Chapitre 6.1: La promesse du prince

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      À l'horizon, trois silhouettes se dessinèrent sur un lever de soleil rouge qui accompagnait les voyageurs, sur leur gauche, tous les matins à la même heure. Ils étaient enfin arrivés aux périphéries de Kuyushi, Saban était content de revoir enfin plus de verdure et des lieux qui lui étaient beaucoup plus familiers. Le prince se sentait tellement mieux chez lui, parmi son peuple. Certains villageois lui proposèrent de venir se reposer chez eux avec ses compagnons, il refusa poliment et continua sa route. Quelques heures plus tard, ils arrivèrent finalement à la capitale où se trouvait la résidence royale.

      Il déposa son cheval dans l'écurie, les autres firent pareil et, ensemble, ils pénétrèrent dans la ville, les habitants s'écartèrent sur son chemin. Les musiciens se pressèrent de chanter en son nom. Les marchands vinrent lui proposer de quoi manger, boire et divers autres articles. Les femmes pleuraient de joie et remerciaient le ciel d'avoir guidé le prince dans son voyage. Saban n'était pas indifférent face à autant d'animosité à son égard, il leur était énormément reconnaissant et cela lui faisait chaud au cœur d'être accueilli de la sorte. Le prince saluait la foule en levant sa main, tandis que des gardes lui permirent de mieux avancer en écartant la foule sur son chemin. Ses amis s'engouffrèrent dans la voie toute tracée vers le pavillon dont les portes s'ouvrirent en grand. La reine poussa un cri de joie, mais gardant quand-même un minimum de fierté, elle ne courut pas vers son fils. Elle préféra attendre en haut du perron, l'arrivé du jeune homme.

      Le roi apparut derrière elle et un large sourire se dessina sur son visage. Mais quelque chose clochait, remarqua Saban. Il s'appuyait sur une canne et toussait par moment.

      Une fois tous à l'intérieur, ils se dirigèrent vers la pièce principale. Le roi serra son fils dans ses bras et le regarda avec fierté.

– Tu nous es revenu, s'enquit-il.

– Père, êtes-vous sûr d'aller bien? 

– Juste une petite fièvre, ne t'inquiète pas pour moi...j'ai les meilleurs guérisseurs du royaume.

      Il le resserra dans ses bras puis se retourna vers les deux invités, il salua Amir avec joie et lorsqu'il posa enfin ses yeux sur Aja, son regard changea pendant quelques secondes.

      Aja le regarda aussi et fût surprise de ne pas voir le visage auquel elle s'attendait. Il ne s'agissait pas d'Eshu. Elle croyait qu'en venant ici, elle reconnaîtrait le visage du dieu malin, mais il semblait ne pas être en face de lui. Dans l'antre d'Anansi, la déesse avait confondu ce dernier avec Eshu, tout en étant persuadée que c'était le père de Saban. Mais elle comprit que ce n'était pas le cas, Aja finit donc par accepter de suivre Amir en croyant rencontrer le dieu de la discorde ici même. Apparemment, elle s'était encore trompé.

– Mais quelle ravissante jeune femme, déclara enfin Eshu qui pensa pendant une fraction de seconde s'être fait grillé sa couverture. Si la déesse de la nature ne l'avait pas reconnu à cause de son nouveau visage adopté depuis des siècles, lui avait bel et bien reconnu Aja. La mère de Saban, Yomi les invita lui et ses amis à manger copieusement un repas autour d'une table. Saban lui raconta son voyage, il expliqua à ses parents comment il avait rencontré Aja et comment il l'avait sauvé des crocs de Bida.

      Son père ne l'interrompit pas une seule fois et garda un ton neutre et un visage inexpressif durant toute la durée du repas. Mais ce n'était pas la réaction qu'attendait le prince, ce qui eut pour effet de l'irriter légèrement, mais il préféra se contenir. Amir leva les yeux au ciel lorsque Saban expliqua qu'Aja était une déesse. Eshu, lui, écarquilla les siens, feignant la surprise.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant