Chapitre 13

12 2 0
                                    

Les jours, puis les semaines et les mois ont passé... L'automne touche presque à sa fin. Les arbres sont tous teintés de couleurs chaudes. Ils se sont petit à petit parés de jaune, d'orange ou de rouge. J'aime beaucoup cette saison. Je trouve la forêt si belle avec toutes ses couleurs. Assise près du feu, je regarde par la fenêtre ce magnifique paysage. Le dessin du château avec le message codé est posé sur mes genoux. Je n'ai malheureusement toujours pas réussi à le déchiffrer... Je passe tout mon temps libre à essayer de trouver la réponse, malgré ça, des mois sont passés et j'en suis toujours au même point. Je suis retourné plusieurs fois en ville afin d'acheter des légumineuses. Par chance, je n'ai pas croisé les hommes qui ont essayé de me tuer. C'était toujours une joie de retrouver mon compagnon pour faire la route. Il me manque. Cela fait trois semaines que je ne l'ai pas vu. Il reste un être libre, je n'ai pas à lui imposer de venir me voir tous les jours. Cela n'empêche pas que nos âmes soient liées et que je ressente sa présence au fond de moi. La solitude me pèse quand même énormément...

Pour me changer les idées, je pars souvent chasser ou juste voler au-dessus de la forêt. Je me suis vraiment amélioré. J'arrive à attraper des animaux plus gros et je loupe quasiment plus mes proies. Cela m'a aussi entraîné à me transformer plus rapidement et surtout, à m'habituer à la douleur afin de ne plus souffrir le martyre. J'ai aussi appris à mieux maîtriser mon vol et la chasse m'a permis d'être meilleure au combat aérien. J'ai souvent pris pour cible des oiseaux. Que ce soit des oies, des canards ou des pigeons, j'arrive à les suivre en vol et à les attaquer mortellement. Je suis assez fière des progrès que j'ai faits durant ces derniers mois.

Chaque jour, j'arrive à voler un peu plus loin et un peu plus longtemps. Mon endurance a considérablement amélioré. Concernant le combat à terre, j'ai continué à m'entraîner avec l'épée que Samuel m'a offerte. Mes mouvements sont bien plus précis et beaucoup plus fluides. Je me suis énormément musclé à force de faire de l'exercice. C'est bien beau tout ça, mais tu n'as toujours pas avancé sur ce fichu parchemin. C'est dur à avouer, mais ma conscience a raison... Je ne peux pas rester ici à vie, je deviendrai folle avant de toute façon. J'attrape la carte qui traine non loin de là. Je ne l'ai pas souvent regardé. À quoi cela aurait servi si je n'avais pas l'emplacement du château ? J'ai peut-être loupé quelque chose... J'observe chaque recoin à la recherche d'un petit point que je n'aurai pas vu précédemment. Mais il n'y a rien. Juste les différentes villes, les forêts ou bien les montagnes. La mer recouvre une partie du Sud de la carte. Mais même là, il n'y a aucune île ou point indiquant quelque chose. Mes yeux se portaient sur le petit symbole de la boussole auquel je n'avais jamais prêté attention. Étrange, les points cardinaux ne sont pas écrits correctement. Le Nord est un O, le Sud un T, l'Est un F et l'Ouest un P. Vraiment étrange. Cela n'a aucune logique : pourquoi représenter une boussole avec des lettres qui n'ont aucun rapport avec celle d'origine ? Réfléchi, peut-être que c'est la solution au message. Cela ne peut pas être un hasard. Je sens ma tête surchauffer. Je sais que la clé est sous mes yeux et je n'ai même pas vu ça avant. Je me maudis intérieurement. Argh, je vais finir par me taper la tête contre un mur. J'assemble les différentes lettres, Topf, poft, oftp, ça n'a aucun sens. Je ne peux pas faire un mot avec ça. Je me masse les tempes. Je suis à deux doigts de trouver, je le sens. Reprenons, pourquoi un O à la place du N ? Je récite l'alphabet dans ma tête par hasard. Mais oui, c'est ça ! Le O suit le N, le T suit le S et cela fonctionne avec chaque lettre ! Cétait si simple ? J'attrape un papier et, à l'aide d'une plume que j'ai préalablement trempée dans l'encre, j'écris toutes les lettres de l'alphabet. Je prends le parchemin avec le code et commence à écrire chaque lettre précédant celle notée sur le papier. Des mots se forment, puis des phrases. Après un petit moment, je fini enfin de déchiffrer le texte. Sous mes yeux se dévoile une suite de phrases énigmatiques :

En amont, trouver la cité.
Là où le soleil meurt, se diriger.
Du point le plus haut, trouvez l'œil de l'aigle.

Ça me fait une belle jambe. Je ne suis pas bien mieux avancé. Je regarde la carte. J'imagine qu'il y a un lien avec celle-ci. Admettons que je parte d'ici. En amont, trouver la cité. Il y a plusieurs cités autour de la maison. Celle au sud est la plus proche. Il y en a une aussi bien plus au nord et une dernière loin à l'est. Celle au nord se trouve au croisement de deux rivières. Attendez en amont... Serait-ce en amont de la rivière ? Si on suit la rivière vers le nord, elle rejoint la ville. J'imagine que c'est la réponse à la première phrase. Je dois donc aller là-bas. Enfin, mon cœur se remplit d'espoir. J'ai enfin un chemin à suivre pour retrouver les Miens. Une fois sur place, j'essaierai de comprendre la suite de l'énigme. Je partirai demain à l'aube. Il y a plusieurs jours de marche afin de l'atteindre. Le plus rapide serait de rejoindre la route. Le seul bémol, c'est que ce n'est pas sûr de suivre la route. Des bandits attendent toujours de trouver leur victime. Je pourrai me déplacer plus rapidement à cheval, cependant. Il est hors de question que j'y aille en volant. Je ne peux pas transporter mes affaires sur une si grande distance. Ma décision est prise. Maintenant, je vais tenter de prendre la route avec Storm.

J'observe le feu songeur. Je ne sais pas si je reviendrai un jour. Après avoir passé des années avec mes parents, puis ses derniers mois ici, cet endroit va terriblement me manquer. Que va-t-il devenir ? Une ruine ? J'imagine que le temps aura raison de cette maison. N'étant pas habité, la nature reprendra possession des lieux. Je vais essayer de prendre le maximum de choses. Je pourrai peut-être revendre quelques trucs. Je me sens un peu coupable de me séparer des affaires de mes parents. Mais en même temps, autant qu'elles servent à quelqu'un plutôt qu'elles disparaissent avec la maison. Une partie des deux continuera ainsi à vivre. Je prépare alors plusieurs sacs. J'emporte ce que je peux. Par chance, en fouillant, j'ai trouvé des sacoches à mettre sur la coupe d'un cheval. Une fois tous les paquets prêts, je peux enfin aller me reposer. J'espère qu'il n'arrivera rien pendant le voyage.

Le jour se lève doucement. J'entends le vent souffler entre les arbres. Les privant un peu plus vite de leurs feuilles. Je me lève et attrape un morceau de viande grillée de la veille. Une fois mon repas avalé, j'enfile une cape chaude, puis récupère les différents sacs que je pose à l'entrée. J'observe les lieux une dernière fois. La tristesse emplie mon cœur. Je revoie tous mes souvenirs de ma vie ici. La joie, les rires, les pleurs... Toutes mes émotions de ces moments vécues ressurgissent en moi tel un torrent. Les images défilent et des larmes s'échappent du coin de mes yeux. D'un revers de la main, je me frotte les yeux afin d'essuyer les petites gouttes salées. Il est temps de partir. Les journées sont plus courtes, je n'ai pas le temps de traîner. Je soupis puis me retourne afin de me diriger vers la porte. Je franchi le seuil d'un pas lourd, les sacs entre mes mains. J'appelle mon compagnon mentalement. Un hennissement me répond. Une silhouette noire sort de la forêt au galop. Il est toujours aussi beau. Ses longs crins noirs flottent au vent tandis que ses sabots tapent le sol. Il s'arrête à quelques pas de moi. J'avance de quelques pas afin de réduire la distance qui nous sépare. Ma main vient naturellement se poser sur son front. Je le caresse doucement tout en lui demandant comment il va. Il me répond d'un petit hennissement joyeux. Après quelques minutes de câlins, je dépose les sacoches sur sa croupe en les attachant autour des reims de mon compagnon. Enfin, j'attrape le dernier sac que je balance sur mon dos. Je monte sur une souche d'arbre, puis passe mes jambes par dessus Storm afin de me poser délicatement sur son dos.

Je lance un dernier regard à la petite maison alors que nous nous éloignons en direction de la forêt. Arrête de la regarder, ou tu vas encore fondre en larme. Mon seul regret, c'est que mes parents n'ont pas pu être enterrés ici. C'est du passé, je ne dois pas penser à cela, je ne garderai que de bons souvenirs de cet endroit.

Storm avance d'un bon pas, ce qui nous permet d'arriver après seulement quelques heures à la route. À partir d'ici, nous en avons pour au moins trois jours de marche. On continua notre route une bonne partie de la journée. Nous décidons de nous arrêter seulement lorsque le soleil commence à disparaître à l'horizon. Il fait froid et le vent glacial vient fouetter mon visage. J'aimerais faire un feu, mais cela est peut-être un peu risqué même si nous nous sommes éloignés du chemin. En même temps, je ne veux pas non plus mourir de froid. Je me décide finalement à faire un foyer avec quelques branches ramassées autour de notre bivouac. Les flammes dansent alors dans la nuit, grignotant doucement le bois. Storm broute non loin de là. Je sais qu'il veillera sur moi. Je mange un petit bout avant de m'endormir près du feu, épuisée par cette journée de voyage.

______

Fin du chapitre 13 ! Promis le prochain il y aura enfin un peu d'action 😊 Notre héroïne s'envole vers d'autres aventures ! J'espère que l'histoire vous plaît toujours autant. N'hésitez pas à liker, commenter et partager ! A bientôt ! Alexandra 🦅

L'oiseau de l'OmbreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant