Chapitre 19.2: Le conseil d'Olokun.

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      Amir rentrait aux quartiers du Seigneur des mers, les joues rouges de colère. Le jeune homme n'arrivait pas à se calmer, des idées noires se mirent à fuser dans sa tête alors qu'il traversait les couloirs fréquentés par quelques membres de l'Académie.

      Ces derniers lui jetèrent des regards curieux, mais il ne leur prêta pas attention. Amir pénétra dans le grand salon et trouva le propriétaire des lieux tranquillement allongé sur un des fauteuils. Comme à son habitude, les yeux de celui-ci parcouraient les pages d'un des nombreux livres de sa bibliothèque privée.

       Olokun le salua en grommelant. Apparemment, il ne voulait pas être dérangé, remarqua le jeune homme qui prit place silencieusement sur un fauteuil, opposé au sien.

      Le Seigneur des mers était une divinité de nature bienveillante et posée, comme l'avait pu le constater Amir, il passait le plus clair de son temps à méditer et à lire des grimoires ou des parchemins.

      Amir l'appréciait beaucoup car il était autant ouvert d'esprit qu'Orula, contrairement à Ellegua.

       Le dieu fourbe, lui, ne semblait pas du tout porter réel intérêt pour le jeune homme. Le berbère avait, en effet, l'impression de ne pas exister aux yeux de cette divinité réputée pour sa malveillance. Amir avait finit par comprendre que sa présence gênait Ellegua. Il se doutait que ce dernier trouverait un moyen pour se débarrasser définitivement de lui, dans les plus brefs délais.

       Amir paniquait terriblement à l'idée de retourner dans le monde émergé, ce retour lui laisserait un goût amer après avoir vu les merveilles d'Atlantide.

      Le jeune homme avait remarqué cet air de culpabilité qui apparaissait sur le visage de Saban, depuis quelques jours. Cette expression faciale lui était adressée, finit-il par comprendre, il n'était pas dupe.

      Cela s'accentuait à chaque fois que son ami et lui discutait, lorsque le berbère parlait de son fort intérêt de fouler les terres du monde divin. À chaque fois qu'il lui confier ce rêve, le visage de Saban se décomposait. Cette réaction inconsciente faisait comprendre à Amir ce que son meilleur ami n'osait pas lui avouer.

      La vraie peur du jeune homme résidait dans le fait de se retrouver seul, de voir ses deux amis s'en aller très loin de lui. La perspective d'être séparé d'eux par des distances incalculables, même par les plus grands astronomes, l'effrayait au plus haut point.

      Le berbère s'était imaginé un avenir inatteignable concernant sa vie avec Aja et Saban. Il aurait eut une maison dans ce fameux monde, ils se seraient peut-être installés ensemble. Puis il aurait eu de nombreux enfants avec la déesse, celle-ci aurait peut-être renoncé à son immortalité.

      Mais cette alternative était bien trop belle pour se réaliser, Amir en était conscient. Le jeune homme n'aurait jamais été assez égoïste pour demander à Aja de devenir mortelle, juste pour son propre plaisir. Il n'avait pas le droit de lui faire une telle demande.

      Amir se mordit la lèvre inférieure en pensant à ce qui allait réellement se passer : il mourra seul à Atlantide, Aja s'en ira avec Héraclès et ils auront tous les deux des marmots, puis Saban vaincra son frère et deviendra la légende qu'il était destiné à devenir.

      Tandis que lui, il sera oublié de tous.

      Alors qu'il continuait à s'enfoncer dans ses pensées, la voix d'Olokun vint brutalement le ramener à la réalité :

– Qu'est-ce qui ne vas pas, Amir ? Tu restes là à fixer le sol, depuis un quart d'heure.

– Euh...tout va bien, ne vous en faites pas pour moi, c'est gentil. répondit le jeune homme en essayant d'adopter un ton calme. Mais malheureusement, sa voix trahissait sa frustration tout comme la sueur qui perlait sur son front. Olokun posa tout de même son livre à côté de lui, après s'être mis assis. Il déclara ensuite d'une voix calme :

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant