Chapitre 3

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Je me réveille en sursaut par un énième cauchemar. Des images tournent encore en boucle dans ma tête. Je ne fais que me remémorer les évènements passés, la mort de ma mère hante encore une bonne partie de mes nuits. Je revois le visages des hommes qui l'ont tué. Je la vengerai peut importe si je meurs dans cette quête.

Finalement, je me suis endormi bien vite après être rentrée hier soir. Mon regard se porte sur la fenêtre, le soleil n'est pas encore levé. Est-ce que je devrai sortir vérifier si je vois cet oiseau blanc aperçu lors de ma balade ? Normalement, je passerai inaperçu avec mon plumage sombre. Je ne devrai pas attirer l'attention si je sors rapidement pour regarder... Je réfléchis quelques instants en pesant le pour et le contre. Ma décision prise, je me lève précipitamment et commence ma transformation. Mes os craquent, s'allongent puis se transforment. La douleur me tord les tripes qui elles-mêmes changent lentement de place à l'intérieur de mon corps. Je n'ai pas l'habitude de cette sensation désagréable. Ma mère me disait souvent qu'avec le temps la douleur devenait plus supportable, qu'il suffisait de se métamorphoser régulièrement pour qu'elle s'estompe au fur et à mesure. Malheureusement, je n'ai pas eu la chance de pouvoir essayer souvent... Si je compte bien ce n'est que ma troisième transformation . Sachant que j'ai bientôt 20ans et que ma première était à 9ans... Ça fait vraiment peu.

Quelques minutes plus tard, le corps encore endoloris, je me redresse et j'ouvre les yeux. J'ai toujours un peu de mal à me faire à la vision que j'ai sous cette forme. Je peux voir des détails auxquels je ne fais pas attention habituellement, enfin surtout que je ne vois pas habituellement. C'est tellement précis, que je vois même la fourmi qui coure le long du mur ou encore la toile d'araignée dans le coin du plafond. J'aperçois les rainures de chaque planche de bois et les fentes de chaque pierre. C'est vrai que les rapaces peuvent voir leur proi a plusieurs kilomètres, c'est fou.
Mais j'ai pas le temps de m'éparpiller sur le sujet, il faut que je me dépêche ! D'un battement d'aile, j'atteins la fenêtre. Je regarde discrètement la ruelle en contrebas, personne, la voie est libre. A l'aide de mon bec, j'ouvre le crochet et pousse le battant de celle-ci. Le vent frais de la nuit vient caresser mon plumage et un frisson agréable me parcoure le corps. Impatiente, j'étends mes ailes, et me laisse emporter par la brise. Je ne le redirai jamais assez, mais qu'est-ce que j'aime ça ! Malheureusement aujourd'hui, je ne peux pas vraiment en profiter. Je dois retrouver ce volatil. Devrais-je le tuer si je le vois ? Suis-je prête pour ça ? Après tout, c'est son espèce qui a tuer mes parents. La vengeance ne les fera pas revenir mais peut-être reposeront ils enfin en paix ? Je vais essayer de ne pas penser à tout ça, je verrai le moment venu. De toute façon cela fait des années que je m'entraine au combat. Samuel m'a appris à me battre à l'épée. Le seul problème est que je n'ai jamais appris à me battre sous ma forme d'oiseau. De plus, le nombre de mes transformations ce compte sur les doigts d'une main. Jusqu'à peu, j'avais trop peur de sortir comme ça. J'imagine que j'avais peur qu'on me voit, qu'on me retrouve et que je finisse comme ma mère une épée plantée dans le dos. Mais suis-je toujours à l'abri aujourd'hui ? Je n'en suis pas si sûr après avoir vu ce grand oiseau blanc hier. J'espère que je me suis juste leurrer à son sujet. Je dois absolument le vérifier. En espérant que mon instinct c'est trompé, même si j'ai de gros doutes. Au fond, je sens que c'est pas une bonne idée mais ma curiosité prend le dessus et je ne peux m'empêcher de continuer. Comme on dit souvent, la curiosité est un vilain défaut non ? Je suis pas vraiment d'accord, elle est aussi preuve d'intelligence. Le seule problème, c'est qu'elle peut vous mettre en danger. Et mon petit doigt, enfin plutôt ma petite plume, me dis que c'est exactement le cas en ce moment.
Après je ne peux pas me mentir à moi-même, cette petite sortie me fais vraiment du bien aussi. Le vent caresse toujours mes plumes doucement. La sensation est si agréable que j'en oublierai presque mon objectif.

Je survole la ville encore endormi. Les rues ne sont pas vraiment éclairées et même les tavernes qui habituellement sont encore ouverte jusqu'au petit matin sont étrangement calme. J'observe attentivement chaque personne qui passe dans les ruelles mais aucune ne semble suspecte.
Il est possible aussi que l'oiseau que je cherche se soit transformé et que cette personne passe la nuit dans une taverne du coin. Dans ce cas impossible pour moi de savoir qui c'est. Puis il doit sûrement dormir vu l'heure tardive. Cela pourrait être n'importe qui et nous savons très bien nous fondre dans la masse. N'ai-je pas fait ça pendant des années ? Et puis finalement, peut-être est-il toujours au lac ? Je devrais aller vérifier là-bas.

L'oiseau de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant