Chapitre 10.3 : Shango, le dieu du tonnerre !

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      Le visage de l'inconnu arborait un sourire narquois, il était à quelques centimètres seulement de celui de Saban. Cet individu était étrange, il y avait comme une aura terrifiante qui émanait de lui. Le jeune homme, suspendu par les cheveux, ne tarda pas à la sentir. 

      Il prit peur, se demandant à qui il avait à faire. Il redouta pendant une fraction de seconde d'être en face de Boro. Une barbe hirsute venait gâcher l'incroyable perfection de l'étranger, ses yeux étaient d'un noir profond et sur son crâne lisse se trouvaient des tatouages avec la même surbrillance que celui d'Orula. L'homme s'esclaffa d'un grand rire, il jeta un coup d'œil autour de lui pour contempler l'affreux spectacle et son plaisir continua d'augmenter graduellement.

      Cet individu était fou, pensa le jeune homme en le regardant s'amuser, comment pouvait-il éprouver autant de joie devant un enfer pareil. Une flamme de démence brillait dans les yeux de l'étranger, Saban comprit brutalement que c'était lui qui avait causé ce carnage.

      Ce monstre avait donc tout provoqué ? Une colère noire emplit son cœur accompagnée d'une rage incontrôlable qui l'envahissait jusqu'aux bout des doigts.

      L'ancien roi tenta de lui crier quelque chose, mais aucun son ne sortit de sa bouche, juste des larmes qui perlaient sur ses joues déjà humides.

– Hein ! Quoi ? Interrogea l'étranger avec un air toujours aussi amusé, j'ai l'impression que tu essayes de me dire quelque chose, jeune mortel !

     Ses yeux déments étaient plongés dont ceux de Saban, on pouvait voir la haine assombrir doucement l'âme de ce dernier. À cette vision, il rigola encore de plus bel. Son rire était insupportable aux oreilles du jeune homme, qui avait retrouvé son sens auditif.

– Ne me dites pas que le mortel qui fait autant peur à l'Empereur Boro, n'est rien d'autre qu'un muet insignifiant ? Demanda l'homme, en inspectant chaque recoin du corps de Saban, toujours en le saisissant fermement de sa main. Saban comprit de suite qu'il s'agissait d'un dieu ! Il avait été envoyé par Boro en personne. Et vu le chaos qu'il avait généré à l'aide de la foudre, il s'agissait probablement du seigneur Shango.

      Une sensation de douche froide parcouru son corps, une fois qu'il eu compris cette évidence. Il était foutu, il ne pouvait pas rivaliser avec ce dieu, sa puissance était telle qu'il pouvait détruire des chaines de montagnes à lui seul et éradiquer des royaumes comme il venait de le faire.

      La peur remplaça aussitôt la haine du jeune homme, Shango le remarqua car il lança de sa voix grave.

– J'adore contempler cet air effrayé dans les yeux de mes victimes, ce moment où ils finissent par comprendre qui je suis ! Tu n'es rien de plus qu'un misérable mortel, est-ce vraiment toi qui a tué le seigneur Bida ?

      Aucun son ne sortit de la bouche de Saban, celui-ci ne fit que remuer des lèvres.

– Mais quel est ton problème ? Demanda le dieu, réellement surpris, comment fais-tu pour diriger ton peuple avec ce handicap?

– Laissez-le tranquille ! lança une voix enrouée, il n'a rien avoir avec Bida ! C'est moi qui l'aie tué !

– Oh, mais ! S'étonna Shango en jetant, sans ménagement, Saban de côté comme s'il s'agissait d'une poupée de chiffon. C'est notre chère et tendre Aja !

      Il s'avança vers cette dernière qui restait auprès du corps de son compagnon. La déesse pleurait abondament, son regard appelait à la pitié. Elle regarda Saban dans les yeux, lui demandant pardon. Tout ça était sa faute, se disait-elle, intérieurement.

      Elle avait touché le pouls d'Amir, celui-ci était encore vivant, mais pour combien de temps ? Il fallait à tout prix le soigner. Si Shango demeurait trop longtemps, Amir risquerait d'y passer, faute de soins.

      La déesse se devait de l'éloigner, pour Amir et pour Saban. Le dieu ne connaissait pas encore la véritable identité divine de ce dernier, soit elle devait l'éloigner au plus vite, soit Ellegua et les autres divinités devaient leur porter secours. C'était la seule alternative possible pour qu'Amir survive.

– Je me rends ! Amenez-moi avec vous, mais laissez ce roi qui a tout perdu ! Il m'a recueilli et m'a sauvé la vie au cours d'un voyage à Aoudaghost, il n'a rien avoir avec ça ! C'est moi qui aie tué Bida !

      Shango se retrouva à un mètre d'Aja et d'Amir, son rictus était méprisable. La déesse baissa les yeux et se prosterna à ses pieds.

– Non ! Répondit Shango, c'est beaucoup trop facile, j'espérais au moins un peu de résistance de la part du roi et de la tienne. Mais apparemment, une fois de plus, Boro a surestimé ses ennemis.

– Ce ne sont pas les ennemis de Boro, ils ne le connaissaient même pas ! Insista Aja, je vous l'assure.

– Non ! Non ! NOOOON ! Trop facile, je ne vais tout de même pas partir sans tuer personne.

      Il réfléchit quelques minutes en scrutant le chaos autour d'eux, puis lança d'un ton amusé :

– Les villageois, ça ne compte pas vraiment ! Je veux mon petit bonus, alors choisis qui de vous trois va y passer !

– Pitié, seigneur du tonnerre ! Supplia la déesse en se relevant et en pleurant pour sa clémence, ils n'ont rien avoir...

– LA FERME !! cria le dieu soudainement en colère, je ne suis pas descendu sur terre pour entendre une misérable traîtresse dans ton genre se lamenter pour des mortels. Puisque tu refuses de choisir, alors je vais prendre ce pseudo-roi et l'affronter ! Je le vaincrai, évidemment, mais si sa mort me satisfait alors j'épargnerai cet homme qui gît à tes pieds. Dans le cas contraire, il y passera également.

      Le seigneur Shango s'écarta brusquement d'Aja. Cette dernière se releva. Mais au moment où elle voulut s'en prendre au dieu, un éclair émanant du corps de ce dernier, la frappa de plein fouet et la projeta plusieurs mètres derrière lui.

       Shango n'avait même pas eu besoin de se retourner pour neutraliser Aja. Devant ce qui venait de se passer, Saban, encore au sol, recula précipitamment et essaya d'échapper à la fureur du dieu.

– Bats-toi comme un homme ! Lui cria le dieu en faisant matérialiser une hache d'arme dans sa main tout en avançant vers lui, montre moi ce dont tu es capable. Je sais que c'est toi qui a tué Bida, alors montre moi ta vraie force ! J'ai volontairement fais naître la haine dans ton cœur, alors montre-la moi et sers-toi-en pour me vaincre !

      Saban se leva péniblement, il ramassa une lance qui setrouvait au sol, au grand plaisir de Shango. Sa main tremblait terriblement face à la grandeur du dieu, mais ce dernier avait raison, une rage intense brulait au fond de lui, attendant qu'une seule chose. Qu'on l'exploite !

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant