chapitre 59

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Après l'entretien on m'a demandée de rester, j'ignore qui veut me parler et je ne sais pas du tout quel impression je leur ai fait.
Je suis en pleine réflexion quand j'entends des talons ce rapprocher.

- Merci d'avoir accepté de patienter Olivia
- Mme Laroche? Avais-je vraiment le choix?
- On a toujours le choix, allons dans un endroit plus convivial si vous le voulez bien
- Où voulez-vous aller?
- Dans une des salles de détente, je peux vous guider ?
- Allons-y

Je me laisse guider à travers les couloirs, durant le trajet, nous restons silencieuse.

- Désirez-vous boire quelque chose Olivia? Me demande mon ancienne prof en me guidant vers un siège.

Je suis étonnée qu'elle se souvienne de mon prénom, elle a du le voir lorsque j'ai passé mon entretien.

- Non merci

Je l'entends ce servir puis elle me rejoint et s'installe.

- Si j'ai tenue à avoir cette petite discussion avec vous, c'est parce que vous avez été une de mes élèves.
Il y a eu énormément de candidats pour cette session de recrutement plus que les autres années. À l'instar de vos camarades qui sont passés aujourd'hui et sur mes conseils Charles... ou Mr Sablon si vous préférez vous a fait passer un test disons un peu .... différents.
- Excusez-moi mais que voulez-vous dire? Je vous avez demandé de me traiter au même titre que les autres

Elle rit.

- Oooh allons Mademoiselle Morel, vous me vexez, si vous pensez que vous avez passé un test plus facile c'est que vous n'avez rien retenu de mon enseignement. Le test que vous avez passé été bien plus difficile
- Comment? Mais de quel droit?
- Nous savons toutes les deux que ça aurait été une insulte à vos facultés de vous faire passer le test initial.
- Comment pouvez-vous dire ça? Vous ne me connaissez pas!

Alors que je hausse le ton, elle reste calme, sa voix est posée, j'ai l'impression qu'elle s'amuse de la situation.

- Je vous connais Olivia, vous avez été dans ma classe deux années consécutives. J'ignore si vous le savez mais il y a eu une présélection avant les entretiens d'aujourd'hui.

Devant mon mutisme elle poursuit.

- Voilà comment cela fonctionne, avant d'arriver dans la maison mère intercoty, les candidats sont soigneusement triés et seuls les meilleurs passe l'entretien final. À aucun moment durant ces dernières semaines, je n'ai entendu votre nom, cela ne peux vouloir dire qu'une seule chose.

Elle garde le silence un court instant pour être sur de son effet.

- La personne qui vous a prit rendez-vous aujourd'hui croit en vos compétences et ne risquerait pas de faire jouer ses contacts et de perdre sa crédibilité si ça n'en valait pas la peine à moins d'être complètement idiot mais je ne le pense pas.

Mes joues s'empourpre en pensant à Alicia. Je n'ai pas envie de discréditer sa réputation ni de la décevoir mais plus j'entends le discours de mon ancienne professeur moins je suis sur de moi. À ce moment, je suis complètement perdue et ne comprends rien à ce qui ce passe.

- Je ne vais pas vous torturer plus longtemps. Pour en revenir à votre entretien, vous êtes consciente et serait d'accord avec moi si je vous dis que nous devons choisir le ou la meilleur candidat ou candidate et vous le savez tout comme moi, il n'y a pas de place pour la peu près, nous voulons l'excellence,....

À ses mots c'est comme si le ciel me tombé sur la tête, je suis sûr de ne pas faire le poids face aux autres candidats.

.... mais vous serez embauchée je vous l'assure

Je pense avoir mal entendu et reste bouche bée, ravie de sa petite mise en scène, elle enchaîne.

- Je vous conseil de rester disponible début janvier, c'est généralement à cette période qu'ils appellent les nouvelles recrues.
- Mais.... mais et votre discours sur votre fils?

Sont les seuls mots qui me viennent à l'esprit

- Ooohh Joshua est un bon à rien, qui a toujours compté sur moi pour lui ouvrir toutes les portes, ne croyez pas que je n'aime pas mon fils mais je suis lucide. Mon fils n'a pas une once de vocation pour ce metier
- Et...et vos insinuations ?

Nouveau tire de sa part.

- Il fallait bien que je vous... motive. Vous pensez que je ne vous apprécie pas n'est-ce pas?

Je ne réponds rien, après ses déclarations, je ne sais pas quoi penser.

- Si je vous ai quelque peu..... poussé pendant vos années d'études, c'est parce que j'ai tout de suite perçu votre talent mademoiselle Morel. Vous avez toujours été brillante en chimie et cosmétologie, vous étiez également très douée pour différencier, associer ou encore inventer de nouvelles associations d'odeurs et je voulais que vous travaillez plus durement que vos camarade. Je sais que vous étiez apprécié par vos autres professeurs et qu'ils vous noté bien mais être apprécié et avoir de bonne note ne suffit pas. Je ne voulez pas que vous vous reposiez sur vos lauriers, vous étiez capable de faire bien plus. Je voulez vous pousser à vous battre pour faire votre place et c'est navrant mais d'autant plus parce que vous êtes une femme.

Elle fait une courte pause et bois une gorgée, tandis que je digère l'information.

- Je me rappel de mes élèves les plus brillants et vous étiez de loin l'une des plus prometteuse de ma carrière d'enseignante. Je savais que pour vous motivée, il fallait que je vous pousse dans vos retranchements et ma foi ça a fonctionné plus que je ne l'aurais espéré. Plus je vous poussez et plus vous aviez soif de réussir et de me montrer ce que vous aviez dans le ventre.
- Vous m'avez manipulé ?
- Disons .... encourager

En sortant de l'agence je souffle un grand coup et me sens épuisée. C'est comme si un ascenseur émotionnel c'était amusé avec moi. Ce n'est pas uniquement les révélations de mon ancienne professeur qui me font cet effet mais toute cette journée.

J'appelle un taxi pour me ramener à la maison et repense aux dernières heures. Avant l'entretien on nous a fait visiter le laboratoire, me replonger dans cet univers olfactif m'a rappelé avec quel fougue je voulais réussir, j'ai au fil de la visite retrouvé cette envie.

C'est comme si je me reconnecté avec la femme que j'étais. Je n'avais rien oublié de mes ambitions passé mais être sur place, pouvoir toucher du bout des doigts cet univers, c'était du concret, ça n'était plus seulement un souvenir.

Quand est venu l'heure de mon entretien, je me sentais sereine, presque confiante.
On m'a fait m'installer devant un bureau avec différents flacons, différents outils de distillerie. Quatre personnes ce sont présentés et mon m'interrogaient successivement. Il y avait respectivement, Mr Sablon le directeur de inter coty, Mme Laroche mon ancienne professeur, le directeur du laboratoire Mr Hoffman et Mme Godry célèbre parfumeuse que sa réputation n'est plus à démontrer. À ce nom j'ai perdue un bref instant mes moyens, être dans la même pièce que cette femme qui a travaillé pour les plus grandes marques est un véritable honneur pour moi. Je me suis ressaisi, bien décidé à leur montrer de quoi j'étais capable.

J'ai eu droit à différentes épreuves, autant de mise en pratique que des questions orales sur mes connaissances. L'entretien m'a semblait durer une éternité mais j'étais dans mon élément.
Une fois terminé je n'ai pas su deviné si ils avaient été satisfaits ou non ils ne laissaient rien paraître.

Histoire d'une Vie ( Interrompu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant