chapitre 72

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Les deux premières semaines sont difficiles, je casse énormément de fiole en les manipulant. Ma maladresse me fatigue et me fait douter de mes capacités mais je ne perds pas ma motivation. Je me remémore progressivement les formules chimiques, les gestes reviennent. Le programme informatique est complexe d'autant plus que je dois le déchiffrer avec les doigts, je perds énormément de temps.

Ma cécité me complique la tâche, je répète encore et encore les mêmes gestes jusqu'à maîtriser les ustensiles et les outils nécessaires. En plus de me mettre au niveau, Carole ouvre mon esprit à de nouvelles expériences olfactives. Elle me fait découvrir des combinaisons d'odeurs que je n'aurais pas imaginé possible. Elle m'apprend à sortir des sentiers battus et à prendre le risque d'échouer. Elle m'enseigne que les échecs sont aussi importants que les réussites et de ne pas en avoir honte, qu'ils me feront avancer bien plus que les victoires.

Ce travail me plaît énormément pas un seul instant je ne regrette ma démission, même si l'aventure devait s'arrêter dans deux semaines. J'ai l'impression que c'est tellement loin et pourtant c'était hier. Je prends tout ce qu'elle accepte de me donner, son expérience, ses connaissances, ses échecs méconnu du grand public. Je suis comme une sangsue qui aspire chaque bribe de souvenir, je me nourrit de son enseignement.

Depuis mon dépôt de plainte au commissariat, je n'ai toujours aucune nouvelle de la police. J'ignore totalement si une enquête à était ouverte, ni même si l'on m'a prise au sérieux. Aucun signe de vie d'Alexandre non plus. Je n'ai plus l'impression d'être suivie et ne sent plus sont odeur, à moin qu'il est encore changé de parfum mais sentir à plusieurs endroits le même parfum m'aurai interpellé. J'en viendrai presque à me demander si je ne me suis pas imaginé tout ce qui c'est passé.

Les jours passent à un rythme éprouvant, Carole me pousse dans mes retranchements et m'oblige à me dépasser. Elle me force à imaginer deux odeurs radicalement opposées et comment faire pour les marier entre elles et n'en faire qu'une, une nouvelle avec son identité propre. Elle m'enseigne également des techniques pour extraire n'importe quel odeurs peu importe la surfaces, textiles, plantes etc et conserver toutes ses molécules intact, pour pouvoir ensuite être manipulé, mélangé, modifié à notre guise. Ma soif de connaissance l'enchante.

Au fil des jours, j'apprends à la connaître, je découvre une femme qui a voué sa vie à son métier, parcourut les quatres coins du monde pour découvrir les secrets olfactifs de chaque continent. Elle aime partager son savoir, elle est méthodique, précise et créative.

Ce mois est éprouvant, j'ai beaucoup de chose à intégrer en peu de temps. En rentrant chez moi mon cerveau est encore en ébullition et il me faut un temps d'adaptation pour ne plus penser au travail. J'ai récupéré les échantillons d'odeurs que j'avais conservé dans mon ancienne chambre chez mes parents. Je n'ai jamais oublié les 300 odeurs de base de la création des parfums. Malheureusement je serais aujourd'hui incapable de reconnaître les 3000 odeurs que j'avais réussi à mémoriser durant mes années de fac et pendant mes stages sur le terrain. Tous les soirs comme à l'époque, je m'entraîne à me réapproprier ces odeurs.

 Alicia me manque énormément, j'aimerais être avec elle plus souvent que deux ou trois fois dans la semaine. Je sais que c'est une période à passer et qu'une fois ma formation terminée tout reviendra à la normale.
Si je suis embauchée, je changerais mes horaires pour pouvoir passer plus de temps avec elle. Depuis que je dors moins souvent à ses côtés mes cauchemars sont réapparus, pas toutes les nuits comme avant mais ils restent présent.

Lundi 19 février

Exactement un mois plus tard que le jour de signature de mon contrat. Pour mon dernier jour de formation, Carole m'a concoctée toutes sortes de tests pour évaluer mes compétences, mes connaissances et ma dextérité qui m'a cruellement manqué au début. Ces différentes épreuves durent une bonne partie de la journée. En fin d'après-midi une pause est la bienvenue, je sirote un thé dans une des salles de pause d'Intercoty avec ma formatrice, tout en écoutant de la musique.

Dans quelques minutes, je serais convoqué dans le bureau du directeur pour faire le bilan. Je ne suis pas sereine, malgré tout je suis lucide et pense avoir ma place ici. Au cours de cette courte période, j'ai donnée le meilleure de moi-même, je me suis sentie progresser mais est-ce assez?

- Comment tu te sent? Me demande Carole.

Elle a commencé à me tutoyer il y a seulement une semaine, comme ça du jour au lendemain sans prévenir, j'ai naturellement fait de même.

- Pour être honnête, je ne sais pas trop quoi penser
- Tu as bien évoluée en si peu de temps, je suis moi-même surprise. Tu as ce métier dans la peau Olivia. Je n'aurais pas le dernier mot face à eux mais je plaiderai pour toi. Je pense que cet entretien n'est qu'une formalité. Si tu es prête allons-y.

Je me lève et me dirige vers le bureau de
Mr Sablon. J'ai mémorisé la disposition des lieux et n'ai plus besoin de quelqu'un pour me guider.
Je salue mes deux directeurs et m'assieds sur une chaise, l'entretien démarre aussitôt la porte refermé. Chacun leur tour me posent des questions sur mon ressentie, mon implication et me demande comment j'envisage mon avenir possible dans cette société. Ils évaluent également mon travail et me font part de ce qu'ils ont perçu au travers des rapports que faisait régulièrement Carole, cette dernière prend partie pour moi. L'entretien dure une petite heure.

En quittant le bureau ils me serrent la main, heureux de me compter dans leur rang. Carole avait raison c'était une formalité, je me rend compte que leur décision avaient déjà était prise avant que je ne rentre dans ce bureau.

- Ça va mieux? Me demande Carole.

J'ai le sourire aux lèvres, soulagée d'avoir réussi cette étape.

- Oui beaucoup mieux c'était...éprouvant
- ils adorent laisser planer le doute, c'est leur grande spécialité. Rentre chez toi maintenant et profite de ta soirée. Demain tu plonge dans le grand bain.

Je quitte Intercoty et rentre chez moi où je retrouve Alicia qui attendait la fin de cette journée au moins aussi impatiemment que moi.

- Alors mon amour?
- Tu as devant toi la nouvelle parfumeuse d'intercoty, je suis trop contente mon amour si tu savais à quel point.

Elle s'approche de moi et me fait tournoyer dans les airs en m'embrassant amoureusement.

- Tu l'as fait Olivia! Tu vas pouvoir souffler un peu à présent
- Au contraire c'est maintenant que tout commence, j'ai encore tellement de choses à découvrir.

Elle ricane.

- Et moi qui pensais être une férue de travail, j'ai trouvée mon maître
- En l'occurrence ta maîtresse

Je pose mes lèvres sur les siennes et viens lui arracher un gémissement de plaisir.

- Il faut que j'appelle tout le monde pour leur annoncer la nouvelle. Je vais commencer par Évy.
- D'accord
- Ok Betty appel Évy
- Appel de Évy en cours. Annonce la voix métallique de l'enceinte.
- Je vois que mon cadeau t'es utile. Me murmure Alicia
- Je ne peux plus m'en passer. Je me demande comment je fesais avant.

Elle rit et retourne dans le salon me laissant un peu d'intimité pour appeler mes proches.
Après avoir discuté pendant de longue minutes avec ma meilleure amie, j'enchaîne avec mes parents qui doivent être impatients d'avoir des nouvelle, en vue des multiples messages qu'ils m'ont laissé aujourd'hui sur mon portable. Quand la conversation ce termine je suis sur un petit nuage. Je retrouve Alicia dans le salon et m'allonge sur le canapé, la tête posé sur ses jambes, sa main vient me caresser le visage tendrement.

- Maintenant que tu es embauchée tu vas pouvoir leur parler de nos vacances.

Cela fait un moment que j'y pense et dire que notre avion décolle dans quelques jours et que nos valises ne sont toujours pas prêtes.

- Je ne sais pas comment leur annoncer
- Tu m'as bien dis qu'ils étaient ouverts
- Oui mais de la à partir en vacances trois jours après mon embauche...
- Tu veux annuler?
- NON! Non surtout pas
- Tu pourrais demander conseil à ta formatrice.

À ces mots je me rends compte qu'elle ne l'ai plus et que je vais devoir avancer seule à présent.

- Oui tu as raion, dès demain je en lui parlerais.

Histoire d'une Vie ( Interrompu)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant