passant au-dessus de ses habits :

Ouranis Thermo !

      Un léger vent agréable et chaud, émanant de sa paume de main, vint la réchauffer délicatement. Sa chemisette finit par sécher au bout de quelques minutes. L'athénienne proposa son aide à Saban, pour le sécher également. Mais celui-ci refusa d'une voix faible.

– Qui es-tu et où sommes nous ? demanda-t-il simplement, une fois qu'elle eut fini de se rhabiller. Son regard continuait à scruter la nature qui les entourait. Le soleil commençait à décliner et sa lueur éclairait le doux visage de Saban, qui semblait encore perturbé.

– Nous sommes à l'Académie d'Azaès, le domaine de ton père...

– Mon père a un domaine ? interrogea le jeune homme en regardant l'athénienne d'un air perplexe.

– Euh...oui, comment se fait-il que tu n'es pas au courant de ça ?

      Mais Saban ne répondit pas, il se leva précipitamment et chercha anxieusement quelque chose autour de lui. Aïsha se sentit mal à l'aise, il avait peut-être retrouvé sa conscience, mais elle aurait dit qu'il était pris d'une folie inquiétante.

       L'athénienne se leva prudemment lorsque Saban tourna furieusement son regard sur elle. Le jeune homme fonça vers Aïsha et la saisit fermement par les épaules.

– Qui es-tu ? demanda Saban, où suis-je réellement.

– J-Je suis Aïsha Tritonide d'Eumélos, fille d'Athéna Tritonide ! Et je t'assure que tu te trouves bien à l'Académie d'Azaès, qui est établie sur le continent d'Atlantide !

– Impossible...déclara tout simplement Saban, il retira ses mains pour se tenir fermement la tête. L'ancien roi de Kuyushi ne comprenait absolument pas ce qui lui arrivait, les yeux effrayés de l'athénienne le regardaient anxieusement.

      Brusquement, il poussa un cri avant de tomber au sol, allongé sur le dos.

– Amir ! où est-il, où sont Orula et Ellegua...Olokun, Ogun...non !

– Calme-toi, Saban ! déclara Aïsha paniquée en s'accroupissant près de lui. Je vais t'aider à les retrouver, je sais où ils sont !

– Ogun est mort ! lâcha-t-il rageusement en frappant le sol, par ma faute !

      Aïsha s'agenouilla près de lui, elle le saisit par les épaules pour plonger son regard dans le sien. L'athénienne vit alors une rage profonde qui brûlait dans son être. Cette vision l'effraya et elle le lâcha subitement.

– Je vais t'amener à eux, mais s'il te plait...calme toi, je t'en supplie !

      Saban ragea encore, mais au bout de quelques secondes, il acquiesça en hochant de la tête. 

******

      Aïsha manqua énormément d'assurance au moment où la porte, qui la séparait de la salle de séjour du seigneur des mers, se retrouva face à elle. Comme les autres membres de l'Académie, elle n'avait encore jamais approché d'aussi près les fameux quartiers d'Olokun. L'athénienne était au cinquième et dernier étage de l'immense palais, son cœur battait beaucoup trop vite et elle semblait ne pas pouvoir se calmer.

      Soudainement, une main se posa sur son épaule. Elle retint un cri avant de se retourner et apercevoir Saban. La jeune femme l'avait conduit jusqu'ici, elle avait longuement hésité, sur le chemin, à le laisser devant la porte et s'enfuir, mais sa conscience l'en avait dissuadé.

      Ce ne serait pas un comportement respectable, de sa part.

– Es-tu sûr d'aller bien ? Demanda le jeune homme en la regardant d'un air inquiet.

      Il s'était calmé, remarqua Aïsha. Bizarrement, le contact de ses doigts lui procura une étrange sensation de bien-être. Gênée, elle prit enfin la décision de toquer, son inquiétude s'étant calmé. Mais sans savoir pourquoi, un léger sourire se dessina sur ses lèvres.

        Ils entendirent des bruits de pas se rapprocher de la porte, celle-ci s'ouvrit en grand sur Amir. L'athénienne fut très surprise de le retrouver ici, bien après les heures de cours. Fortement intriguée, elle porta sur lui un regard perplexe. Mais apparemment, il ne fit pas très attention à elle, car ses yeux restèrent longuement rivés sur Saban.

– Amir...murmura simplement ce dernier. Leurs deux visages rayonnèrent, ils se jetèrent l'un et l'autre dans les bras. Quelques larmes coulèrent, puis le berbère se retira doucement pour regarder successivement l'athénienne puis son ami.

      Amir n'arrivait pas à y croire, il les fit finalement entrer tous les deux avant de les inviter à s'asseoir sur un des canapés du salon. Aïsha le regarda curieusement, s'étonnant qu'il fasse comme s'il était chez lui. Elle finit alors par se demander, si elle avait toqué à la bonne porte, étaient-ce réellement les quartiers d'Olokun ?

      Tandis que leur hôte se précipitait vers une autre porte, Saban et Aïsha prirent place tout près du balcon. L'athénienne contempla le luxe qui régnait autour d'elle, d'un œil admiratif. Même le fauteuil, sur lequel, elle était assise, était d'une élégance impressionnante. La jeune femme n'avait encore jamais vu autant de richesses rassemblées en un même lieu.

      Décidemment, le palais d'Olokun n'avait rien à envier aux intérieurs de maisons des daprésois, il n'y a pas à dire, ils faisaient pâles figures face à cette vision idyllique.

      Le lustre en or et en diamants brillaient de mille feux. La lumière devait sûrement être divine, pensa Aïsha. Les tableaux sur les murs représentaient des guerres anciennes. Sur l'un d'eux, la jeune femme distingua la Titanmachie. Poséidon, Olokun et d'autres dieux y étaient fièrement représentés en train d'affronter le célèbre titan, Hypérion.

      Des murmures agités en provenance d'une pièce annexe à la leur, parvinrent aux oreilles d'Aïsha et Saban. Soudainement, la porte par laquelle Amir avait disparu se rouvrit sur ce dernier accompagné d'Aja, Ellegua, Orula, Olokun et...

       L'athénienne écarquilla les yeux devant l'homme derrière eux, il s'agissait de Poséidon. Elle le reconnut tout simplement grâce à l'aura impressionnante qu'il dégageait. Son énergie était similaire à celle d'Olokun et le sel marin semblait émaner de lui comme un doux parfum.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant