Chapitre 14.1 : Héraclès

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      Watara regardait Olokun d'un air contrarié. Depuis un long moment déjà, la mage lui jetait des éclairs de ses yeux sombres tout en restant fixée au beau milieu du salon. Mais apparemment, celui-ci ne semblait pas du tout perturbé par sa présence. Au contraire, il l'ignorait royalement et restait affalé sur son fauteuil avec un livre entre les mains.

– Il va falloir que tu m'expliques pourquoi tu as mis Héraclès et Aja dans le même groupe ! Déclara finalement l'enseignante, constatant que le dieu était décidé à faire comme s'il elle n'était pas là.

– Ah tu te décides enfin à parler, murmura le seigneur des mers en tournant une page, ce n'est pas à moi qu'il faut le demander, mais plutôt à Poséidon.

– D'accord, acquiesça Watara, donc tu n'es au courant de rien ?

– Pourquoi cela t'intéresse autant ? demanda une voix derrière elle. La jeune femme sursauta avant de se retourner brusquement. C'était le dieu grec, celui-ci lui fit un sourire malicieux avant de s'approcher d'elle.

      Poséidon vint doucement caresser la belle Watara, sa tendresse déconcentra la mage durant quelques secondes, mais elle finit par se retirer en reculant prudemment d'un pas.

      Le dieu la considérait comme acquise depuis qu'ils avaient partagé une nuit ensemble, ses yeux d'un bleu profond la déstabilisaient à chaque fois qu'il le regardait, alors elle baissa les yeux avec une petite frustration incontrôlable.

– Contentes-toi de me répondre, s'il te plait seigneur des mers !

– La raison pour laquelle j'ai incité Olokun à mettre ces deux là ensemble est toute simple, expliqua-t-il calmement devant le regard insistant de Watara, Aja me l'a demandé ! Je ne te dirai pas pourquoi, elle m'a fait promettre de ne rien dire à qui que ce soit.

– Mais c'est insensé...tu sais bien qu'Aja était l'apprentie de Gaïa ! Cette déesse orisha était très proche de l'enfant que tu as eu avec la mère des titans.

– Je sais, répondit simplement Poséidon, et Héraclès a tué notre fils.

– Mais pourquoi les mettre ensemble ? Insista Watara, écoutes tout ce que je veux c'est d'éviter un éventuel problème, le fait que tu les mettes tous les deux dans le même groupe, est une très mauvaise idée. J'en ai discuté avec Merlin et il est tout à fait d'accord avec moi !

– Je suis désolé, Watara ! Soupira le seigneur des mers, mais je ne peux pas t'en dire plus à ce sujet.

      L'enseignante ne comprenait pas cette décision de la part du dieu, c'était très perturbant pour elle qui n'était absolument pas du genre à gérer un conflit. Watara réfléchit encore quelques secondes devant le regard fatigué du dieu, avant de demander :

– Et en ce qu'il s'agit de Saban, le fils d'Olokun? Y a-t-il quelque chose que je dois savoir sur lui ?

– Pas grand-chose à par que Saban n'est pas son fils, précisa le dieu en souriant devant le visage surpris de Watara, c'est celui d'un dieu orisha nommé Eshu. Mais je vous en prix, il vaut mieux pour tout le monde de continuer à faire croire qu'il s'agisse du sien.

– Eshu ? répéta-t-elle avec un frisson, le dieu de la discorde ? le dieu fourbe ?

– Lui-même ! affirma Poséidon en gardant un sourire amusé devant le regard terrifié de la pauvre mage.

– Tandis que Thelmar, continua le seigneur des mers, n'est personne autre que la fille d'Athéna et je pense que je vais m'arrêter là pour les révélations. Merci de votre visite !

      Sur ces mots, le dieu traversa rapidement la pièce, pour se diriger vers la porte menant à ses quartiers. Laissant ainsi, Watara dans ses pensées.

– Contente ? demanda Olokun sans décrocher les yeux de son livre, je peux lire en paix maintenant ?

      Watara s'offusqua et lui jeta un regard dédaigneux avant de sortir au grand plaisir du seigneur orisha.

******


      Pendant ce temps, Aïsha se promenait sur une allée recouverte de feuilles mortes. Les nuances de bruns et d'oranges annonçaient l'approche imminente de l'hiver, devant lui Ratatoskr jouait en sautant dans les tas de feuilles tout en remuant sa queue. De temps en temps il essayait de l'attraper en tournant sur lui-même. Il était tellement mignon, pensa Aïsha en regardant la créature, elle arrivait même à oublier que c'était un dieu.

      L'athénienne sourit en le voyant se régaler d'une noisette, le rongeur lui en proposa, mais elle refusa poliment. La jeune femme appréciait tellement ses moments où elle se baladait dans la forêt entourant le palais d'Olokun, le territoire était tellement grand qu'elle avait eu mille occasion de se perdre.

      Aïsha avait eu la chance de voir des créatures aussi fabuleuses qu'effrayantes. Elles étaient étranges, différentes de celles qu'elle pouvait trouver chez elle, à Eumélos. Les races variaient sûrement selon les régions d'Atlantide. Au bout de quelques minutes de marches Ratatoskr s'arrêta brusquement avant de lancer :

– Mais quel est ce bel étalon qui vient vers nous en souriant ?

      Le cœur de la jeune femme rata un battement lorsqu'elle vit Héraclès au loin, il était effectivement en train de venir à leur rencontre. Le demi-dieu se posta devant elle, Aïsha leva les yeux vers lui et recula instinctivement d'un pas.

      Ce qui fit naître un sourire sur le visage d'Héraclès, celui-ci regarda autour d'eux avant de dire:

– Bonjour ! C'est Thelmar, c'est ça ?

– Oui, tout à fait...répondit timidement l'athénienne en baissant les yeux.

– D'accord, on marche un peu ? demanda-t-il en se retournant déjà, tu n'as rien contre ?

– Euh...non...en même temps, j'allais déjà dans cette direction donc...

– Excuses-moi si je peux te sembler un peu brusque, déclara Héraclès en se grattant la tête, mais c'est ma nature et j'ai dû mal à m'y faire, sinon tu as déjà fait des rencontres depuis que tu es ici?

– Euh, à part toi, j'ai à peine eu le temps de sympathiser avec Aja, mais...euh voilà...

      Aïsha se maudissait d'être aussi timide, elle voyait bien qu'elle devait trouver un sujet de conversation. La jeune femme était tellement sous le choc qu'Héraclès en personne l'invite à marcher avec lui qu'elle semblait avoir perdu l'usage de la parole.

– Aja...répéta rêveusement le demi-dieu pour lui-même, ce nom me dit quelque chose !

– Ah bon ?

– Oui, mais je n'arrive pas à me rappeler où est-ce que j'ai eu l'occasion de l'entendre.

      Héraclès réfléchit encore quelques secondes jusqu'à ce que son attention se dirige vers Ratatoskr qui se posta devant eux. Ils s'arrêtèrent soudainement, le rongeur menaçait d'une brindille le demi-dieu comme s'il s'agissait d'une lance.

L'âge Des Héros : La Prophétie Des Deux FrèresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant